Toutelatele

Saison US 2011/2012 : Les déceptions

Publié le 05/06/2012 à 19:45 Mis à jour le 09/10/2012 à 14:47

Résister à la concurrence et aux exigences des téléspectateurs, tels sont les enjeux des programmes de télévision à chacune de leur diffusion. Entre des nouveautés peu inspirées et des fictions qui n’évoluent guère, la désaffection du public est parfois justifiée. Retour sur les déceptions de la saison 2011/2012...

Alcatraz

Alcatraz

Deux ans après l’arrêt de Lost, J.J. Abrams retourne sur une île. Cette fois, il revisite Alcatraz, en tant que producteur du moins, en lorgnant du côté des 4400. En janvier 2012, lors du lancement de la série, les premières critiques semblent intriguées par l’histoire de ces anciens prisonniers mystérieusement volatilisés pour revenir sur les lieux de leur disparition un demi-siècle plus tard. Le pilote, jugé efficace, précède cependant des épisodes privilégiant l’aspect « procédural ». Les scénaristes s’intéressent ainsi davantage à l’intrigue hebdomadaire, centrée sur un prisonnier, qu’au développement de la mythologie. Au milieu de ce schéma classique, seuls quelques indices sont distillés au compte-goutte. Un équilibre insuffisant. Après une importante érosion de son audience au cours de ses 13 épisodes, la série est annulée.

House of lies

House of lies

Don Cheadle et Kristen Bell dans une même comédie ? Sur le papier, House of lies avait de quoi intriguer. La série de Showtime met ainsi en scène un consultant en management auprès de grandes entreprises prêt à tout, avec l’aide de son équipe d’experts, pour signer de nouveaux clients. Le tout est adapté du livre La Maison des mensonges : comment les consultants volent votre montre pour vous donner l’heure. Un titre explicite qui dresse un portrait peu glorieux de la profession où le bling-bling et le sexe sont maîtres. La narration, elle, est surprenante, mais les arrêts sur image au cours desquels le personnage central se livre à des cours de communication (face caméra) agace rapidement...

The Secret Circle

The Secret Circle

Thomas Dekker, vu dans Heroes et Terminator : les Chroniques de Sarah Connor, avait délaissé les studios des séries américaines « mainstream » pour privilégier ses envies « de cinéma indépendant », loin des « gens lisses et éthérés qui jouent dans Twilight ». Après un rôle dans Kaboom de Gregg Araki, quelle ne fut pas notre surprise à l’annonce du jeune homme au générique d’une fiction adaptée d’une collection de livres pour adolescents. Celle-ci, mise en chantier avec l’aide de Kevin Williamson, correspond au projet que l’on attendait : une galerie de personnages classique, une dose de paranormal, un cadre qui lorgne du côté de Twilight et une sexualité très métaphorique. Quel que soit le sort lancé sur The secret circle, le tout manque d’âme. A l’issue de sa première saison, la série a été annulée, n’étant pas capable de réaliser des performances satisfaisantes en suite du succès The Vampire diaries à l’antenne.

Terra Nova

Terra Nova

Annoncée comme un événement, Terra Nova est co-produite par Steven Spielberg en personne. Au cours de son développement, mainte fois perturbé, la série a pu aligner les effets d’annonces de producteurs cinq étoiles, tels Brannon Braga (FlashForward, 24), David Fury (Buffy, Lost) ou encore Justin Falvey (United States of Tara). Autant dire que le projet a été particulièrement attendu. Finalement, le retour dans le passé de la famille Shannon pour bâtir une nouvelle civilisation à l’âge des dinosaures s’est révélé être une fiction familiale classique. Les intrigues sont minimalistes, les acteurs dénués de charisme et les dialogues sont convenus dans ce méli-mélo d’aventures, de fantastique et d’humour éculé. Quant à l’acteur principal, il a lui-même publiquement émis des réserves sur les effets spéciaux.

New Girl

New Girl

Bâtir un projet sur le seul nom de Zooey Deschanel, devenue très rapidement une figure de proue du cinéma indépendant américain, était un défi. Un défi relevé par FOX au vu des audiences de sa comédie. Malgré une importante érosion accusée tout au long de la saison, résultat d’une logique de diffusion qui ne l’est pas, New girl est considérée comme un des succès de la saison 2011/2012. Pour autant, la série aligne de nombreux points négatifs : la récurrence des procédés comiques, la mise en avant outrancière de son héroïne « adorkable », qui pourrait passer pour une cousine éloignée de Phoebe Buffay, et des situations attendues. On pourrait alors s’attendre à une touche sociologique la part des scénaristes. En vain...

The Office : saison 8

The Office : saison 8

« Recherche Michael Scott désespérément », tel pourrait être l’intitulé de la huitième saison de The Office, décevante à bien des égards. Ed Helms, couronné de succès sur grand écran avec Very Bad Trip, a eu bien plus de mal à assurer la succession du talentueux Steve Carell. Et la présence de James Spader et Catherine Tate n’y a rien fait : The Office s’est beaucoup cherché sans jamais se retrouver. La galerie de personnages secondaires, souvent sous-utilisée par le passé, n’a pas su combler le départ de la star du show : avec lui a disparu une grande part de l’âme de la série et de son humour si particulier. Résultat, des dialogues peu inspirés et des situations comiques qui tombent à l’eau. De quoi dérouter les fidèles : 7.6 millions au début de la saison, ils n’étaient plus qu’un peu plus de 4 millions pour les derniers épisodes...

Charlie’s Angels

Charlie’s Angels

La mode des remakes des fictions télévisées phares a atteint ses limites depuis plusieurs saisons. Pour autant, ABC lançait une nouvelle version des Drôles de dames. Après sept épisodes et une annulation (le huitième n’a jamais été diffusé outre-Atlantique), Paul Lee, à la tête des programmes du network, reconnaît ne pas avoir réussi à « insuffler suffisamment de vie » à la célèbre franchise, mais parle pour autant d’une bonne tentative. Des propos surprenants au vu des critiques unanimement négatives. TV Guide résume d’ailleurs très justement le projet : « Ce n’est pas seulement une idée paresseuse, c’est aussi une réalisation atroce, un jeu d’acteurs pathétique et une conception cynique. »

The Client list

The Client list

Riley Parks, son mari et leurs deux enfants sont la famille américaine blanche idéale. Jusqu’au jour où Kyle abandonne le foyer. Seule avec sa progéniture et des factures à payer, Riley accepte un nouveau job, celui de masseuse dans un salon un peu spécial. En effet, une liste de clients « privilégiés » y bénéficie de faveurs sexuelles. Diffusée sur Lifetime, The Client List marque le retour de Jennifer Love Hewitt après l’arrêt de The Ghost Whisperer. Et cette fois, c’est à l’oreille d’hommes séduisants - les autres n’ont pas le droit de citer - que l’actrice murmure, puisque son personnage a la fâcheuse tendance à vouloir régler les problèmes sentiments de ses clients. Faussement sulfureuse, la série de Susanne Martin n’a pas grand-chose à voir avec Weeds. La morale est bien pensante. La femme n’est que victime. Jennifer Love Hewitt est des plus lisses. Et on se demande ce que Loretta Devine et Cybill Sheperd sont venues faire ici.

Grey’s Anatomy : Saison 8

Grey’s Anatomy : Saison 8

On les aime les personnages du Seattle Grace. Mais, force est de constater que depuis au moins deux saisons, Grey’s Anatomy et les choix scénaristiques de Shonda Rhimes divisent le public. Il y a ceux qui ont mal supporté le départ de Katherine Heigl et ceux qui l’ont vite oublié, tout en reconnaissant que la saison 6 était moins bonne que les précédentes. Cependant, le très bon season finale (la tuerie) s’était chargé d’effacer la médiocrité, comme excusant tout à la showrunner. Deux ans plus tard, la série médicale n’est plus aussi enthousiasmante. Au cours de cette 8e salve, on se surprend à s’ennuyer. On rit moins et on regrette la sous-exploitation de ce qu’offraient des personnages comme Lexie et April. Shonda Rhimes rate et le téléspectateur se détourne. Et d’une énième mort violente d’un héros, nos larmes laissent place aux regrets et à la déception.