Toutelatele

Richard Maroko, directeur des programmes des chaines AB

Alexandre Raveleau
Publié le 26/04/2006 à 00:33 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:41

Richard Maroko est sur tous les fronts au sein du Groupe AB. Non seulement directeur des programmes de NT1 et AB1, il occupe ce même poste dans la vingtaine de chaînes estampillées AB sur le PAF. Musique Classique, Mangas, Ciné FX, Encyclopédia, Escales... Toujours discret, cet homme de l’ombre se dévoile sur Toutelatele.com.

Alexandre Raveleau : Un an après son lancement et 2,5 millions de décodeurs vendus, quel est votre bilan de la TNT ?

Richard Maroko : Sur la TNT en générale, nous ne pouvons être que positifs. C’est une réussite absolue ! C’était évident que ça allait marcher, et nous l’avions toujours dit. Tous ses détracteurs, certains des acteurs majeurs du PAF, ont tout simplement eu tort.

Alexandre Raveleau : Les premiers résultats ont déjà été publiés. Etes-vous surpris des résultats de NT1, votre dernière née ?

Richard Maroko : Le Groupe AB est content de ses résultats. Ils sont bons, en tout cas tout à fait acceptables, voire honorables ! NT1 tourne aujourd’hui autour des 1% de part de marché et est surtout reçu par plus de 7 millions de foyers français. D’octobre à janvier, nous avons pratiquement triplé l’audience. L’access prime time par exemple fonctionne très bien avec 2 à 3% de part de marché. Choc, présentée par Alexandre Devoise, est une émission qui réalise de très belles performances avec environ 1,5% sur les 15/49 ans.

Alexandre Raveleau : Free et Neuf Télécom donnent désormais des audiences en temps réel sur le net. Etes-vous friands de cet instrument ?

Richard Maroko : Le problème est que l’on ne sait pas vraiment qui est devant la télé... La mesure n’est pas particulièrement intéressante mais nous pouvons désormais gratuitement savoir à quel moment les téléspectateurs regardent la chaîne et surtout quand ils s’en vont.

Alexandre Raveleau : NT1 figure très souvent sur ces classements lorsque ce sont des sitcoms...

Richard Maroko : Mais on diffuse très peu de sitcoms sur NT1.

Alexandre Raveleau : Quelles sont donc les nouveautés à venir sur la grille de la chaîne ?

Richard Maroko : La chaîne doit avoir un minimum de rentabilité. La priorité aujourd’hui c’est de faire de l’audience. Et ensuite, la seconde, c’est de rentrer de la publicité... C’est le cercle vertueux de la télévision. Pour le moment, nous comptons asseoir la grille.


Alexandre Raveleau : Comment vous positionnez-vous ? Concurrente de TF1 ? Généraliste de seconde zone ?

Richard Maroko : Ce n’est pas une concurrence frontale mais nous existons surtout en fonction des généralistes classiques. En fait, nous devons proposer une alternative aux téléspectateurs en fonction des programmes de TF1, France 2 ou ceux de M6. Un exemple : il n’y a pas d’offre jeunesse sur le paysage hertzien après l’école, excepté celui de France 3. Alors entre 17h et 19h, nous avons sur NT1 une programmation pour les ados. C’est le rôle d’une généraliste challenger comme NT1. Si notre politique était de faire comme les autres avec moins de moyens, ce serait perdu d’avance. Notre offre doit rester complémentaire

Alexandre Raveleau : Une seconde chaîne du Groupe AB figure sur la TNT, TMC. Il n’y a pas de concurrence directe entre vos deux chaînes ?

Richard Maroko : TMC est une chaîne qui a 50 ans. Elle est très ancrée dans le paysage audiovisuelle, avec une image proche du sud. Son public est un peu plus mature, plus âgée. La cible de NT1 est plus jeune, plus iconoclaste. On ne peut donc pas parler de concurrence.

Alexandre Raveleau : Le Groupe AB a le plus gros catalogue de programmes d’Europe. Est-ce réellement un avantage pour préparer une grille de programme ?

Richard Maroko : C’est une énorme force mais aussi une grande contrainte. Il ne faut jamais perdre de vue que nous sommes les seuls acteurs indépendants du PAF. Si W9 fonctionne si bien, c’est surtout parce qu’elle récupère toutes les séries à succès de M6. Nous, il faut que nous vivions sur les programmes que nous dénichons dans le monde entier, puis que nous vendons aux chaînes hertziennes - M6 parfois - et donc nos propres programmes se retrouvent chez nos concurrents W9 ! Ce n’est donc pas toujours le catalogue AB qui est notre principale arme. C’est ça la vie d’un indépendant...

Alexandre Raveleau : Et c’est parce que vous êtes indépendant que vous avez créé une armée de chaînes pour le satellite ?

Richard Maroko : Quand on est tout seul vous savez, on aime avoir une famille autour de soi ! (rires)

Alexandre Raveleau : Mais quelle est l’économie de chaînes comme Musique Classique ou Ciné FX ?

Richard Maroko : Ne perdez pas de vue qu’à l’époque où nous avons créé ces chaînes, nous développions notre propre bouquet ABSat. Les chaînes sont maintenant toutes distribuées sur TPS et/ou CanalSat. Elles ne nous coûtent plus rien et ont leur propre économie. Pour reprendre votre exemple, Ciné FX est dans une niche qui a ses fidèles !