Toutelatele

Les 12 coups de midi : Paul porté par TF1 pour détrôner Christian Quesada ?

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 22/07/2019 à 15:47

Moins de trois semaines après l’élimination de Benoit qui venait d’échouer pour une victoire au pied du podium des plus grands champions des 12 coups de midi, un jeune étudiant prénommé Paul et atteint du syndrome d’Asperger a pris le pouvoir. C’était le 29 avril dernier.

Depuis, le jeune homme ne daigne toujours pas abandonner le totem réservé au maître de midi. En 85 participations, le candidat bénéficie d’une cagnotte de 358 717 euros, bien aidé par ses 35 coups de maître et la découverte de trois étoiles mystérieuses. Désormais, « Tata Véro » aperçoit Paul dans son rétroviseur. Encore sur les tournages, le jeune homme va passer la seconde d’ici une quinzaine de jours. Un candidat seul va bientôt se dresser sur sa route.

Christian Quesada, « no se queda »

À l’écran, la prise de pouvoir du maître de midi est intervenue seulement un mois après l’éclatement de l’affaire Christian Quesada, le recordman du jeu incarcéré pour corruption de mineurs et détention d’images pédopornographiques. Une « nouvelle dévastatrice » pour Jean-Luc Reichmann, le chef d’orchestre de l’émission, qui évoquait un « sentiment d’horreur, de dégoût et de colère ».

TF1 et Endemol ont accusé le coup. Toutes les vidéos mettant en scène « Le professeur » ont été effacées des plateformes officielles. Le 11 juillet, un prime a été enregistré en présence d’une trentaine de champions ayant marqué l’histoire du jeu, naturellement sans Christian Quesada. La production va-t-elle en profiter pour effacer des tablettes leur ancienne tête de gondole dont le règne au jeu le plus populaire de France est devenu une ignominie ?

Il y a quelques jours, une polémique est née après la validation hasardeuse d’une réponse apportée par le jeune champion actuellement en place. Les téléspectateurs auront remarqué que l’arbitrage a été plus pointilleux par un récent passé. Quoi qu’il en soit, il a effacé de ses tablettes 255 adversaires tout en enchaînant les émissions lors de journées de tournage interminables et en dépit de sa « grande fatigue », comme il l’a révélé lors d’une interview accordée à Télé Loisirs.

Un planning sur mesure pour Paul

Dans celle-ci, Jean-Luc Reichmann reconnait que le rythme de tournage est aménagé : « On prend un peu plus de temps entre les émissions » a-t-il expliqué. Il est donc important pour la chaîne de préserver la santé du candidat tout en espérant secrètement que son aventure se prolonge au maximum. En plus d’un capital sympathie qui saute aux yeux, le parcours de Paul permet à TF1 d’enchaîner des records d’audience bien aidée aussi par les absences répétées de Tout le monde veut prendre sa place au profit du cyclisme.

Ce phénomène se répète souvent dans les jeux « à champion » que sont aussi ceux animés au quotidien par Nagui. Un champion est source d’audience. Si les parcours marathoniens des candidats de Tout le monde veut prendre sa place n’ont rien de surréaliste, la formule offrant un panel d’avantages à l’occupant du fauteuil rouge, ceux du jeu rival devraient représenter des denrées rares. Un champion sortant a théoriquement 25% de chance de conserver son trophée. Or, depuis la création du jeu en 2010, dix-neuf candidats ont atteint la barre des 40 victoires. Les 30 plus grands champions de l’histoire cumulent 1776 émissions parmi les 3301 diffusées à ce jour du 22 juillet 2019, ce qui fait que 30 candidats ont été présents à 54% des émissions tournées depuis le lancement du jeu.

Comment expliquer de telles statistiques ? Bon nombre de téléspectateurs complotistes hurlent au favoritisme, comme lors de la dernière polémique évoquée ci-dessus. L’épreuve des duels est souvent sujette à discussions. Tantôt, les questions sont à la portée d’un enfant de huit ans, tantôt elles referment une mine qui fait automatiquement sauter le candidat défié par son adversaire passé au rouge. Aussi, le niveau général des concurrents d’un champion installé est décrié. Les candidats retenus lors des castings ne sont pas amenés à tourner chronologiquement. La production définit minutieusement l’ordre de passage. Il faut déjà que les deux sexes soient représentés à l’antenne. Un questionnaire de culture générale étant soumis à l’ensemble des candidats, il est facile de prévoir de la dangerosité, du potentiel d’un participant face à un maître de midi qui enchaîne les grosses performances.

Paul est-il son propre adversaire ?

À minima, les 35 plus grands champions de l’histoire des 12 coups de midi sont parvenus à soigneusement s’éviter et ont été éliminés par un candidat resté moins de trois semaines dans le jeu. Au contraire, dans Tout le monde veut prendre sa place, Enzo, cinquième au général, a été éliminé le 14 septembre 2017 par Lionel, lui même battu après 74 victoires et actuellement neuvième au palmarès.

L’hypothèse de voir, fin octobre, Paul dépasser Christian Quesada n’a plus rien d’utopique. Le candidat a été rarement inquiété en demi-finale, représentée par l’épreuve du coup fatal. La concurrence apparaît comme faible et le principal adversaire de l’étudiant semble surtout être lui-même et la gestion de sa fatigue. Un défaut de concentration avait coûté à Benoît sa place sur une question pourtant anodine.

Pour Endemol et TF1, un passage de témoin entre Christian Quesada, « le truand », et Paul, « Le bon » ferait bon ménage pour le divertissement qui est « une brute » d’audience depuis près d’une décennie. Ce rouleau de printemps médiatique venu frapper l’image des 12 coups de midi ne serait plus qu’une petite tempête ayant inondé la pause ensoleillée du déjeuner de millions de Français qui ont admiré ou détesté celui qui les a accompagnés durant 193 émissions. La relève est prête, l’ancien champion de Jean-Luc Reichmann est désormais au fond du trou et TF1 entend bien l’envoyer aux oubliettes.