Toutelatele

Rémi Gaillard emmerde la télé en BD

Olivier Sudrot
Publié le 29/07/2011 à 11:00 Mis à jour le 26/10/2011 à 19:01

Un ton provocateur, des cheveux blonds en l’air façon hérisson et des déguisements farfelus. Pas de doute, le dessinateur Pedro Valiente a bien cerné le personnage. Tout le monde aura reconnu le trublion Rémi Gaillard qui s’est illustré, année après année, en débarquant sur les plateaux télé ou en multipliant les parodies. Son crédo ? « C’est en faisant n’importe quoi qu’on devient n’importe qui ».

Pour la première fois, ses aventures sont mises à l’honneur à travers une bande dessinée au style caricatural qui fait mouche. On reconnait très vite les animateurs Arthur, Christophe Dechavanne, Cauet et l’idiot de la bande Michael Youn, la plupart du temps nu, et ce, malgré quelques ratés avec Jean-Pierre Foucault ou Julien Lepers. Ces quatre lascars constituent ici les têtes de turc du provocateur.

Au long des 48 pages de l’album édité par Kantik, le Montpelliérain se fait un malin plaisir à les tourner au ridicule et à mettre le bazar sur les plateaux des émissions les plus cultes du Paysage Audiovisuel Français. De La Roue de la fortune à Qui veut gagner des millions ? en passant par Intervilles, Fort Boyard ou Koh-Lanta, personne n’échappe au gourou de celui qui porte fièrement un T-shirt avec l’inscription « J’emmerde la télé ».

Élevé au rang de star grâce à ses vidéos sur internet, Rémi Gaillard tente de se diversifier en devenant le héros de sa propre bande dessinée. Quelque peu répétitive dans sa forme, le trublion finissant toujours par se payer la tête des trois animateurs qu’il malmène et ridiculise, l’album prend la forme d’un condensé des « exploits » de Rémi Gaillard, émaillé d’histoires où il se met lui-même en scène pour le meilleur et pour le pire. Déguisé en kangourou, adoptant la salopette de Mario, infiltrant un concours de Miss France ou arborant l’armure de Goldorak, tout est bon pour investir les plateaux et montrer son dégoût de ce qu’il considère comme la « télé-poubelle ».

Entre deux escapades au siège de TF1, il n’hésite pas à débarquer tel un pirate et sa bande sur le célèbre Fort de Charente-Maritime jusqu’à piéger ces icônes de la télé dans un filet de pêche. Devenu le cauchemar de Dechavanne, il rivalise d’inventivité pour pourrir leur quotidien. Armé de sa fidèle bombe à mousse, il prend un malin plaisir à détruire les décors de ces émissions cultes. Même Nicolas Sarkozy en prend pour son grade lorsqu’il se présente tel le défenseur du peuple en costume de Goldorak et lui jette un projectile à la face.

On l’aura compris, Rémi Gaillard ne faillit pas à sa réputation, quitte à lasser à force d’utiliser un comique de répétition usant à la longue. Grâce à un ton irrévérencieux, à un dessin maîtrisé et à de nombreux clins d’œil, on prend plaisir à suivre cette succession de gags qui nous rappelle les heures passées sur internet à regarder les vidéos complètement déjantées de ce Gaillard qui n’a pas fini de nous surprendre.