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La Petite maison dans la prairie > Alison Arngrim

Tony Cotte
Publié le 29/03/2008 à 15:22 Mis à jour le 31/03/2011 à 17:03

Pendant des années, des millions de téléspectateurs l’ont détestée. Plusieurs décennies après la fin de La petite maison dans la prairie, le personnage de Nellie Oleson reste à jamais comme l’un des personnages de fictions les plus méchants. Aujourd’hui, Alison Arngrim, son interprète, s’en amuse. Entre deux représentations du spectacle Confessions d’une garce de la prairie et depuis Monaco, dans le cadre du Festival de Télévision, l’actrice revient sur ce rôle qu’elle considère comme « la meilleure chose qui [lui soit] arrivée dans la vie ».

Tony Cotte : Dans de nombreux sondages, vous apparaissez comme « la plus grande garce dans l’histoire de la télévision »...

Alison Arngrim : ... et j’en suis très fière ! Je ne vois pas comment je pourrais être plus heureuse de me placer devant Nicolette Sheridan (rires). À Hollywood, on a souvent tendance à étiqueter les acteurs. Depuis l’arrêt de La Petite Maison dans la Prairie, on ne m’a proposé que des rôles de garces.

Tony Cotte : À défaut d’être un tremplin, Nellie Oleson n’a-t-elle pas été finalement un frein ?

Alison Arngrim : Aujourd’hui, les propositions ont tendance à changer, mais je m’amuse plus en interprétant une méchante. Je ne sais pas vraiment où j’ai envie d’aller, je n’ai plus de plan de carrière cinématographique depuis longtemps. Quand j’avais 20 ans, je luttais contre Nellie, je voulais incarner une multitude de personnages différents et avoir une image glamour. Avec l’âge, j’ai compris que ce rôle a été la meilleure chose qui me soit arrivée dans la vie.

Tony Cotte : Vous étiez sur les planches du Théâtre Déjazet à Paris en 2007 pour présenter votre spectacle Confessions d’une garce de la prairie. Quel bilan en tirez-vous ?

Alison Arngrim : Ça a été une très bonne expérience et un challenge de taille. Parler dans une langue qui n’est pas la vôtre et tenir tout un spectacle n’est pas une chose aisée. À la base, c’est un show que je joue depuis plusieurs années outre-Atlantique. Nous avons décidé de le traduire entièrement et de l’adapter avec des références culturelles françaises.

Tony Cotte : Et y a-t-il eu une différence entre l’accueil du public français et américain ?

Alison Arngrim : Les applaudissements sont différents. Aux États-Unis, le public est plutôt désordonné. Les Français, eux, savent taper dans les mains à l’unisson (rires).

Tony Cotte : Certains anciens acteurs passent par la télé-réalité pour se refaire une santé médiatique. Y avez-vous songé ?

Alison Arngrim : Pas vraiment. Certaines émissions sont vraiment horribles à l’instar de The Surreal Life (Un dérivé de Loft Story où des has been, officiellement nommés ainsi, sont enfermés ensemble pendant deux semaines, ndlr). Je ne regarde pas beaucoup de télé-réalité, mais j’aime bien Celebrity Paranormal Project où un groupe de célébrités se rend dans un lieu hanté sur les traces de fantômes. Ça ne me dérangerait pas de le faire, c’est vraiment marrant. En revanche, je refuse de participer à des émissions dont le but premier est d’humilier les gens. Je préfère des programmes destinés à améliorer la vie d’autrui comme dans Extreme Makeover : Home Edition (Les maçons du cœur, ndlr).


Tony Cotte : La petite maison dans la prairie aurait été la première série écrite et réalisée par des mormons. Pensez-vous que vous ayez pu véhiculer, par ce biais, un grand nombre de valeurs à travers le monde entier ?

Alison Arngrim  : Ce sont des rumeurs ! Michael Landon (interprète de Charles Ingalls, ndlr) a été producteur et scénariste pour la série et il est juif à l’instar de Melissa Gilbert (interprète de Laura Ingalls, ndlr). Si la série avait été réellement écrite par des mormons, l’intrigue se déroulerait dans l’Utah et non dans le Minnesota (rires).

Tony Cotte : Vous avez été une enfant star dans les années 70. Quel regard portez-vous sur vos successeurs au fil des décennies ?

Alison Arngrim : Aucun acteur de La petite maison dans la prairie n’est passé par la case prison. Pour un enfant, un tournage peut être éprouvant, il y a beaucoup de tensions. Certaines jeunes célébrités se font même escroquer par leurs propres parents ! C’est difficile de grandir dans ces conditions. La petite maison dans la prairie est l’une des rares séries où une éthique professionnelle était respectée. Michael Landon et toute l’équipe étaient à l’écoute des acteurs. Sortir sans culottes comme Paris Hilton ou Britney Spears était absolument inimaginable à l’époque, moi je porte des sous-vêtements tous les jours (rires).

Tony Cotte : En 2006 vous avez tourné sous la houlette de Jean-Pierre Mocky dans Le Deal. Aviez-vous conscience de son image subversive ?

Alison Arngrim : Tout le monde m’avait prévenu : cet homme est un fou. Quand je l’ai rencontré sur le plateau de La Méthode Cauet, j’ai trouvé que c’était un homme honnête et drôle. Sur le tournage, il m’a prise sous son aile.

La critique de Libération vous considère comme « la plus grande surprise » du film. Ce genre de commentaires vous encourage t-il à continuer une carrière cinématographique ?

Alisa Arngrim : Ça me motive. J’ai été vraiment surprise des critiques. À vrai dire, j’appréhendais l’accueil du public. Voir une américaine parler un français approximatif n’est pas forcément évident, a fortiori dans un film d’un réalisateur aussi controversé que Jean-Pierre Mocky.

Tony Cotte : Même s’il n’y a aucun lien, à part une référence dans le titre, avez-vous déjà regardé La petite Mosquée dans la prairie ?

Alison Arngrim : (excitée) Ma famille qui vit au Canada n’a pas arrêté de m’envoyer des mails pour que je regarde ! Je ne suis pas certaine qu’une telle série soit possible aux États-Unis. Les relations avec le Moyen-Orient restent un sujet sensible. Dans les années 60, nous étions d’ailleurs plus libres. La petite maison dans la prairie a déjà traité des tensions raciales sur le continent Américain. Je trouve dommage que cela soit si rare à notre époque.