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True Blood > La cinquième saison selon Joe Manganiello

Tony Cotte
Publié le 12/11/2012 à 17:20 Mis à jour le 24/11/2012 à 10:57

Depuis le début de la troisième saison de True blood, Joe Manganiello incarne Alcide Herveaux. En 2010, après un lourd entrainement physique, l’acteur s’est métamorphosé pour incarner un loup-garou au grand coeur. Une apparence qui lui permet depuis d’être le chouchou de la gent féminine. Dans la cinquième saison de True blood, actuellement à l’antenne de OCS Max, Alcide se remet en question. Une introspection qu’il raconte à Toutelatele.com...

Tony Cotte : Alan Ball a avoué que la cinquième saison de True blood était inspirée par les primaires républicaines. Quel regard portez-vous sur une série capable d’aller au-delà du simple divertissement ?

Joe Manganiello : True blood a toujours trouvé un bon équilibre entre divertir et aborder des questions sociales. Quand elle traitait du mariage avec des vampires, la série faisait écho aux droits des homosexuels pour l’autorisation de l’union légale entre deux personnes du même sexe. Dans l’ensemble, le show renvoie également à la situation dans le sud des États-Unis et la lutte pour les droits civiques dans les années 60. Le parallèle entre l’intrigue de l’Autorité vampirique et la primaire républicaine en cette année d’élection est intéressant, voire même assez drôle, mais il ne faut pas toujours faire l’analogie : True blood est avant tout une série sur les vampires et leur rapport avec les humains.

Si le personnage de Roman est la version vampirique de Rick Santorum (candidat à la primaire connu aux États-Unis pour ses prises de position très conservatrices), avec quel politicien pourrait-on comparer Alcide ?

Il serait un représentant du courant indépendant. C’est un « libre-penseur ». Dans les premiers épisodes de la saison 5, on assiste à un rituel qui consiste à manger le corps du chef de la meute à sa mort. Alcide refuse, ce qui provoque l’incompréhension auprès des autres loups. Il accepte sa condition, mais ne veut pas suivre pour autant ce dogme. Par nature, il privilégie toujours l’humain à l’espèce. Il doit gérer ses devoirs de manière responsable. Ce qui a tendance d’ailleurs à disparaître : on assiste souvent à un clivage avec un parti qui affronte un autre. Mais finalement, la corruption, quelle que soit sa forme, persiste. L’important n’est pas de savoir quel camp arrive au pouvoir, mais qui sera capable de le faire sans être corrompu.

Alan Ball quitte la série à l’issue de la cinquième salve. Jouer dans True blood sans lui sera-t-il foncièrement différent ?

Alan est celui qui m’a donné cette opportunité. C’est un grand professionnel pour lequel j’ai beaucoup de respect. Il va forcément me manquer. Pour autant, j’ai hâte de voir la direction que va prendre la série désormais. C’est surtout de la curiosité, à défaut d’inquiétude, puisque tous les nouveaux scénaristes de ces trois dernières années ont fait, à mon sens, du très bon travail.


Quand vous étiez à l’université, vous avez participé à une pièce sur scène en étant totalement nu. Cela vous a-t-il aidé pour votre rôle aujourd’hui ?

Une fois cette expérience vécue, il n’y a plus rien qui soit physiquement ou psychologiquement intimidant. Le fait de me rappeler de cette époque m’avait aidé lors de ma première scène dénudée dans True Blood. Depuis, au vu des nombreuses scènes, je ne m’en soucie plus vraiment (il sourit).

Il y a-t-il une trace de cette fameuse scène étant plus jeune ?

C’était une autre époque, celle où les téléphones ne pouvaient pas enregistrer de vidéo ou prendre de photos (rires).

Vous avez travaillé avec l’entraineur de Hugh Jackman, Ron Mathews, pour prendre une quantité importante de masse graisseuse en vu d’incarner Alcide. Pourquoi le personnage nécessitait-il de cette apparence ?

Il fallait de répondre au descriptif des romans. Alcide est présenté comme une montagne de muscle. Mais en tant qu’acteur, je pense que plus le personnage est imposant physiquement, plus il est facile de jouer avec sa sensibilité et sa vulnérabilité. Malgré son apparence, Alcide a un grand coeur. Mon entrainement physique pour arriver à ce résultat m’a donc été utile pour aborder cet aspect surprenant de mon personnage.

Qu’implique un tel résultat ?

J’ai travaillé dur, mais j’ai aimé ça. Compte tenu de l’entrainement et du tournage, il est assez rare d’avoir un jour-off. Au-delà de ça, je ne dois pas manger de sucre ou de pain. Faire deux séances de sport quotidiennes, et ce, six jours par semaine. Il faut suivre un régime très strict et hyperprotéiné, mais c’est un travail en soi.

En tant qu’acteur, quel est votre rapport au corps ?

[Il marque un temps d’arrêt] J’ai étudié le théâtre classique. J’ai passé la moitié de ma carrière à suivre une formation artistique. Mes principales influences ont été Robert DeNiro et Edward Norton. Ce sont des acteurs qui n’hésitent pas à se transformer physiquement pour incarner un personnage. Jouer Alcide était l’occasion d’en faire de même. On a tendance à s’attarder sur l’aspect psychologique d’un rôle, souvent aux dépens du physique. C’est pourtant ce point-là qui m’intéresse le plus. Mais mon travail sur Alcide ne se résume pas à son apparence. J’ai dû travailler sur la prononciation pour avoir l’accent du Mississippi. J’ai laissé pousser mes cheveux et ma barbe également. Dans les livres, Alcide est décrit minutieusement comme un être qui n’aime pas ce qu’il est. Il se considère comme maudit d’être un loup-garou. C’est tout un travail de retranscrire ça à l’écran. Avoir une telle matière, c’est extrêmement gratifiant.


Remerciez-vous aujourd’hui Ron Mathews pour vos rôles, notamment celui du film Magic Mike ?

Ron n’a pas soulevé tous les poids à ma place ! C’est un entraineur phénoménal. Je le remercie évidemment pour le travail effectué, mais j’espère que l’on ma pris pour d’autres capacités que mon seul physique. En fait, Channing Tatum est un grand fan de True blood et a pensé à moi pour l’un des rôles. Steven Soderbergh, lui, en a fait de même après m’avoir vu dans le show de Chelsea Handler. Et puis, six autres acteurs ont été engagés pour le film et n’ont pas été entrainés par Ron Mathews.

Ne craignez-vous pas d’être catalogué à force de jouer de nombreuses scènes en étant dévêtu ?

Adam Ball comme Steven Soderbergh ont tous deux été Oscarisés. Ça ne me dérange pas d’explorer un même registre, tant que je le fais avec des gens reconnus pour leur talent. Je sais que je ne garderai pas cette apparence indéfiniment. La moitié de ma carrière a été consacrée aux œuvres classiques où j’ai gardé mes vêtements pendant une dizaine d’années. Avant True Blood, j’ai participé à plusieurs comédies. Il s’agit d’une phase, et, au-delà de ça, de travailler avec des professionnels qui ne sont pas là par hasard. Si Magic Mike n’avait pas été réalisé par Soderbergh, je l’aurais d’ailleurs probablement refusé.

Entre ce film et True Blood, vous n’avez jamais été autant médiatisé. Quelle est la conséquence de cette exposition sur votre vie de tous les jours ?

Je viens de Pittsburgh, je tourne à Los Angeles et j’ai l’occasion de voyager à Paris. Quand je sors dans la rue, les gens crient « Oh regardez ! Regardez !  » Ils me reconnaissent comme étant « le loup-garou », et ce, quel que soit le pays où je me trouve. C’est flatteur de faire partie d’une série aussi populaire à travers le monde. J’ai eu de nombreuses opportunités, comme tourner dans des films ou encore de faire une séance de lecture des textes de Tennessee Williams avec William H. Macy. Vraiment, je n’en tire que du positif.

On a tendance à oublier votre participation à la série Les frères Scott. Considérez-vous celle-ci comme le début de votre révélation auprès du grand public ?

Les fans de la série, que je sais très présents en France, sont des lecteurs des livres de Charlaine Harris. Il s’avère que les fans suggéraient sur internet que j’interprète Alcide. Aussi surprenant cela puisse paraitre, le directeur de casting de True Blood a pris note de ces suggestions et m’a convoqué pour passer des essais. On peut donc dire que Les frères Scott m’a permis d’intégrer True Blood. J’en suis reconnaissant. J’ai beaucoup aimé tourner dans cette première, notamment à Wilmington qui est une ville magnifique. C’était marrant toutes ces répliques romantiques et ces intrigues. Surtout, j’ai gardé contact avec Robbie Jones, l’interprète de Quentin dans la série. Il est devenu depuis l’un de mes meilleurs amis.