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La saga 2007 > Les Guerrières du Prime Time (2/7)

Joseph Agostini
Publié le 22/07/2007 à 00:26 Mis à jour le 28/07/2007 à 22:39

Cinq ans après la première saga de l’été, qui racontait l’histoire de la télévision des années 80 à nos jours, Joseph Agostini revient sur ces cinq dernières années cathodiques, entre guerres d’audience et nouvelles tendances.

Finies les maussades années 90 où la femme n’était que la potiche de l’homme à la télévision... Mesdames, Mesdemoiselles, ce temps est bien révolu, sauf si vous vous appelez Victoria et que votre rêve a toujours été de tourner les lettres de La roue de la fortune. Les années 2002/2007 ont été marquées, à la télévision, par la montée en puissance du sexe faible, qui n’a plus de faible que le nom ! C’est à croire qu’il n’y en a que pour elles et que les hommes seront bientôt les potiches d’émissions entièrement concoctées par les femmes.
Dans le domaine des paillettes et du show, les messieurs ont perdu leur longueur d’avance. Simone Garnier, écrasée par les mastodontes d’Intervilles, Guy Lux et Léon Zitrone, a laissé place à des guerrières, résolues à ne pas se laisser manger leur temps d’antenne et capables de montrer les dents, dans un divin sourire. A TF1, en 1999, aucune animatrice n’avait encore présenté, en solo, d’émissions de variétés en prime time ! Il fallait s’appeler Jean-Pierre, Patrick ou Michel pour avoir accès à l’arène.

Au terme de très longs pourparlers, c’est Daniela Lumbroso qui, la première, a fini par prendre le taureau par les cornes, en remplaçant au pied levé Jean-Pierre Foucault lors de soirées spéciales, le samedi soir. Derrière la candeur rieuse et la petite voix de Mademoiselle Lumbroso, se cacherait-il donc une combattante sans peur ni reproche ? Ces dix dernières années, elle est certainement l’animatrice qui a présenté le plus d’émissions de prime time, toutes chaînes confondues, de La fête de la musique à La chanson numéro un en passant par La fête de la chanson française, qu’elle produit également sur France 2. Aujourd’hui, cela semble banal de voir une femme présenter un show en direct et en public. Il n’y a pourtant pas si longtemps, cela aurait été purement et simplement impossible à la télévision française ! Une femme à 20h50 dans une émission de variétés ? « Aucune d’entre elles n’en serait capable » pensaient tout bas les décideurs, qui ne tentaient même pas l’expérience, comme s’ils craignaient une malédiction !

Si Daniela Lumbroso a ouvert la voie, Flavie Flament s’y est volontiers engouffrée, l’air de rien et le sourire bien accroché à ses deux oreilles. La recrue de TF1 n’avait pas trente ans quand, fraîchement arrivée de M6, elle a animé son premier prime time, Tubes d’un jour, tubes de toujours, en 2001. Sont rapidement venus Stars à domicile, Nice People ou, plus récemment Podium et Sagas. La jeune femme, dont la relation avec Benjamin Castaldi a fait les gorges chaudes des magazines people, est l’incarnation de la blonde légère et mutine dont la chaîne commerciale rêvait pour ses premières parties de soirée. Flavie Flament... Son nom fond dans la bouche et sonne comme une chanson d’été... De quoi rendre jalouses les Olivia Adriaco, Sophie Coste et Sophie Favier, qui n’ont pas droit à tant d’égards de la part de la chaîne. Mais, dans l’Olympe audiovisuel, le vent tourne et emporte les gloires éphémères dans les régions les plus reculées des grilles de programmes, au moindre faux pas.

D’ailleurs, la mode Flavie est-elle déjà dépassée ? Une brise légère, sensuelle et enivrante est récemment arrivée de Belgique. De quoi rendre fous d’amour les dirigeants de M6. Le nom de ce mistral gagnant ? Virginie Efira. Tous les regards masculins sont désormais tournés vers elle et détectent le moindre plissement de ses jupes. Ses rivales, elles, guettent plutôt le vacillement d’audience... Pour Virginie aussi, Benjamin Castaldi a beaucoup compté, mais d’une manière très différente que pour Flavie, qui déclare aux journalistes, « rêver d’ouvrir une crêperie en Bretagne » pour fuir l’insupportable pression médiatique...


En 2006, lorsque Benji a quitté l’aventure Nouvelle star, c’est à Virginie Efira que la chaîne pense pour lui succéder. Les scores de l’émission ont été là pour confirmer l’évidence : la belle est une bête de scène et une bombe qui se désamorce toute seule en prime time. Flavie n’a qu’à bien se tenir si elle compte retarder de quelques années l’ouverture de sa crêperie. Dans l’univers sans pitié de la télévision, une descente aux enfers est si vite arrivée. Une des plus célèbres citoyennes cathodiques en a fait les frais d’une manière outrageante pour certains, parfaitement juste pour d’autres.

En 2002, Evelyne Thomas rimait avec chapeau bas. La star de C’est mon choix sur France 3 a même été élue Marianne de la République, en 2004 ! Les spéciales de C’est mon choix et autres émissions humanitaires (dont Pour Laurette, dédiée à la lutte contre la leucémie, reste la plus célèbre) avaient hissé Evelyne au rang des madones du prime time. Mais la fable de Jean de La fontaine, « La grenouille et le bœuf », a trouvé sa réalité dans la mésaventure d’Evelyne Thomas sur TF1. A force de vouloir s’élever dans les cieux de l’audience, la jeune femme a bien dû se résoudre à une dégringolade sans précédent : les téléspectateurs ne l’ont pas suivie d’une chaîne à l’autre ! Résultat : le magazine qu’elle produisait et animait, C’était mieux avant, n’a connu qu’un seul numéro, en mars 2005, avant de descendre dans les oubliettes de TF1, sans le moindre espoir de revenir un jour. Evelyne, elle, n’a plus jamais présenté d’émissions sur une chaîne hertzienne, passant du statut de « star » à celui d’ « indésirable » en deux coups de cuillère à pot.

Les tribulations d’Evelyne Thomas... Un conte qui a de quoi faire trembler de peur Virginie Guilhaume, nouvelle tête de France 2, Alessandra Sublet, que l’on voit régulièrement sur M6 en première partie de soirée, ou bien encore Carole Rousseau, qui montre son minois à 20h50 sur TF1 de temps à autre... Mais telle est l’intransigeante loi de l’audience, encore plus implacable dans un créneau aussi stratégique que le prime time ! Sur l’autel de la seule idole que l’on ne peut pas briser, l’audience, hommes et femmes sont à la même enseigne.