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Les Grandes Gueules, Marie-Anne Soubré : « J’ai été paralysée par les caméras... »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 01/06/2020 à 12:02

Depuis douze ans, Marie-Anne Soubré fait chanter l’accent toulousain au sein des Grandes Gueules, chaque jour à 9h00 sur RMC Story. Pour Toutelatele, l’avocate a commenté, entre autres, l’actualité récente.

Joshua Daguenet : Assez rapidement, vous avez appelé le gouvernement à lever les restrictions du déconfinement, dont la barrière des 100 kilomètres. Pensez-vous que l’anxiété a prédominé pendant cette crise sanitaire ?

Marie-Anne Soubré : Oui et c’est assez légitime, car on a fait face à quelque chose d’inédit dans le monde entier. Pour la première fois de l’histoire, la majorité des pays du monde entier ont été confinés. Je pense que l’anxiété a trop prédominé après le confinement. Il aurait fallu accélérer.

Plusieurs ministres ou ex-ministres d’Emmanuel Macron sont visés par des plaintes de médecins et autres citoyens. Ces plaintes peuvent-elles se concrétiser ?

Je n’en sais rien parce que je n’ai pas vu les plaintes. Je les trouve extrêmement prématurées. Il y aura des commissaires parlementaires qui se chargeront d’étudier les plaintes. Aujourd’hui, la priorité est de remettre le pays droit, et si des responsabilités sont établies, le temps sera venu de demander des comptes.

Voilà déjà douze années que vous participez aux débats des Grandes Gueules. Barack Obama était en passe d’être élu Président des États-Unis, aujourd’hui, Donald Trump conserve des chances de réélection. Comment résumeriez-vous l’évolution de l’échiquier politique international depuis 2008 ?

Il y a des pays qui sont d’une stabilité remarquable, notamment en Russie avec Vladimir Poutine. Si vous résumez qu’on est passé de Barack Obama à Donald Trump, l’évolution ne s’est pas effectuée dans le sens que j’aurais aimé. Nous sommes passés d’une société plus engagée symboliquement à une société du paraître. Y compris en France, les hommes politiques ont moins de profondeur.

« Les plaintes contre l’État sont prématurées »

En 2016, l’émission est arrivée sur le petit écran. Aviez ressenti une appréhension ou une excitation particulière ?

Une appréhension bien sûr. Quand j’ai commencé l’aventure, nous étudions dans un studio entre nous, autour d’une table comme les gens sont chez eux pour un repas. L’ambiance était plus intime et nous n’étions même pas filmés. Avec l’arrivée des caméras, on a appris qu’on devait arrêter de se lancer des boulettes de papier (rires). Avec le recul, je trouve l’arrivée en télévision géniale, car nous touchons un autre public. Au début je me demandais si j’allais rester naturelle. Pendant un mois, j’étais paralysée par les caméras, mais j’ai vite oublié.

Électrice de gauche, admiratrice de François Mitterrand, comment vivez-vous la situation actuelle du Parti Socialiste, qui est en état de mort végétative ?

Je suis comme tous les gens qui ont perdu quelqu’un qu’ils aimaient beaucoup dans leur famille. Je suis orpheline, je ne me reconnais dans plus aucun parti. Je n’étais pas à 100% socialiste, mais je me retrouvais dans leurs idées. Pour moi, il n’existe plus, il n’a pas de force de proposition, ni d’opposition.

Il y a quelques années, vous aviez confié craindre que votre fille ait pour modèle une Nabilla. Quel constat, quant à l’évolution de notre société, tirez-vous de l’émergence de ce genre de personnalités ?

Je pense que Nabilla a le droit d’émerger et je comprends que des gens l’admirent. Ce qui m’inquiète, c’est qu’il n’y ait que ce modèle-là. J’aimerais que des jeunes aient des modèles plus positifs dans la réalisation : des grands sportifs, des personnalités engagées dans des associations. Je trouve dommage de se baser sur des modèles parce qu’ils sont physiquement beaux. À l’époque de mon adolescence, nous rêvions de chanteurs, d’acteurs qui avaient des références.

« Aux Grandes Gueules, vous rencontrez des gens qui sont à l’opposé de ce que vous êtes »

Fan du Stade toulousain, l’émission vous a permis de pactiser avec « l’ennemi » puisque vous vous êtes liée d’amitié avec Mourad Boudjellal, un grand nom du RC Toulon...

Bien sûr. Je pardonne à Mourad de ne pas être supporter du vrai club rouge et noir. J’ignore pourquoi le RC Toulon a voulu porter les mêmes couleurs ! Plus sérieusement, j’apprécie énormément Mourad. Dans l’esprit du rugby, nous ne sommes pas de vrais ennemis et nous sommes ravis quand l’autre gagne.

Gilles-William Goldnadel, autre avocat des Grandes Gueules, a des idées politiques opposées aux vôtres. Néanmoins, partagez-vous des points communs sur le métier que vous exercez ?

L’avantage des Grandes Gueules est que vous rencontrez des gens à l’opposé de ce que vous êtes pour plein de raisons. Cela n’empêche pas de les respecter, d’avoir des liens d’amitié pour eux, notamment Gilles-William Goldnadel que j’aime beaucoup. Nous partageons le même métier, la même passion et la même vision de ce que doit être la profession d’avocat, à savoir servir nos clients et leur apporter la justice.