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Victoires de la musique 2012 > Le public choisit Laurent Voulzy et Orelsan

Tony Cotte
Publié le 03/03/2012 à 20:45 Mis à jour le 04/03/2012 à 01:59

Alessandra Sublet sur France 2

Après une introduction avec l’apparition d’Antoine De Caunes, en référence à l’animation des César, France 2 donne le coup d’envoi des 27es Victoires de la musique. Cette année, la cérémonie est présentée par Alessandra Sublet. Au programme : quatre heures de prestations, de récompenses et de quelques « happenings » pour « dynamiser » une soirée souvent considérée comme ronronnante. L’animatrice ouvre les festivités sur une citation de Jean-Claude Van Damme, à défaut de Jean-Luc Godard (comprenne qui pourra) : «  La musique, c’est un peu comme du cinéma, sauf qu’il n’y a pas d’image  ».

La première catégorie mise en avant est celle de la « Chanson originale de l’année ». Tout au long de la soirée, les téléspectateurs peuvent voter. Le premier nommé, Laurent Voulzy, interprète ainsi sa fameuse Jeanne. Puis, « une star mondiale » prend le relai, à savoir Mika, pour Elle me dit. En fin de prestation, le micro de celui-ci est coupé mais ne l’empêche nullement de terminer. Alors que son ancien acolyte Louis Bertignac déniche des talents sur TF1, Jean-Louis Aubert, lui, chante Puisses-tu, également en lice dans la catégorie. Enfin, la quatrième nommée, Camille, en fait de même avec son titre L’étourderie.

Tentative pour toucher le jeune public malgré la concurrence de The Voice : miser sur l’interactivité avec « les réseaux sociaux », pour ne pas citer « Twitter » considéré comme une marque. Les « meilleurs » messages sont ainsi publiés au cours de la soirée. Comprendre ici : seuls les propos extatiques. Faut-il y voir une quelconque indication : après trente minutes d’émission, seuls deux apparaissent à l’antenne.

Toujours dans le cadre de sa cure de jouvence, la cérémonie voit Alessandra Sublet déguisée en Lady Gaga pour la catégorie « Spectacle musical / tournée / concert ». L’animatrice porte une robe de chou, en référence à la tenue de viande de l’artiste américaine. Gare à la transition : l’introduction sur Bad romance précède la performance de Catherine Ringer, sur Prends-moi. Coïncidence, le titre équivoque laisse place à Putain putain de Stromaé et son compatriote belge Arno. Puis, Hubert-Félix Thiéfaine entonne La ruelle des morts. Également nommé, Jean-Louis Aubert, lui, a déjà eu l’occasion de chanteur sur scène. Son « Roc’éclair tour » ressort d’ailleurs vainqueur.


La catégorie suivante récompense le « Meilleur vidéo-clip ». En lice, Julien Doré pour Kiss me forever, Inna Modja avec French cancan, Orelsan et son Raelsan, ainsi que M et Vanessa Paradis. Le clip de La Seine, mélange de dessin animé et de prises de vues des deux interprètes, obtient le trophée. L’animatrice pense alors remettre le prix à Bibo Bergeron, réalisateur de la vidéo. Ce dernier a chargé un tiers pour récupérer la gratification.

«  À mon avis on a gagné quelques téléspectateurs de plus face à la pub sur TF1 », affirme Alessandra Sublet après un petit hommage au film The Artist. De quoi introduire le prix du « Groupe ou artiste révélation scène ». Après la performance de Skip the use, Imany, appelée la « Tracy Chapman française », prend le relai. Brigitte et Alexis HK suivent. Le duo féminin est gratifié. Les deux femmes s’embrassent sur la bouche avant de venir chercher le trophée : «  On a longtemps été des looseuses, aujourd’hui c’est très étrange d’avoir une Victoire. On dédie ce prix à tous les loosers  ».

La soirée continue, les tweets se multiplient à l’écran et la voix-off de Jeremy Michalak fait son travail. Après la Victoire du « DVD musical de l’année », remis à Laurent Thessier pour M, Alessandra Sublet fait son apparition déguisée en sumo. L’animatrice introduit le prix de l’ « Album de musiques urbaines ». En lice : Booba, Joey Starr, La Fouine et Orelsan. Ce dernier est récompensé pour son opus Le chant des sirènes. C’était sans compter l’intervention de Thomas VDB, animateur sur la chaîne, imitant Mathilde Seigner à la cérémonie des César, appelant ainsi « Didier » (Joey Starr) à le rejoindre.

Si la chaîne montre que son ambition, ce soir, était de dépoussiérer la cérémonie, cette dernière récompense aussi bien la jeune génération que l’ancienne. Hubert-Félix Thiéfaine obtient ainsi le prix de « Meilleur album de chanson ». «  C’est toujours délicat de parler de ses chansons quand on les écrit pour ne pas avoir à parler  », affirme le lauréat. Un hommage à Barbara plus tard et Izia repart avec la Victoire de « Meilleur album rock ». La jeune femme est invitée à prendre place sur scène. Au cours de sa performance et face à un auditoire en petite mort, la fille de Jacques Higelin n’hésite pas à demander à deux reprises «  Vous êtes morts ? ».


Après les catégories « Album de musiques du monde  » (Jehro) et «  Album de musiques électroniques ou dance » (Justice), l’heure est venue de récompenser l’ « Artiste interprète féminine  ». « L’icône de toute une région », Nolwenn Leroy, entonne alors son Tri Martolod et Zaz en fait ensuite de même avec Eblouie par la nuit. Les deux femmes concourent au même titre que Camille et Catherine Ringer, déjà passée sur scène un peu plus tôt dans la soirée. Cette dernière obtient la récompense. « C’est un grand honneur d’être encore là. Je suis très heureuse de compter encore pour vous, d’être utile, de faire des chansons qui servent à quelque chose  », affirme-t-elle avant de remercier le défunt Fred Chichin.

Pour l’ « Artiste interprète masculin », Julien Clerc vient interpréter Le temps d’aimer, suivi de Thomas Dutronc et Benjamin Biolay. C’est finalement Hubert-Félix Thiéfaine qui décroche la Victoire, sa deuxième de la soirée. La figure du rock indépendant, âgée de 63 ans, cite alors Jules Renard : «  Il y a des moments où tout réussit, mais ne vous inquiétez pas, ça passe  ». L’artiste réalise un doublé, au même titre qu’Orelsan, élu ensuite la « Révélation du public ».

Le « point d’orgue de la soirée » est atteint avec la révélation de la « Chanson originale de l’année ». Après Comme des enfants de Cœur de pirate en 2010 et Je veux de Zaz, l’année suivante, Laurent Voulzy l’emporte avec sa Jeanne. Le single, issu de son album de « pop médiévale » Lys and love, évoque une histoire d’amour entre un homme d’aujourd’hui et une femme du passé. C’est pourtant dans le présent que l’interprète remonte sur scène pour proposer à nouveau son œuvre pour accompagner le générique de fin.