Toutelatele

Le Panthéon cathodique (2/2)

Joseph Agostini
Publié le 03/08/2002 à 00:00

En tous les cas, Thierry Ardisson ne joue pas sur le
même terrain que la pimpante Daniela. Lui se taille la
part du lion dans la télévision d’avant garde, à la
lisière du show à l’américaine et du magazine
d’information. Tout le monde en parle, son émission phare, arrive en prime time à la rentrée, et Ardisson a la ferme intention de révolutionner le genre
« Divertissement », en bousculant l’aspect consensuel
d’un Michel Drucker.

Son ennemi juré, Marc-Olivier Fogiel, est encore trop « vierge » pour prétendre intégrer le club des intangibles, mais le succès de son impertinence fielleuse pourrait le mener droit à la relève d’Ardisson...

En revanche, Bernard Pivot n’est ni un Drucker en
puissance ni un Ardisson refoulé. "Parce que c’est à
22h30, parce que c’est Pivot, la 2 accepte de faire
une exception", expliquait-il aux journalistes qui le
questionnaient sur la longévité de Bouillon de
culture
. L’homme d’Apostrophes, l’émission
littéraire la plus célèbre de l’histoire de la
télévision française (diffusée dans les années 80 sur
A2) représentait sans doute "la concession de bon
ton" que la chaîne souhaitait faire au nom de sa
mission de service public.

Il n’en demeure pas moins que Bernard Pivot est le seul et unique journaliste qui, à ce jour, soit parvenu à imposer un programme littéraire à une heure à peu près décente. Après l’arrêt volontaire de Bouillon de culture, l’année passée, Pivot est revenu sur les écrans de France 2 en janvier avec Double je, une émission « pluriculturelle », le dimanche en deuxième partie de soirée après le film.

Quant aux indétrônables Henri Chambon (Reportages, sur TF1, le samedi à 13h20), Charles Villeneuve (Le droit de savoir), Arlette
Chabot et Alain Duhamel (les émissions politiques de
France 2), Thierry Roland (déjà commentateur sportif
du temps de l’ORTF !) et Jean-Michel Larqué ou encore
Eve Ruggieri, ils appartiennent aussi à la lucarne
magique depuis des lustres !

Et que dire de Pascal Sevran, cet admirable garçon
coiffeur, Prix Roger Nimier 1979 pour son roman "Vichy
Dancing" ? Son émission La chance aux chansons, de
1982 à 1990 sur TF1, a poursuivi sa course sur France
2 de 1991 à 2001. Dix-huit ans d’antenne pour cet
ancien parolier de Dalida, qui a, comme cette
dernière, atteint les sommets du kitsch avec une
fougue proprement insolente ! Que dire donc de Sevran,
aujourd’hui détenteur de la case du midi dominical et
digne successeur de Jacques Martin ? Rien, si ce n’est
qu’il fait lui aussi partie du panthéon cathodique.

Lire la Première partie du Panthéon Cathodique