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William Fichtner (Crossing lines) : ses vérités sur les séries Invasion et Prison Break

Tony Cotte
Publié le 24/10/2013 à 18:40 Mis à jour le 01/11/2013 à 15:43

Il sera l’an prochain Shredder dans le film Les tortues ninja. En attendant, William Fichtner, connu en France essentiellement pour son rôle dans Prison break, est présent tous les jeudis soir en première partie de soirée sur TF1. Dans Crossing lines, il incarne Carl Hickman, un ancien inspecteur de la police de New York, décrit comme un profiler surdoué. À l’occasion de sa venue à Paris, l’acteur a rencontré Toutelatele.com et est revenu sur plusieurs de ses rôles sur le petit écran...

Tony Cotte : Comment vous êtes-vous retrouvé impliqué sur le projet Crossing lines ?

William Fichtner : Mon agent m’a appelé l’été dernier et m’a parlé d’une série tournée en Europe. J’ai lu le scénario des deux premiers épisodes et j’ai ensuite accepté. Je procède toujours ainsi : je lis les scripts et si je crois en l’histoire et en mon personnage, j’accepte la proposition. C’est aussi simple que ça. Vous pouvez ne pas me croire, mais l’argent n’est pas mon moteur. Pour Crossing lines, je me suis entretenu à deux reprises avec Ed Allen (Edward Allen Bernero, scénariste en chef et producteur, ndlr). Notre échange a été très intéressant. Je devais alors en parler à ma femme puisque nous étions à Los Angeles. Ce n’est pas comme si le tournage était à proximité...

Lui avez-vous demandé l’autorisation ?

Je n’aurais pas accepté si nous n’étions pas tous partants pour déménager avec ma femme et mes enfants. Ce n’était pas vraiment demander la permission, mais prévenir que je ne pouvais pas le faire sans eux. Même si j’ai pris beaucoup de plaisir sur le tournage de Crossing lines, le meilleur de cette expérience a été les moments passés en famille à l’étranger.

« Les journées de travail allégées ont l’air spécifiques à la France »

Quels ont été les inconvénients ?

Rien ne me vient à l’esprit. Je n’ai que rarement des désagréments dans mon travail. J’aime le groupe que nous formons, ainsi que mon personnage. Nous sommes acteurs, pas chercheurs en médecine... (Il s’interrompt) En fait, non ! J’ai rencontré quand même une difficulté : m’adapter au décalage horaire. Pendant trois mois, je me suis réveillé chaque nuit à trois heures du matin. Après je vois ça comme un challenge en soi, pas un « inconvénient ».

En Europe, les tournages ont lieu sur des journées de travail moins lourdes qu’aux États-Unis. Considérez-vous ces conditions plus saines ?

De mon point de vue, ça a l’air plus spécifique à la France. Je vous assure que nos journées à Prague étaient très longues, exactement de la même façon qu’aux États-Unis. Il n’était pas rare d’avoir à travailler pendant 13 heures sur une seule journée. Le seul moment où nous avons eu un emploi du temps léger, c’était ici, en France. Ça ne me dérange pas d’avoir des journées bien remplies. Je sais que c’est difficile de faire une série télévisée et que ça exige un investissement total afin de pouvoir tourner 60 pages de scénarios sur 8 à 9 jours maximum. C’est même la seule façon d’y arriver.

Vous avez travaillé avec Gore Verbinski, réputé pour être perfectionniste. Tourner un film comme Lone Ranger est-il plus stimulant qu’une série télévisée comme Crossing lines ?

Ce sont deux expériences très différentes. Au bout du compte, ça reste du spectacle avec de bonnes histoires. Gore est génial et Lone Ranger est, pour moi, la meilleure expérience professionnelle de ma carrière. J’ai adoré y avoir participé et travaillé avec ce casting. J’ai eu la chance dans ma vie d’avoir pu participer à des blockbusters et d’avoir pu collaborer avec Jerry Bruckheimer à quatre reprises. C’est excitant et inoubliable. Certes vous pouvez passer plus d’une journée sur une seule séquence, mais vous savez que vous participez à quelque chose de grand.

Partie 2 > Entourage, Invasion, Prison break et le film Les tortues ninja


Dans Entourage, vous avez prêté vos traits à Phil Yagoda, un producteur. Ce personnage est-il représentatif des professionnels avec qui vous avez pu collaborer dans votre parcours ?

J’adore Jerry Bruckheimer, c’est un homme honnête et qui va droit au but. Je pourrais travailler avec lui pour le reste de ma vie. Et, à mes yeux, c’est l’exemple parfait d’un producteur qui est vrai. Pour Phil Yagoda, j’ai fait en sorte qu’il soit crédible. C’était un peu le but de mon travail ; je ne voulais pas en faire une caricature. À l’origine, j’ai été engagé sur Entourage pour faire un seul et unique épisode. Mais les scénaristes ont beaucoup aimé ce personnage et ont voulu le faire intervenir à plusieurs reprises.

Vous auriez affirmé que Prison Break s’était « perdue » en cours de route. Pouvez-vous nous en expliquer les raisons ?

J’ai effectivement senti qu’au cours de la dernière saison, mon personnage était arrivé au bout de ce qu’il était possible de faire. Une fois qu’Alex Mahone a retrouvé ceux qu’ils pourchassaient jusqu’alors, nous n’étions qu’à mi-chemin de la saison. J’étais toujours impliqué pour le reste, mais j’avais l’impression que tout le potentiel avait déjà été exploité.

« L’annulation de la série Invasion a été une délivrance pour moi »

Vous auriez également dit “Parfois, il y a un dieu et il m’a écouté le jour où ils ont annulé la série Invasion”. Des propos étonnants...

(Rires) Où avez-vous déniché ça ? Mais c’est vrai, je l’ai effectivement affirmé. Je tiens à préciser qu’il y a toujours un dieu. Invasion n’a pas été une grande expérience pour moi, de tout point de vue, et ce, pour des raisons que je ne vais pas évoquer ici. Disons que les circonstances étaient uniques et je n’ai jamais vécu ça de toute ma vie. En dehors de cette série, je n’ai pas souvenir d’avoir déjà ressenti à ce point l’envie de quitter un travail. Alors, le jour où la chaîne ne l’a pas renouvelée pour une seconde saison, ça a été une délivrance. J’ai vraiment ressenti de la joie ce jour-là. C’est tout ce que je peux dire !

Vous avez débuté dans le soap As the world turns. De nombreux acteurs issus de ce genre de feuilletons affirment que c’est un très bon entrainement. Avec votre recul et votre expérience, partagez-vous cet avis ?

Ça ne fait aucun doute. Ce que les deux années passées sur ce feuilleton m’ont appris a été essentiel. Vous êtes filmé en permanence et vous devez boucler un épisode en une seule journée quand sur une série comme Crossing lines, huit à neuf jours sont nécessaires. Le soap m’a permis de m’habituer à la caméra, de l’apprivoiser et d’être moins nerveux face à elle. Au bout de six mois, j’étais même à l’aise dans cet exercice, car je le pratiquais quotidiennement. Quand on me demande aujourd’hui de jouer une scène devant une équipe technique constituée d’une centaine de personnes, je ne ressens pas de pression et je prends du plaisir à le faire. C’est certain que je dois ça à As the world turns.

Vous allez incarner Shredder dans le film Les tortues ninja l’an prochain. Un choix surprenant, le personnage étant censé être japonais...

Je sais qu’à l’origine, son véritable nom est Oroku Saki et qu’il est asiatique. Mais les scénaristes l’ont rebaptisé Éric Sachs. C’est un homme fascinant. Si vous avez grandi dans les années 80, vous ne pouvez pas ne pas connaître les tortues ninja, aujourd’hui encore, cette marque touche plusieurs générations. Il y a tout un culte autour. Mon fils aîné aime beaucoup, même le plus jeune adore jouer avec les figurines. Et si je connais mal cet univers, ça a été amusant et excitant de faire partie de cette aventure. Je ne peux pas révéler grand-chose, mais mon personnage et ses relations avec les autres sont vraiment bien exploités.

Avez-vous dû porter une lourde armure ?

J’ai porté une armure, mais plusieurs éléments ont été ajoutés par motion capture. De même pour les tortues. Ce n’est pas un film d’animation, mais vraiment du live action ; ce que vous allez voir sera visuellement unique.