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Lucie Fagedet (SKAM, saison 7) : « Tiffany est un personnage qu’on adore détester ! »

Thibault Urrea
Publié le 04/03/2021 à 19:11

France TV Slash propose sur sa plateforme la saison 7 de sa série phénomène SKAM. A 20 ans, Lucie Fagedet interprète Tiffany, le personnage principal, apprenant son déni de grossesse. Rencontre.

Thibault Urrea : Comment définiriez-vous votre personnage de Tiffany dans cette 7e saison de SKAM ?

Lucie Fagedet : Il a été important pour moi d’arriver à déconstruire tout ce que le personnage était en saison 6. J’avais un plus petit rôle et j’étais « la méchante de la saison ». Il fallait que j’arrive à créer de l’empathie pour ce personnage dès le début. L’enjeu était de parvenir à voir la carapace que Tiffany s’était forgée en saison 6, et voir comment trouver une alternative à cela. L’idée était de distinguer la Tif’ de la saison 6 et de la 7.

Comment avez-vous réagi lorsque vous avez appris que la saison 7 de SKAM était centrée sur votre personnage ?

Je n’ai pas ressenti de pression, je l’ai plutôt vu comme un challenge. Tiffany n’était pas réellement appréciée jusqu’à présent, mais dès la première lecture du scénario, à aucun moment je n’ai douté qu’il n’y aurait pas d’empathie pour elle. Dès le teaser, on a envie de savoir ce qui lui arrive. Au fur et à mesure, on apprend à la connaitre.

Que vous évoque le sujet central de cette saison, à savoir le déni de grossesse ?

Je trouvais important d’en parler, car, en tant que jeune femme, je savais que cela existait, sans en connaitre les détails. Ces choses n’arrivent pas qu’aux autres, et plus on en parle, plus on sensibilisera les gens à cette question-là. C’est important. C’est d’ailleurs la force du programme : savoir évoquer ce sujet tabou de notre société.

Comment avez-vous préparé ce rôle ?

J’ai d’abord regardé un film appelé La brindille, avec Christa Théret. Mais pour trouver de la documentation sur le sujet, c’est assez compliqué. Il n’y a pas d’association aidant les femmes victimes de déni de grossesse. Généralement, quand on parle de ce sujet, on l’évoque surtout en tant que fait divers et pas forcément comme quelque chose arrivant à tout le monde, et c’est vraiment dommage. Après, j’ai beaucoup discuté avec Deborah Hassoun, la directrice de collection, qui était très informée sur le sujet. C’est surtout passé par le dialogue. J’ai essayé de me mettre au maximum à la place du personnage en me disant si, en 2021, j’apprenais que j’étais enceinte comment je réagirais.

« Dès le teaser, on a envie de savoir ce qui arrive à Tiffany »

Dès les premiers épisodes, la mère de Tiffany crée de la tension, traumatisée par la situation qu’a vécue sa fille. Elle semble aussi ressentir de la colère. Comment avez-vous anticipé ces scènes impactantes avec Vahina Giocante ?

Le rythme de tournage était très rapide. On a fait toutes les scènes de la maison en six jours. C’est allé très vite. On s’entendait déjà très bien de base, cela a été un véritable travail d’écoute. J’ai senti une bienveillance qu’elle avait envers moi et je me suis senti totalement libre dans mon jeu. Dans ces scènes-là, il était intéressant d’arriver à voir que mon personnage n’avait pas du tout l’ascendant sur sa mère, et qu’elle écrasait totalement sa fille. Avec ses amis, Tiffany est plus directe et cash que dans son cercle familial.

Créer cette empathie sur toute cette saison autour de Tiffany, alors qu’elle était plutôt perçue comme une antagoniste dans les précédents épisodes, a-t-il été un challenge pour vous ?

C’est un personnage qu’on adore détester. En le jouant, j’avais envie de savoir ce qu’il se passait derrière toute la carapace qu’elle se forgeait. À aucun moment, on a essayé de lui pardonner ce qu’elle avait pu faire dans les précédentes saisons. Elle a toujours visé l’excellence et aujourd’hui elle apprend à s’affranchir de sa famille. Sur cette saison, on apprend à la découvrir, elle est un peu comme un oiseau tombé du nid.

La série prend place dans un univers actuel réaliste, et les nouvelles technologies accompagnent à chaque instant les protagonistes. Quel est votre propre rapport avec, notamment, les réseaux sociaux ?

Les réseaux sociaux sont une bonne chose de manière générale. Si on reste sur le concept même, à savoir interagir avec des gens, c’est alors une invention majeure. Mais il est vrai que cela peut être utilisé à mauvais escient. C’est un peu comme être sur un fil lorsqu’on poste des choses. On peut totalement renvoyer une image différente de ce que l’on est réellement. Dans ce cas précis, cela peut être dangereux. Personnellement, je fais toujours attention à ce que je poste, notamment vis-à-vis de ma communauté qui est assez jeune.

La Covid-19 est évoquée à peu de reprises durant la saison. Était-ce un choix délibéré ?

C’est un choix de la production. SKAM se passe en temps réel et s’inscrit dans l’air du temps, mais c’est important de ne pas oublier qu’il s’agit d’une série avec des personnages. Quand je regarde une fiction, je n’ai pas envie que l’on me rappelle ce qui se passe en ce moment, car les programmes sont faits pour s’évader. C’est une véritable échappatoire.

« Tiffany apprend à s’affranchir de sa famille »

Comment s’est déroulé le tournage avec les conditions sanitaires actuelles ?

On a tous fait très attention. On a été testé régulièrement. Je me suis éloigné de mes proches le temps du tournage afin de faire un maximum attention. Les seules personnes que je voyais étaient celles du tournage. C’était de la responsabilité de chacun, et les conditions ont bien été respectées.

La série Parents mode d’emploi a marqué votre jeune carrière. Cette expérience a-t-elle été une bonne école pour SKAM ?

J’ai commencé très jeune cette série, et cela m’a permis de faire mes armes. J’ai été également entourée de très bons comédiens qui m’ont énormément appris. C’est vrai que la cadence du tournage était hyper intense, mais cela m’a permis d’avoir un jeu efficace et de trouver tout de suite les bonnes intentions. J’ai pu me créer des sortes d’automatismes que j’ai développés par la suite, notamment quand je lis des scénarios où j’arrive à décoder les enjeux rapidement. Cela m’a beaucoup servi pour SKAM par exemple.

Quels sont vos prochains projets ?

Actuellement, je suis sur un tournage pour TF1, un téléfilm appelé Loin de chez moi, réalisé par Frédéric Forestier, dans lequel j’ai le rôle principal. On tourne en ce moment à Paris, puis on va partir à Amsterdam enregistrer quelques séquences. J’ai également participé à un film l’été dernier intitulé Les héritières de Nolwenn Lemesle, et sélectionné au festival de Luchon. Il devrait sortir au cours de cette année 2021.