Toutelatele

Nus & Culottés (France 5) : « On fait cette émission pour savoir qui l’on est vraiment »

Nastassia Dobremez
Publié le 04/06/2015 à 16:12

Ce Jeudi 4 juin à 20h40, France 5 donnera le coup d’envoi de la saison 3 inédite de ’Nus & Culottés’, une émission dans laquelle deux amis, Nans (Nans Thomassey) et Mouts (Guillaume Mouton), partent à l’aventure : nus, sans argent et avec trois caméras portatives. Leur but ? Réaliser un rêve grâce aux personnes qu’ils croisent sur leur chemin. Rencontre avec les deux protagonistes du programme.

Toutelatele : Comment pourriez-vous résumer Nus et Culottés pour ceux qui n’auraient jamais vu l’émission ?

Mouts : Imaginez, vous êtes avec un ami dans la forêt, tout nu, sans vêtement ni chaussure, sans argent, mais avec dans la tête un rêve d’enfant : rencontrer une chanteuse d’opéra en Italie, trouver de l’or en Suisse, dormir dans un manoir hanté en Écosse ou encore faire l’ascension d’un mont mythique. Voilà notre motivation principale pour se mettre en route et aller rencontrer des gens qui vont nous permettre d’avancer et de peut-être atteindre notre but.

Nans : On a tous fait ce rêve un jour ou l’autre d’arriver au travail en pyjama. On a peur, on a honte, mais on s’est dit que cela pouvait être aussi le début d’une grande aventure. C’est un voyage complètement improvisé, car la route nous réserve bien des surprises...

Était-ce symbolique de partir sans vêtement ?

Mouts : En fait, c’est un moyen que l’on a trouvé pour expérimenter le concept de la zone de confort. On a tous une zone de confort qui est géographique, culturelle, linguistique et matérielle. Partir nus, c’était mettre un pied supplémentaire en dehors de notre zone de confort et devoir s’en remettre aux autres, à la vie, à ceux que l’on rencontre pour espérer, dans un premier temps, survivre et dans un deuxième temps, prendre plaisir à la vie.

Nans : On s’en remet à soi-même et on se rend compte de notre potentiel au fond de nous. Passer une nuit dans le froid nous fait réaliser l’énergie que l’on a l’intérieur et qui est extraordinaire. Le jeu en vaut la chandelle !

En quoi cette troisième saison sera-t-elle différente des précédentes ?

Mouts : Avant cette année, on avait déjà fait douze voyages. Il y avait une forme d’habitude qui se mettait en place. Alors, on a pris du temps pour digérer ces aventures et retrouver ce plaisir à partir et cette authenticité dans la rencontre. Nous sommes parvenus cette saison à trouver du sens à tout cela en réalisant des expériences en marge du but que l’on poursuit : faire du stop sans parler, voyager sans formuler de demandes ou en prétextant avoir un régime végétarien. On a également essayé de travailler le muscle de l’empathie. En un mot, écouter les gens sans jugement et si on en a un, comprendre ce que cela dit de nous, qui l’on est vraiment.

« Cette saison, on a essayé de travailler le muscle de l’empathie »

Comment choisissez-vous les lieux dans lesquels vous partez ?

Mouts : On part de l’idée du rêve qui est souvent lié à un lieu géographique. Puis, on recule de quelques milliers de kilomètres pour trouver d’autres endroits qui ont du sens pour nous.

Nans : Généralement, on essaie aussi de trouver une région avec une identité culturelle bien marquée. On aime bien jouer sur les clichés, car bien souvent on se rend compte que ce n’est pas si linéaire que cela quand on prend la peine de rencontrer les gens. On s’attend à avoir un certain type d’accueil, mais ça dépend vraiment du moment, de la façon dont on croise les gens, à quelle heure on vient sonner chez eux, de notre disponibilité à nous.

Mouts : Et puis on s’assure aussi d’avoir les ressources nécessaires pour pouvoir vivre dans les bois. Donc généralement on commence notre aventure près d’un plan d’eau et on vérifie qu’il y a du matériel végétal ou des détritus pour se confectionner des vêtements.

Pendant vos excursions, n’avez-vous jamais eu de problèmes avec la gendarmerie ?

Mouts : On a rencontré les gendarmes trois fois sur ces quatre années de voyages. Ils venaient au-devant de nous pour savoir ce que l’on faisait avec nos bâches et nos végétaux tout autour de nous. Mais à chaque fois tout s’est très bien passé. On avait nos papiers avec nous, on expliquait notre démarche et les gens se sentaient proches. On a tous à un moment dans notre adolescence, délirer, tenter des paris avec des copains... La seule différence c’est que l’on a mis en pratique ce pari-là. La police comprenait et voyait bien que l’on n’avait pas d’intentions malveillantes.

A contrario, vous êtes-vous fait draguer ?

Nans : Oui et on a dragué aussi [rires] ! Quand on est sur la route, un endroit rude quand on n’a pas d’argent, où l’on est soumis aux contraintes de la nature, au froid et à la faim, très vite apparaît un besoin essentiel : la tendresse.

« C’est un voyage complètement improvisé, car la route nous réserve bien des surprises »

Avez-vous cherché à vous former en terme de survie ?

Nans : Nous avons la chance d’avoir un ami, Kim Pasche, qui est trappeur six mois dans l’année au Canada. Il est en immersion dans la nature et connait ces techniques de survie. Il nous les a transmis petit à petit en deux ans. On connait la base : faire du feu, construire un abri, fabriquer des vêtements, tresser des herbes et reconnaître ce qui est comestible. On est très inspiré par lui. Il nous a transmis cette joie d’être dans la nature, perdre le confort de notre vie matérielle, mais gagner le bonheur de se sentir vivant.

Comment vivez-vous le retour à votre vie de tous les jours ?

Mouts : Il y a toujours un choc. Avec ces voyages, on change notre façon d’opérer, de regarder, on ne recherche pas les ressources de la même manière dans notre quotidien. Une fois on venait de terminer un voyage en Espagne. Au moment de faire le code de la carte bleue pour pouvoir payer notre billet de train, on ne s’en rappelait plus. On a dû rentrer en stop ! [rires]

Quel voyage vous a le plus marqués dans cette troisième saison ?

Nans : Ils sont tous très différents. C’est délicat de les hiérarchiser. Mais j’ai beaucoup aimé notre périple en Italie pour son côté spirituel. On a dû avoir complètement confiance en l’autre, en l’inconnu, en nous pour réussir à ne pas formuler de demande. On n’avait jamais vraiment expérimenté cela auparavant.