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Kev Adams (Soda, un trop long week-end) : « Si vraiment ça cartonne, on en fera peut-être un troisième, mais ça n’ira pas plus loin »

Marion Olité
Publié le 29/12/2014 à 19:01

La star des ados a décidé de tourner la page Soda, mais en beauté. Alors que les épisodes inédits de la shortcom humoristique sont diffusés tous les week-ends sur W9, la série revient sur sa chaîne d’origine, M6, pour deux primes événementiels. Toutelatele a rencontré le jeune homme aux mille projets à l’occasion de la diffusion du premier téléfilm, Soda, un trop long week-end, ce 29 décembre.

Marion Olité : Comment jugez-vous le résultat de ce premier téléfilm Soda ?

Kev Adams : J’ai été très agréablement surpris. On a eu 18 jours pour réaliser ce premier prime. C’est très peu. En terme de temps, c’est l’équivalent d’un beau court-métrage professionnel. J’ai été très heureux de retrouver l’univers de Soda sur 90 minutes, ses personnages et tout ce qui va avec eux.

Avez-vous été impliqué dans l’écriture de Soda, un trop long week-end ?

Beaucoup moins sur ce prime que d’habitude sur la série. J’étais très occupé au moment de sa préparation. C’était plus compliqué de m’investir, mais je travaille toujours en ping-pong avec Frank Bellocq (co-créateur et scénariste de Soda, ndlr). J’ai lu le scénario du téléfilm avant les autres comédiens. Je lui ai envoyé mes idées. Le but était que ça plaise à toute l’équipe, à commencer par les quatre créateurs de la Bible : Frank, Cyril Cohen, David Soussan et moi. Et ça a été du bonheur dès la première lecture du téléfilm. J’ai beaucoup mis mon grain de sel dans le process de la série pendant trois ans. Là, j’avais envie de leur faire confiance. Et je ne regrette pas du tout.

Cela n’a-t-il pas été compliqué dans l’interprétation de passer d’un personnage avec des scènes courtes de sketch à une version longue ?

Au contraire, c’est jouissif, parce que ce sont des personnages que l’on rêve de faire évoluer depuis trois ans. Ils nous collent à la peau. Adam Fontella, c’est mon double ! Je sais que William Lebghil ressent la même chose avec Slimane. Dans la rue, on nous appelle par nos prénoms de la série. On vit au quotidien avec Soda. C’était un vrai cadeau de nous offrir de faire vivre ces personnages pendant 1h30. Bien sûr, l’exercice est différent, mais je crois que c’était le bon moment pour redonner du souffle à Soda.

Vous avez décidé d’arrêter Soda. N’avez-vous pas envie de créer une suite peut-être plus adulte, pour que votre personnage suive votre évolution ?

Soda traite de la jeunesse. Elle parle d’un moment de vie particulier, de ce gars qui a ses problèmes de jeunes. Quand vous verrez le dernier prime, vous comprendrez vers quoi tout ça voulait mener. On nous a évidemment proposé de poursuivre l’aventure, de les faire vivre dans un studio et étudier à la Fac par exemple. Pour moi, ça ne serait plus les mêmes personnages, donc plus la même série. Soda veut dire ados à l’envers, il ne faut pas l’oublier. Dès lors qu’ils deviennent de jeunes gens, ils ne sont plus des ados. Ça raconte autre chose...

« Jai envie de revenir à la télévision assez rapidement »

Étiez-vous usé par l’image d’adolescent auquel vous renvoyait la série ?

Non, je n’ai jamais eu honte d’être considéré comme l’humoriste des ados. Ça fait cinq ans que je fais ce métier : dans les salles, j’ai eu des gens de 13 ans, 50 ans et même 90 ans ! Et pourtant, à chaque fois que je fais une interview, on me dit « Alors, vous êtes là pour les ados ! ». Contrairement à ce que j’ai pu lire, ça ne m’a jamais gêné d’avoir cette image et j’en suis même fier.

La décision d’arrêter Soda venait-elle uniquement de vous ?

Ça a été discuté avec toute l’équipe, mais ça vient de moi. Une partie de l’équipe aurait aimé continuer, j’en suis sûr. Après, j’ai crée et co-développé Soda avec M6 quand j’avais 17 ans. Je crois que parfois c’est bon de tourner la page. Je leur ai proposé de poursuivre la série sans moi, mais beaucoup de gens, même de l’équipe de Soda, m’ont dit que ça n’avait pas de sens. Et moi, je ne me sens plus à ma place.

Et revenir de façon événementielle avec des primes spéciaux ne vous tente pas ?

Je ne suis pas Joséphine Ange Gardien (rires) ! Je trouve que c’est génial de créer de l’événementiel. On le fait très peu en France, car les chaînes sont frileuses, mais ça se fait beaucoup aux États-Unis. On a deux primes événementiels. Ils sortiront peut-être en DVD ou VOD par la suite. Je ne veux pas qu’on commence à installer un truc avec Soda qui revient tous les premiers lundis du mois. Ces primes sont des célébrations. Si vraiment ça cartonne, je ne vais pas vous mentir : on en fera peut-être un troisième, mais ça n’ira pas plus loin. Je n’ai pas envie que ça devienne un rendez-vous régulier.

Quel souvenir garderez-vous de Soda ?

J’ai tellement de souvenirs. Avec l’équipe, on a passé cinq mois par an ensemble pendant trois ans. Ça a été extrêmement intense. On mettait en boîte beaucoup d’épisodes chaque jour. Soda a été mon école de jeu. J’ai plus appris en trois ans de tournage sur Soda qu’en dix ans de théâtre ! On est sur le terrain, dans le réel. Il faut faire rire les gens tout de suite. On rentre 14 épisodes en une journée. On était toujours pris par le temps et on avait toujours envie de bien faire. C’est comme ça qu’on a tous grandi et évolué. J’ai hâte de tourner ce dernier épisode pour retrouver mes partenaires. À chaque fois, ces retrouvailles sont familiales. On se regardait dans le blanc des yeux au début et quatre ans après, on est la série N°1 de la TNT depuis presque deux ans. Pour nous tous, l’aventure aura été magique, et on en gardera un souvenir impérissable.

Partie 2 > Ses projets, ses fans et ses souvenirs de Soda


Que pouvez-vous dévoiler sur le deuxième prime de Soda ?

Ce sera dans la continuité du premier. On essaie de ne pas faire des trucs trop feuilletonnant pour ne pas exclure les téléspectateurs qui n’auraient pas vu Soda avant, mais malgré tout ce sera la suite du téléfilm « Un trop long week-end ».

De Soda à vos spectacles, comment gérez-vous aujourd’hui cette notoriété ?

Les gens ne m’envoient que du bonheur et de l’amour, donc je le vis très bien. Parfois, je ne peux pas m’attarder et faire des photos ou des bisous avec tout le monde, mais ce n’est que du kiff pour moi. Je prends tout ! Vous savez, j’ai observé beaucoup d’artistes depuis que je suis tout petit. La vie m’a appris que ce ne sont pas des choses qui durent éternellement, alors il vaut mieux en profiter. Et c’est toujours très bienveillant. Bon, parfois ils cassent des voitures, mais ce n’est pas bien méchant (rires).

Sortez-vous seul dans la rue ou accompagné d’un dispositif de sécurité ?

J’ai un garde du corps. Il est là pour calmer les ardeurs qui, parfois, peuvent être trop grandes. Ça m’est déjà arrivé de me faire agripper dans la rue juste pour une photo. Les gens ne se rendent pas compte. C’est l’excitation de la télévision. Ils t’attrapent par le manteau, et tu te dis « Oh là, il y a un truc bizarre qui se passe... » . Donc pour éviter ce genre d’incidents, je ne me balade pas seul.

Cette période de l’adolescence est derrière vous. Avez-vous envie d’explorer d’autres choses maintenant ?

J’ai la chance d’avoir beaucoup de propositions en ce moment, des choses qui ne sont pas du tout pour les ados. J’ai fait beaucoup de choses pour les ados, plus que beaucoup d’artistes, parce que c’était de mon âge. Pendant mes trois premières années de carrière, j’avais entre 17 et 20 ans. J’ai besoin de parler de choses qui me touchent. C’était l’adolescence. Maintenant, je grandis, j’évolue. Je l’ai fait sentir dans mon nouveau spectacle, et dans mes projets ciné qui arrivent. Je ne voyais pas comment faire évoluer Soda dans le bon sens, et donc j’ai préféré arrêter au top. Mieux vaut arrêter au sommet qu’en pleine galère (rires).

« J’en suis aux balbutiements de mes rêves et de mes envies »

Votre parcours est assez impressionnant compte tenu de votre jeune âge. Comment l’analysez-vous ?

J’aime profondément ce métier et j’ai rêvé de le faire très longtemps. J’ai été inspiré par plein de gens : H pour les séries télé avec Jamel Debbouze et Éric & Ramzy, pour les one man show c’était Élie Kakou, Gad Elmaleh, Franck Dubosc... Ils m’ont baigné sur scène tout petit. Dès que j’ai eu la possibilité de faire ce métier, j’ai frappé à toutes les portes. J’ai été tapé chez M6 pour leur dire que je voulais faire une série, puis chez tous les producteurs de France pour leur dire que je voulais faire du cinéma. Ensuite il faut leur prouver ce qu’on vaut, et apporter une vraie valeur ajoutée. J’avais envie de leur proposer quelque chose de novateur, qu’ils ne se disent pas juste : « Cool, c’est le jeune. », mais qu’ils se disent : « Ce mec sera peut-être encore là dans quelques années, parce que c’est un putain de bosseur. » Je bosse comme un fou, pas juste parce qu’il le faut, parce que j’adore ça.

Êtes-vous anxieux de nature ?

Oui, mais je crois que c’est important d’être anxieux. Dès lors qu’on se sent sur un nuage et qu’on pense que ça y est, tout est acquis, c’est fini. Je flippe tous les jours. J’ai l’impression que demain, je vais me réveiller, et qu’on va me dire : « Merci mec, tu nous as bien fait kiffer, mais maintenant il faut laisser ta place ». C’est une anxiété permanente et, en même temps, elle me nourrit et m’aide à donner le meilleur de moi-même, monter sur scène à 20 heures, en réunion de prod à minuit et à tourner le lendemain matin.

Quels sont vos projets à venir ?

Je viens de tourner le film Aladdin. J’ai le rôle principal aux côtés de Michel Blanc, Éric Judor, Audrey Lamy et Jean-Paul Rouve. Il sortira en 2015. J’ai de nombreuses propositions ciné. Il faut que je fasse un peu le tri, que je choisisse vers quoi j’ai envie d’aller. Je vais aussi continuer mes spectacles, avec le « Voilà voilà tour », jusqu’en juin 2015. Je travaille sur une autre série télé, mais qui en est encore au tout début du développement. C’est sûr que j’ai envie de revenir à la télévision assez rapidement. Si le projet se fait, le rôle que j’y tiendrai sera très différent de celui de Soda. J’écris aussi de nombreuses choses : des films pour moi, pour d’autres... J’ai travaillé sur des projets qui devraient se tourner l’année prochaine. J’en suis aux balbutiements de mes rêves et de mes envies. Si j’arrive à tout mettre en place, vous allez en avoir encore pour quelques années de Kev Adams (rires).