Toutelatele

Louis Lanher, le « Fils du patron »

Emilie Lopez
Publié le 24/04/2008 à 15:36 Mis à jour le 14/03/2010 à 20:42

« Je dis tout le contraire de ce que je voudrais dire ». En quelques mots, Louis Lanher sait parfaitement se résumer ! Alors que son nouveau livre, Ma vie avec Louis Lanher est disponible dans les librairies, « Le fils du patron » revient, pour Toutelatele.com, sur son parcours atypique, avec cet humour acide qui fait sa gloire tous les matins sur M6. Interview décalée d’un écrivain de talent...

Emilie Lopez : Pour les profanes et les lève-tôt, vous êtes avant tout le « fils du patron » du Morning de M6. Comment vous êtes-vous retrouvé aux côtés de Pierre Mathieu, Magloire et consorts ?

Louis Lanher : Un ami qui travaille sur M6 m’a informé d’un casting de chroniqueurs en début de saison. Depuis plusieurs années je bossais sur Radio Nova et i>télé, où je faisais des chroniques littéraires hebdomadaires. J’étais à la recherche d’un poste plus fixe et il y a eu ce casting...

Comment est venue l’idée du personnage du « Fils du patron » ?

Avant de travailler à la télévision, j’ai été avocat pendant deux ans, et j’en ai gardé un goût certain pour les costumes / cravates. Je me suis donc pointé au casting dans cette tenue, j’ai parlé de manière un peu pédante et protocolaire. C’est comme ça que j’imaginais le personnage : avec ce décalage entre sa tenue sérieuse, et le fait que ce type raconte n’importe quoi ! Et ça leur a plu...

Avocat, chroniqueur télévision, écrivain, vous êtes un véritable touche-à-tout !

J’en parle beaucoup avec mon psy, je ne sais pas très bien où je vais (rires). Jouer le « fils du patron » sur le Morning est un exercice pour lequel je n’étais pas trop habitué, parce que c’est plus du sketch, alors qu’à la base, je suis chroniqueur...

La reconversion n’a-t-elle pas été difficile ?

En réalité j’ai un peu retrouvé mes amours de jeunesse, à 15 ans j’avais fait du one man show. Mais ma carrière s’est arrêtée très vite... disons à 15 ans et demi (rires). J’ai repéré dans le Pariscope un café théâtre qui faisait un banc d’essai des jeunes talents tous les mardis. Je m’étais auto-proclamé « le nouveau Coluche », donc j’y ai participé. J’avais préparé un spectacle d’une heure, et comme j’étais très stressé et très tendu, ça ne m’a pris que 35 minutes ! Puis, j’ai arrêté. Le Morning marque ainsi mon grand retour aux sketchs, 15 ans plus tard.

Remonter sur scène serait une option pour l’avenir ?

Être seul sur une scène, c’est, pour moi, l’exercice le plus difficile. Au vu du stress et de l’émotion que cela procure, je ne pourrais pas y arriver. L’avantage d’écrire des livres : c’est un exercice à froid où on peut se relire et se corriger. Sur scène, c’est plus compliqué.

Votre nouveau livre, Ma vie avec Louis Lanher, est disponible depuis quelques mois. Les premières nouvelles de ce recueil traitent du monde de la télévision, que vous décrivez de manière plutôt péjorative...

En fait, j’essaye de montrer que ce sont des métiers où l’on est un peu perdu, parce que cela repose sur pas grand-chose. Il n’y a pas de diplôme pré-établi pour faire chroniqueurs télé. C’est un peu comme les comédiens... Parfois j’ai cette sensation de « flou artistique » du métier... Quand j’étais avocat, c’était plus carré ! (rires)

Le monde que vous décrivez est-il proche de la réalité ?

C’est plus proche du fantasme que l’on peut avoir de cet univers que de la réalité. Maintenant je suis un peu à l’intérieur, et cela ressemble, en fait, à un boulot comme un autre...


Faire un livre sur la télévision est en quelque sorte dans l’air du temps...

Ecrire sur la télé, dans le milieu de l’édition, c’est un peu « sale ». Les gens se disent : « il écrit sur la télé pour y passer ». L’écrivain est alors vu comme un arriviste. Alors qu’il faut reconnaître que la télé occupe une grande partie du quotidien et il est difficile d’en faire l’impasse...

Si vos premières nouvelles semblent particulièrement cyniques, le reste de votre recueil est quelque peu « trash » !

Ma grand-mère m’a dit qu’elle aimait bien les deux premiers tiers, mais pas le dernier ! (rires) J’ai essayé d’y ajouter tout ce qui est un peu interdit d’écrire dans un livre. Ce qui m’agace, ce sont ces sujets obligatoires dans les ouvrages. Par exemple, il faut qu’il y ait un personnage principal féminin très identifiant. C’est pour ça que j’ai écrit une nouvelle totalement misogyne !

Vous vous étendez également beaucoup sur la place des prostituées dans « votre » vie...

Je regrette la période Happy days, où dans les feuilletons grand public, il était bien vu de rouler des pelles à tout le monde. Maintenant, c’est le culte de l’amour, du couple, même pour les plus jeunes ! Les personnages qui ont des relations avec pleins de filles sont devenus des sales types, ils n’ont plus le beau rôle ! J’ai voulu faire l’inverse : Ecrire que je couche avec des prostituées, que je suis complètement macho... Et j’aurais pu écrire une nouvelle disant que j’adore Georges Bush, puisque ce n’est pas bien de l’adorer ! (rires)

Un autre élément ressort de votre recueil : votre passion pour les documentaires animaliers...

(rires) C’est vrai que j’en ai vu beaucoup. Le statut de pigiste fait qu’il y a des hauts et des bas dans la vie professionnelle. Donc il y a de longue période où j’ai eu du temps à consacrer aux documentaires animaliers et c’est là que je me suis découvert une passion pour les pandas (rires). Je me sens assez proche de cet animal paresseux, qui a beaucoup de mal à se motiver sexuellement, qui mange n’importe quoi toute la journée... Je passais mes soirées devant ça, ainsi que Planet No Limit, avec les documentaires un peu chauds, comme « le ranch du lapin coquin », les coulisses des films pornos, etc... (rires)

C’est une passion assez ... étonnante !

En réalité, plus je regarde, et plus je me dis que je voudrais qu’on retrouve un peu tous notre part animale. Je pense que l’on nous a tous forcés à être monogame, alors que si on regarde les documentaires animaliers, à part la baleine et le ouistiti, aucun mammifère terrestre n’est monogame. C’est une grande escroquerie cette histoire !

Votre recueil est en librairie, vous avez repris l’enregistrement du Morning... Avez-vous d’autres projets ?

J’ai déjà rendu un manuscrit à mon éditeur. Côté télé, je ne sais pas trop. J’aime bien tout ce qui est à mi chemin entre la chronique et le sketch. Par exemple, l’émission d’Edouard Baer sur Paris Première, qui s’appelait Secrets de femme, c’est le genre de trucs vers lesquels je tendrais : il y a du fond, de la culture, avec en même temps une bonne grosse ambiance de n’importe quoi ! Ça, ce serait vraiment mon idéal...