Toutelatele

Mary McDonnell, de Battlestar Galactica à Grey’s Anatomy

Emilie Lopez
Publié le 03/10/2009 à 18:45 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:42

Danse avec les loups, Independance day... Mary McDonnell a connu le succès sur grand écran. Mais pour de nombreux sériephiles, l’actrice est surtout la Présidente Roslin de Battlestar Galactica, ou encore le Docteur Dixon, à découvrir dans la saison 5 de Grey’s Anatomy. A l’occasion du Festival Jules Verne, l’actrice, de passage à Paris, a répondu aux questions de Toutelatele.com, et revient avec humour et émotion, sur sa carrière, désormais focalisée sur la télévision, son nouvel amour.

Emilie Lopez : Comment vous êtes vous retrouvée au sein du casting de la série Battlestar Galactica ?

Mary McDonnell : J’en ai entendu parler pour la première fois lors d’un déjeuner. Je ne comprenais pas trop pourquoi on me le proposait, je ne m’étais jamais imaginée dans de la science-fiction. Lorsque je suis rentrée chez moi, j’ai lu le script en une nuit, et j’ai tout de suite adoré ! J’ai proposé une réunion avec les réalisateurs et les ai trouvés brillants. J’ai donc accepté.

Vous interprétez le rôle de Laura Roslin, une femme Présidente, donc de pouvoir. Qu’avez-vous en commun avec votre personnage ?

L’une des raisons pour lesquelles j’ai accepté ce job est que je suis née dans les années 50 et suis devenue une jeune femme dans les années 70. J’ai le sentiment que ma génération est précurseure du fait que les femmes pouvaient être à l’aise avec l’idée d’avoir du pouvoir, mais il restait une ambivalence. Quand j’ai lu ce personnage, je me suis dit « C’est elle ! Elle n’est absolument pas préparée, elle est complètement ambivalente, mais elle est passionnée, et a beaucoup de contrôle, donc elle fera son boulot ». Il y avait donc la possibilité pour moi de découvrir le pouvoir intérieur que je n’ai peut-être pas exprimé totalement dans ma vie. Elle m’a appris le fait de rester droite dans ses choix, fidèle à ses convictions, et à vivre avec les conséquences des décisions difficiles que l’on a eu à prendre.

La science-fiction est un monde à part. Que retenez-vous de cette expérience ?

J’avais eu, grâce à Donnie Darko et Independance day, un aperçu de combien les fans de SF sont merveilleux. J’avais donc déjà une idée positive ... et c’était encore mieux que ça ! À travers tous les meetings avec des fans que j’ai pu faire de par le monde, j’ai découvert des personnes tellement intelligentes, intéressantes et intéressées, en demande de vos idées, opinions politiques, spiritualité, etc. J’ai ressenti beaucoup de gratitude pour ce monde. Encore aujourd’hui je me sens connectée à eux...

Battlestar Galactica vient de s’achever, et des projets de spin-off et miniséries sont déjà annoncés. Pensez-vous y participer ?

Je ne pense pas, car par exemple, Caprica se déroule 50 ans avant BG, donc j’aurais été un bébé ! (rires) Peut-être dans un rêve, ou un bond en avant... Ou un parent, ma mère, ma grand-mère... ? Je ne sais pas, mais pour l’heure, ma participation n’est pas prévue.

Vous étiez, à l’origine, une femme de cinéma. Cet amour de la télévision est plutôt étonnant...

Cela me surprend moi-même, car j’aime faire des films également. Mais c’est un rythme plus lent. J’aime que les choses aillent vite, j’aime le mystère, et la télévision me donne ça. Et puis, j’adore l’idée de suivre un personnage semaine après semaine, sans savoir ce qu’il va se passer, voguer avec elle et découvrir.

Cela signifie que vous privilégierez désormais la télévision au cinéma ?

C’est difficile à dire. Je viens tout juste de tomber amoureuse de la télévision, c’est une relation toute neuve (rires). Il y a des films magnifiques. Mais j’ai découvert que j’aimais avoir un nouveau script toutes les semaines pour y apporter ma créativité. Puis aller de l’avant...


Si vous étiez, à l’instar de votre personnage dans Battlestar Galactica, Présidente des États-Unis, que feriez-vous ?

Il faudrait assimiler dans notre culture le fait que la mort n’est pas la tragédie que nous imaginons, et revenir à ce qui est important , à savoir vivre sa vie avec dignité, gentillesse, sans peur. Donc si j’étais Présidente je changerais simplement notre façon de penser ! (rires) C’est tout simple ! Il faut que j’appelle Barack !

Que pensez-vous de son arrivée à la Présidence des États-Unis ?

Il y a beaucoup d’émotion aux États-Unis en ce moment (l’interview a été réalisée juste après l’élection de Barack Obama, ndlr), parce que nous sommes capables de sentir nos cœurs battre à nouveau (très émue). Barack Obama est tellement magnifique pour notre pays, et ses relations avec le Monde ! Quand je le regarde, je comprends son intelligence, ses idées, sa spiritualité, et je le vois se battre pour faire certains changements nécessaires.

Dans Battlestar Galactica, votre personnage a un cancer. Dans Grey’s Anatomy vous êtes atteinte du syndrome d’Asperger. Dans Urgences, vous interprétez la mère de Carter, une alcoolique. Jouer les malades semble votre spécialité...

Apparemment oui ! (rires) Selon moi, les gens veulent me voir jouer cela car c’est un challenge d’incarner un personnage ayant tant d’obstacles, mais qui conserve son pouvoir et sa force. Mais pour ce qui est de l’alcoolique dans Urgences, nous n’avons pas vraiment exploré ce domaine. Les producteurs voulaient simplement écrire quelque chose d’assez fort et intéressant pour que j’accepte, car s’il n’y a pas de complexité, pourquoi jouer les guest : je n’en avais pas besoin ! Dans le cas de Grey’s Anatomy, c’était un excellent chirurgien. L’une des raisons pour lesquelles elle était si brillante était son syndrome, car leur concentration est extrême : c’est un cadeau énorme.

Comment vous êtes-vous préparée pour ce rôle de Virginia Dixon, pour Grey’s Anatomy ?

Ça a été très rapide. J’ai appelé un ami réalisateur, dont le film parle d’un jeune homme atteint d’Asperger. Il m’a dirigé vers certaines personnes avec qui il avait travaillé, et m’a envoyé quelques livres. J’ai de plus contacté une amie dont le fils de 22 ans a ce syndrome. C’est un gamin brillant, qui va à UCLA (University of California, à Los Angeles, une université réputée, ndlr) et vit sur le campus avec d’autres étudiants ayant ce syndrome. Ils partagent un appartement, et j’ai passé une soirée avec eux. On a beaucoup parlé, ils m’ont montré comment agir...

Quel regard portez-vous désormais sur ce syndrome ?

La faiblesse de ce syndrome, c’est leur souffrance, car ils ne peuvent pas interagir avec les autres, car ils ne comprennent pas nos interactions sociales et nos signes. Cela implique un isolement terrible. Nous avons peur des personnes différentes, donc plus nous en mettons à la télévision, dans des films, et plus nous nous serons relax vis-à-vis de ça ! On aura besoin à l’avenir, dans la science, l’ingénierie ou la médecine, de personnes aussi spécifiquement brillantes. Mais si nous ne nous adaptons pas à avoir des personnes qui agissent différemment, alors nous ne pourrons pas jouir de ces êtres humains incroyables. Donc j’ai trouvé que Shonda Rhymes (créatrice de Grey’s Anatomy, ndlr) avait eu une idée brillante d’inclure ce personnage...

Votre prochain rôle sera dans la série The Closer : L.A. enquêtes prioritaires...

Oui, mais elle n’est pas malade ! (rires) C’est une capitaine de police. Et ce que j’ai aimé, c’est qu’il est rare d’avoir deux femmes de pouvoir dans une même série. C’est ma boss, mais je la surveille : très sympa !