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Koh-Lanta, la revanche des héros > Les révélations de Bertrand

Robin Girard-Kromas
Publié le 04/06/2012 à 23:29 Mis à jour le 06/06/2012 à 13:11

Discret tout au long de cette « revanche des héros », Bertrand a été choisi par Claude pour la finale. Candidat autoritaire et meneur sur son précédent Koh-Lanta, peu auraient parié sur lui cette saison. Et pourtant le voici avec 100 000 euros en poche. Bertrand revient sur son aventure sans oublier de parler de ses camarades de jeu, du fameux pacte dévoilé par la presse et de la finale en direct où il a triomphé avec neuf voix sur dix. Rencontre.

Robin Girard-Kromas : Pourquoi avez-vous souhaité prendre votre revanche dans cette nouvelle édition de Koh Lanta ?

Bertrand : Il y a deux choses qui me tenaient à cœur. Déjà, la plongée sous-marine, car pouvoir aller chercher du poisson dans des eaux paradisiaques me donnait envie de repartir. Et puis j’avais été un peu blessé et je n’avais pas trop digéré le côté totalitaire et autoritaire que j’avais eu en 2008. Je souhaitais montrer aux gens que je n’étais pas « que c** » ! (rires) Je ne suis pas un mauvais bougre, peut-être des fois maladroit, mais pas foncièrement méchant. Du coup, cette saison, je pense que j’étais un peu plus « humain ».

Votre premier Koh Lanta avait-t-il forcé le trait sur votre caractère autoritaire ou a-t-il servi de prise de conscience ?

Un peu des deux. Je ne critique pas la production, il n’y a pas d’exagération sans une part de vérité. C’est ce qu’a m’a expliqué Corinne Vaillant la réalisatrice « pour que le téléspectateur puisse avoir une idée rapidement de toi, il faut qu’on grossisse les traits, qu’on les caricature et qu’on les exagère », mais après ce n’est pas inventé. S’ils en sont arrivés à montrer quelqu’un de très autoritaire, c’est que j’ai été très directif, très meneur. Maintenant, admettre que j’étais un leader autoproclamé comme ils ont pu le dire, ce n’était pas vrai. Mais j’ai ma part de responsabilité, notamment pour certains commentaires un peu lourdingue et méchant, c’est le Bertrand un peu con-con qui fonce tête baissée dans le panneau. J’étais naïf et je pensais à l’époque que c’était le meilleur dans toutes les disciplines qui remporterait forcément l’aventure. Mais quand on tombe des poteaux et qu’on est laissé sur le côté à deux doigts de la finale, on se dit qu’on est plus ridicule que n’importe quel aventurier.

En voyant les images, n’avez-vous pas le sentiment d’avoir été un peu trop discret dans ce Koh Lanta ?

C’est ce que certains copains me disent : « En 2008, tu te la ramenais sans cesse et là on ne te voit pas, alors il faudrait qu’il y ait une moyenne ! ». Mais je n’ai pas eu ce sentiment, je me vois déjà trop ! Pour reprendre les mots de Maud, je ne pense pas être « une couille molle » ou en « retrait ». J’ai simplement voulu être plus réfléchi dans mes propos, moins blessant et brut de décoffrage qu’en 2008. Avant de juger, j’essayais d’analyser et de comprendre. Une stratégie comme celle de Maud aurait pu me faire ruer dans les brancards en 2008, je ne la blâme pas ici sur la Revanche, car j’essaye de me mettre à la place de chacun des aventuriers afin de ne pas juger.

Selon vous, pourquoi Maud vous a-t-elle reproché de ne pas agir assez ?

Maud avait l’impression de me connaître. Malheureusement, pour quelqu’un qui a fait une aventure de télé-réalité comme Koh Lanta, je ne comprends pas qu’elle n’ait pas un peu plus de recul sur ce genre d’émission. Elle avait bu tout ce que les images de ma première édition avaient pu transmettre de moi, et elle croyait que dans la vie j’étais vraiment comme ça ! Donc elle a été déçue, d’autant plus quand elle a vu que je n’allais pas prendre sa défense envers et contre tout. Elle s’était dit « le soutien que je pensais avoir de ce mec-là, je ne l’ai pas donc c’est une couille molle ». Je peux le concevoir mais il faut savoir que Maud s’agace très vite ! Rien que ce week-end, lorsqu’elle a vu qu’elle n’avait pas de train pour rentrer chez elle après la finale, elle a fait une crise de nerfs sur le trottoir, il fallait le voir !


Avez-vous compris le comportement des autres ex-jaunes envers Maud après son changement de camp ?

J’étais extrêmement blessé. Depuis le début, certains m’avaient dit « Bertrand, tu ne crois pas que cette épreuve d’immunité, on ferait mieux de la perdre pour se délester de quelqu’un en qui on n’a pas confiance ? ». Leur raisonnement m’avait surpris, car tant que j’étais dans l’équipe, j’étais soudé avec les autres pour aller ensemble au bout. Jusqu’à la réunification, je pensais que j’avais très bien fait de réagir comme ça, qu’on allait mettre en place une stratégie propre : éliminer les candidats de l’équipe adverse les uns après les autres. Ce qui est nul pour le téléspectateur, je le conçois, car il n’y a pas de suspense et nul en terme d’équipe, car on fait sauter des gens qui sont méritants et plus forts que nous, comme Claude, Téheiura ou même Guénaelle. Mais c’était mon objectif.

Avec le recul, regrettez-vous d’avoir envoyé Patricia au casse-pipe ?

Bien sûr ! Quand je pense que j’ai essayé de soutenir Maud pour lui assurer une place à la réunification, de souder l’équipe et qu’après coup elle m’a laissé comme un malpropre et m’a mis sur le même pied que tous les autres jaunes, ça me blesse. Je ne la blâmais pas, mais au fond, j’étais très déçu. Je n’avais pas envie d’en faire des tonnes, mais je savais que mes jours sur l’île étaient comptés à partir de ce moment-là. Donc ça me faisait mal de la voir rigoler, s’épanouir, aller au conseil avec la banane jusqu’aux oreilles.

Comment avez-vous intégré les nouvelles règles du collier d’immunité et du vote noir ?

Je n’y comprenais rien ! (rires) C’était un peu trop stratégique pour moi ! Si j’avais trouvé le collier d’immunité, j’en aurais été malade ! Je n’aurais jamais su quoi en faire : le cacher, le montrer ? Je n’arrive pas à mentir aux gens. Quand, au jeu d’orientation, Coumba et Claude sont revenus sur mes pas et m’ont demandé si j’avais trouvé ma balise, je n’ai pas réussi à leur dire que non.

N’étiez-vous pas un peu trop « gentil » pour une telle aventure, bien que vous l’ayez remporté ?

C’est vrai que j’ai souffert des messes basses, des conversations qui s’éteignent dès que vous vous rapprochez du camp ou quand vous partez à la pêche. C’est blessant, on ne sait pas trop comment le prendre. Mais bon, c’est le jeu, il ne faut pas être trop naïf non plus. C’est un drôle de cocktail pour arriver au bout : il ne faut pas faire peur aux gens, pas être trop directif et pas trop stratège. C’est une alchimie qui se créée entre vous et les autres aventuriers : ça passe ou ça casse !

Vous avez obtenu neuf votes sur dix en finale. Pensiez-vous à un tel plébiscite ?

Pas vraiment. Au Cambodge, face au jury, je ne m’étais pas imaginé que le score serait si sévère pour Claude. Maintenant, je savais bien que j’avais mené mon aventure droitement et dans le respect d’autrui. Remporter Koh Lanta aussi largement, c’était une satisfaction, mais aussi une douleur pour Claude, car c’est un bon mec et un bon aventurier, même s’il était stratège.


Claude a regretté dans une interview qu’on lui fasse « porter le chapeau ». Qu’en pensez-vous ?

Je pense que oui. J’avais vécu la même chose en 2008. On m’avait dit que je choisissais seul les personnes à éliminer et que les autres exécutaient, ce qui était faux. La production, quand elle doit faire ses montages, elle essaye de comprendre ce qui se passe, mais dès fois elle est un peu à côté de la plaque. Mais ils ne peuvent pas tout savoir non plus, tous les gens n’ont pas le même discours face et hors caméra.

Que se passe-t-il hors caméra ?

Il y a des candidats qui ont d’autres discours. Devant la caméra, certains vont essayer de paraître moins stratège qu’ils le sont réellement. Mais je ne veux pas créer de polémique en citant de noms. Sinon, sur le tournage, Moussa n’était pas non plus tout le temps sur le dos de Maud. Sur le camp, c’était beaucoup plus bon enfant. Quand il a dit « Vengez-moi », il venait de faire l’éloge de Maud juste avant, même s’il souhaitait son élimination. Tout était avec de l’humour, du second degré. On l’accepte très bien quand Guénaelle fait de l’humour à la c** avec nos familles, même si je ne lui en veux pas.

Quelle a été votre plus belle rencontre sur cette aventure ?

Je pense à Téheiura, une rencontre magnifique, Claude, Patricia et tant d’autres. J’ai adoré Claude alors que je l’avais perçu comme stratège et manipulateur pendant sa saison. Sur l’île, il était adorable, il allait en permanence vers les autres, toujours dans la déconne et la dérision, et ça c’est du pur bonheur !

Au contraire, qui vous a déçu ?

Je ne souhaite pas donner de nom, mais j’ai eu une grosse déception. Je l’avais rencontrée une fois dans la vie et je pensais que ça allait être une alliée de choix, car elle était simple, vraie et authentique. Pas dans la démonstration, presque réservée. Mais sur le camp, c’est cette même personne qui m’en a mis plein la gue*** par stratégie et a essayé par la suite de me faire passer pour un mec qui avait fait des accords avant le jeu. Mais c’est de l’histoire ancienne et je ne veux pas que cela entache ma victoire.

Avez-vous gardé contact avec les autres candidats ?

Bien sûr, et ce sera un plaisir de les revoir de nombreuses fois dans le futur. Malheureusement, en septembre, je ne pourrais pas aller au rassemblement annuel, car je serai déjà muté en Guyane, mais d’autres rendez-vous auront sûrement lieu. Par ailleurs, après la finale, nous sommes tous allés ensemble en boite de nuit. C’est un plaisir de partager d’autres moments dans un contexte différent. Après une aventure comme celle-ci, c’est comme si nous étions marqués au fer rouge et on fait partie d’une grande famille.

Selon vous, d’où sont venues les accusations du supposé pacte financier entre Claude, Coumba, Patrick et vous ?

Je pense qu’une personne éliminée a lancé ces rumeurs par frustration, par rancœur de ne pas avoir été plus loin et de ne pas faire partie des deux finalistes. Face caméra, il y a des gens qui sont très souriants et très bons joueurs, mais qui sont loin de l’être en réalité.


Dans l’hypothèse où le pacte évoqué par la presse n’existerait pas, comment expliquez-vous que les rouges aient préféré éliminer Wafa, moins dangereuse, plutôt que vous ?

Mais parce que je ramenais à manger ! (rires) Personne n’est indispensable, Claude et Patrick participaient aussi beaucoup, mais une seule personne ne peut pas rester dans l’eau 10 heures par jour. Il faut qu’il y ait un roulement. Et pour nourrir dix personnes, il faut que celui-ci soit incessant ! Le harpon, on le faisait chauffer de 10 heures du matin à 19 heures ! Donc on garde les gens utiles. Et en plus, on tisse des liens d’amitié avec ceux qui ont des passions communes comme la mer, la chasse sous-marine, les sports extrêmes. Je pense que c’est pour ça que j’ai eu la chance de rester plus longtemps que Wafa et Moussa.

Pourquoi Claude, habituellement très stratège, vous aurait choisi pour l’affronter en finale si le fameux « pacte » n’existait pas ?

Plus le jeu avançait, plus on s’appréciait avec Claude. Il y avait un respect mutuel grandissant et je pense qu’il s’est surtout dit « Punaise, Maud va gagner Koh Lanta ! » (rires). Selon moi, il se disait que la finale serait plus belle entre deux mecs méritants, qui ont prouvé leur efficacité sur le camp comme sur les épreuves, plutôt qu’avec quelqu’un qui est restée assise à soigner sa cheville endolorie, quelle que soit sa force mentale. Maintenant, c’est vrai que l’attitude de Claude a été très chevaleresque et je comprends que certains puissent s’interroger.

De nombreuses tensions semblent exister entre les différents candidats et certains n’hésitent pas à tirer à boulets rouges sur d’autres lors des interviews. Comment expliquez-vous cela ?

Claude est un ami et je ne veux pas lui jeter la pierre, mais je me demande s’il n’a pas abordé cette aventure avec de nombreux alliés. Est-ce qu’il n’avait pas prévu ou dit à Wafa qu’ils allaient aller loin ensemble, à moi, à Moussa, à Patrick, à Nicolas, à Téheiura... Il y a tellement de gens qui ont été déçus de ne pas avoir été défendus par Claude sur le jeu, c’est qu’il y a peut-être quelque chose. Pendant l’aventure, il y a aussi peut-être eu des doubles alliances... Sur des « Retours », beaucoup de personnes se connaissent et la réunification fait peur, car on craint la formation de petits groupes ou de duos. Par exemple, l’élimination d’Isabelle au début, c’est parce que les gens avaient trop peur qu’elle puisse retrouver Patrick par la suite.

Qu’allez-vous faire de vos 100 000 euros de gain ?

J’aimerais m’acheter un 4x4 pour arpenter les pistes et la jungle de la Guyane ainsi qu’un petit bateau adapté au fleuve du coin pour aller guetter le piranha et enfin un petit point de repli douillet pour accueillir les copains et la famille dans ce beau paysage.

Seriez-vous tenté de repartir pour un Koh Lanta : le retour des gagnants ?

Non, mon aventure a été tellement belle, les appréciations de mes camarades tellement touchantes, que je n’ai pas envie de refaire Koh Lanta. Il faut savoir s’arrêter un jour ou l’autre !