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Muriel Rosé, directrice des Magazines et Documentaires de F3

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Directeur de la publication
Publié le 23/09/2007 à 11:30 Mis à jour le 07/04/2011 à 17:00

France 3 aime les magazines et les documentaires. Si bien qu’elle est la chaine qui en diffuse le plus en prime time ! Pour cette rentrée, plusieurs nouveautés font leur apparition sur la grille. De C’est votre histoire en passant par Droit d’inventaire ou encore toute une kyrielle de documentaires événements, Muriel Rosé, directrice de l’unité Magazines et documentaires de France 3, revient sur les grands enjeux de la saison.

Jérôme Roulet : Les deux mots d’ordre de France Télévisions cette année sont « culture » et « création ». Avec les magazines et les documentaires, votre unité est au cœur de la stratégie éditoriale de la chaîne. Quelles nouveautés doit-on attendre cette saison ?

Muriel Rosé : Je dirais que les principales nouveautés en matière de création concernent principalement les prime time. Pour cette case, nous sommes toujours à la recherche de quelque chose qui renouvelle et bouscule les frontières des genres. Avec C’est votre histoire par exemple, une des grandes nouveautés de cette rentrée, il y a une grande ambition. Nous avons tout de suite été intéressés par cette collection qui crée un lien supplémentaire avec les téléspectateurs.

Jérôme Roulet : C’est votre histoire est un projet en gestation depuis plus d’un an déjà. Comment a commencé cette aventure ?

Muriel Rosé : Nous avons demandé aux téléspectateurs, qui ont vécu un événement important dans leur vie ayant fait changer les choses, de nous écrire afin de raconter cette histoire. Après sélection, cette dernière fera l’objet d’une fiction. On part du principe que le réel est plus fort que la fiction et donc pouvait nourrir un film. De plus, nous créons un lien supplémentaire avec le téléspectateur en le faisant intervenir sur la vie de notre antenne.

Jérôme Roulet : Avez-vous reçu beaucoup de propositions ?

Muriel Rosé : Nous avons reçu 3500 réponses. De nombreuses histoires étaient très intéressantes. Nous avons mis sur pied un comité de sélection avec un directeur, Didier Decoin. Il a été très enthousiasmé par toute cette matière. Au final, nous avons sélectionné quatre histoires. Et le hasard a voulu qu’il s’agisse de quatre histoires de femmes...

Jérôme Roulet : Quels ont été les critères de sélection ?

Muriel Rosé : Le premier critère devait être que l’histoire soit vraie. Nous avons donc essayé d’être le plus rigoureux possible et avons mis en place une équipe chargée de vérifier les éléments. Le second critère est au niveau des coûts. Il y a des histoires qui nous ont touchés mais qui nécessitaient des moyens de production énormes. Pour éviter cela, nous nous sommes limités aux histoires vécues à une époque proche de la nôtre. Enfin, il a fallu qu’on puisse le faire juridiquement.

Jérôme Roulet : Les quatre histoires choisies ont un thème en commun : l’amour. Est-ce la thématique qui est revenue la plus souvent dans les courriers ?

Muriel Rosé : L’amour a été effectivement assez présent, comme dans nos vies, qu’on en manque ou qu’on en ait cela tient une grande place. Et puis, c’est assez universel. Mais, il y a eu aussi de nombreuses histoires de guerre, de parents, de perte d’emploi...


Jérôme Roulet : Pourquoi avoir choisi Mireille Darc en qualité d’ambassadrice ?

Muriel Rosé : On a très vite pensé à elle et nous avons été ravis qu’elle accepte notre proposition. Mireille Darc est une sorte de marraine bienveillante, toujours très intéressée par les histoires de femmes. Elle était passionnée par ce travail qui mêlait le réel, les moyens de la fiction, le documentaire. A la fin de la fiction, elle dialogue avec la personne qui a envoyé l’histoire.

Jérôme Roulet : Parmi les quatre histoires, quelle est celle qui vous a le plus touchée ?

Muriel Rosé : Dans les quatre, il y a quelque chose que j’aime beaucoup. Elles ont chacune leur spécificité. D’ailleurs, nous nous sommes volontairement adressés à quatre producteurs différents pour que chacun puisse s’emparer de l’histoire d’origine en choisissant son propre réalisateur. Les téléspectateurs trancheront...

Jérôme Roulet : Parallèlement, des histoires seront présentes sur le site internet dédié au programme...

Muriel Rosé : Effectivement, nous avons mis en place un site autour de l’émission sur lequel nous proposons différentes histoires sélectionnées. Didier Decoin donne également des conseils pour écrire des histoires et Mireille Darc raconte pourquoi elle a été motivée par le projet. On ne s’interdit pas d’en adapter, si on peut continuer l’aventure...

Jérôme Roulet : On ressent votre envie de donner une suite à cette collection...

Muriel Rosé : En cas de succès, oui ! Si nous ne sommes pas suivis, nous en tirerons les leçons. On prend un risque car on sort du cadre traditionnel de la fiction. Mais on y croit à fond ! C’est une formule nouvelle complètement en accord avec France 3. J’espère que les téléspectateurs ne viendront pas voir ses films comme ils iraient voir une fiction plus traditionnelle mais qu’ils viendront par rapport à ce dispositif et cette proximité qu’on leur promet.

Jérôme Roulet : Autre nouveauté de la saison, Droit d’inventaire. Quel est le concept de ce magazine ?

Muriel Rosé : L’idée est de faire un magazine d’histoire moderne dans sa facture et dans son style, s’attachant au 20e siècle et aux grandes figures qui résonnent toujours dans notre vécu aujourd’hui. L’histoire en résonance avec notre présent. Le tout avec des thèmes fédérateurs.


Jérôme Roulet : Un programme d’histoire en prime time est une vraie prise de risques. C’est le joli succès du Grand tournoi de l’histoire qui vous a inspiré ?

Muriel Rosé : Pas seulement. L’apport et la réussite sur l’antenne de films comme L’été 44 sur France 3 ou J’ai filmé la guerre en couleurs sur France 2 montrent le potentiel. Les téléspectateurs s’intéressent beaucoup à l’histoire ! Et Droit d’inventaire est le seul magazine historique en prime time sur une chaîne généraliste. C’est une vraie prise de risques !

Jérôme Roulet : Est-ce un peu l’histoire à la portée de tous ?

Muriel Rosé : Oui, c’est l’histoire à la fois très accessible tout en étant très rigoureux dans nos récits. On veut également donner envie aux férus d’histoire de trouver dans ce magazine de quoi se nourrir et apprendre car nous allons poser les questions sans tabous.

Jérôme Roulet : Le choix de Marie Drucker n’est pas anodin pour un prime time...

Muriel Rosé : Marie Drucker se mettra un peu à la place du téléspectateur pour poser les questions aux témoins qui seront présents. Elle va incarner ce magazine et pour la première consacrée à De Gaulle, Max Gallo sera le grand témoin.

Jérôme Roulet : On peut souhaiter à ces deux nouveautés une aussi longue vie que Des Racines et des Ailes, magazine emblématique de France 3. Dix ans déjà ! Un dispositif spécial est-il prévu pour cet anniversaire ?

Muriel Rosé : Ça va être un événement ! Nous partons à la cité interdite de Pékin tourner sur la Grande Muraille. Ca sera une émission spéciale assez prestigieuse avec des moyens relativement importants sur place dans la cité interdite. Pour les dix ans de notre valeureux magazine, c’est formidable !

Jérôme Roulet : Du côté de l’unité documentaires dont vous vous occupez, quelle est la force de France 3 sur cette thématique ?

Muriel Rosé : Les documentaires ont une place de choix sur France 3. Quand nous les installons en prime time, cela veut dire que l’on y croit ! Chaque film porte son propre potentiel, on ne fidélise donc pas sur une case. C’est un genre qui est moins fédérateur que certains programmes et encore ! Sur la saison dernière, notre moyenne d’audience est conforme à celle de la chaîne. Donc, le documentaire fonctionne très bien.


Jérôme Roulet : Quelles seront les nouveautés marquantes de la saison ?

Muriel Rosé : Nous avons beaucoup de richesses devant nous. Je pense au Jardin des voix ou encore le documentaire de Frédéric Wilner sur le pouvoir des femmes dans l’Egypte antique, Dans le secret des Reines du Nil. En octobre, nous proposerons Avocats d’urgences, produit par Bonne Pioche. On va mêler le quotidien et les joutes oratoires auxquels s’adonnent ces jeunes stagiaires. Les films qui concernent le monde de la justice nous intéressent particulièrement. Et puis, prochainement nous diffuserons un des événements de notre rentrée, Comme un juif en France, dans la joie et la douleur d’Yves Jeuland, qui retrace sur un siècle l’histoire des juifs en France. Une opération spéciale où l’on a cassé la grille puisque la première partie sera diffusée en 2eme partie de soirée et le lendemain, la seconde partie, en prime time.

Jérôme Roulet : Via votre parcours, vous baignez dans les documentaires depuis moult années. Hier, vous avez géré les documentaires de F5, aujourd’hui ceux de F3. Quelle est la différence d’approche et d’appréciation sur cette thématique entre les deux chaines ?

Muriel Rosé : C’est assez simple. On fait beaucoup moins de documentaires à France 3 qu’à France 5. On n’a ni la même place, ni le même rôle. Et puis les formats sont très différents. Sur France 5, il y a énormément de documentaires avec un désir d’aborder toutes les questions qui nous motivent pour comprendre le monde qui nous entoure. A France 3, la ligne éditoriale est davantage axée sur la société, l’histoire et la culture. On ne va pas systématiquement développer une ligne de documentaires dans des domaines approchés. Nous avons une politique d’œuvres et on aborde les films sans volonté de formatage, en liant l’intérêt d’une thématique avec l’excellence de l’auteur/réalisateur et la solidité du producteur. Enfin, nous avons la chance à France 3 d’avoir une très grande rédaction avec beaucoup d’infos et plusieurs genres. De nombreux sujets sont donc abordés à travers les magazines et les fictions.