Toutelatele

Caroline Riou (Laetitia Belesta dans Plus belle la vie) : « Le départ de Laurent Orry m’a fait mal... c’était bouleversant »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 17/11/2019 à 19:23

Caroline Riou est l’interprète de Laetitia Belesta, arrivée au Mistral en 2014. Récemment, son personnage a connu une immense perte avec le meurtre de son mari Jérôme. Pour Toutelatele, l’actrice est revenue sur ce départ choc, tout en offrant quelques perspectives d’avenir à son personnage ainsi qu’à la famille Belesta.

Joshua Daguenet : Les dernières semaines ont été très intenses pour Laetitia entre la mort de Jérôme et le retour d’Arnaud Mougin. Comment avez-vous vécu cette intrigue de l’intérieur ?

Cela a été bouleversant pour le personnage de Laetitia, et de mon côté, ce fut super car cela fait deux ans que je n’avais pas été dans une grosse intrigue. Le départ de Laurent [Orry, interprète de Jérôme Belesta] m’a fait mal même s’il a assumé ses responsabilités.

Comment avez-vous réagi à l’annonce de son départ ?

Laurent avait pris sa décision en décembre 2018 car il souhaitait passer à autre chose. C’est compliqué quand on travaille depuis cinq ans avec un partenaire avec qui ça se passe très bien. Je me suis demandée comment cela allait se passer par la suite car la famille Belesta est indivisible.

Avez-vous redouté que cela mette en péril l’avenir de la famille Belesta au sein du feuilleton ?

Oui, exactement. Nous nous sommes demandé comment les auteurs allaient rebondir pour faire vivre cette famille sans le mari. Jérôme aurait pu se rendre à l’étranger mais ils l’ont fait partir en grande pompe.

Quelle a été l’ambiance lors des adieux de Laurent Orry ?

L’ambiance était lourde. Lui avait décidé de partir et il en avait gros sur la patate car il s’est rendu compte qu’il lâchait une famille. Nous tournons rarement chronologiquement, mais là, l’une des dernières séquences tournées avec Laurent est celle de la morgue. Laetitia et le gamin sont bouleversés. C’est à la fois l’adieu d’un copain et l’adieu du personnage et de son mari. Mais c’est la vie… et que du cinoche ! (rires)

« Entre Laetitia et Sébastien, il y a autre chose, mais elle ne peut pas le voir »

Les relations avec Tom ont été compliquées pendant le drame. En théorie, elle n’a aucun droit sur l’adolescent. Comment voyez-vous la suite entre votre personnage et le jeune homme ?

Laetitia lui a ouvert son cœur en lui disant qu’elle aime comme son gamin. Je pense que cela va aller de mieux en mieux entre eux avec Kévin qui prend la responsabilité de l’homme. Il restera un lien extrêmement fort entre tous les deux.

L’obtention du BAC de Laetitia n’a pas eu de répercussions dans sa carrière. Souhaiteriez-vous que Laetitia mue professionnellement une fois sa période de deuil observée ?

Evidemment, parce que cela permettrait de donner la suite à l’intrigue qui a fait dire qu’à quarante ans, les gens ne sont pas complètement foutus et rouillés. Aujourd’hui, on nous met dans des voies dans lesquelles il est difficile de faire marche arrière. Pour Laetitia, ce serait chouette d’engranger un autre boulot pour l’aspect financier.

Voyez-vous un avenir sentimental à la relation entre Laetitia et Sébastien ?

Ils ont vécu quelque chose de très fort au moment du drame et ils ne se seraient jamais rencontrés sans celui-ci. Sébastien a beaucoup d’affection pour Laetitia, mais elle le voit pour l’instant comme un réconfort, un ami de la famille car elle reste dans le deuil. Néanmoins, je pense qu’il y a autre chose mais elle ne peut pas le voir.

Laetitia est arrivée dans la série avec un seuil de tolérance limité sur plusieurs sujets, dont l’immigration. A-t-elle évolué à ce niveau ?

On va dire directement qu’elle était Front National et que le social n’existait pas. Elle n’était pas ouverte. C’est plus facile de culpabiliser ce qui nous entoure que de se remettre en question. Depuis, elle a évolué. Le virement a eu lieu avec l’intrigue autour du Front National où elle était à fond dans les tracts. Elle s’est rendue compte en suivant ce mouvement qu’elle se retrouvait le bec dans l’eau. Aussi, quand le personnage de Laurent a tué le jeune gamin, il s’est retrouvé enrôlé par les extrémistes. Le couple a réalisé que cela ne correspondait pas à leurs valeurs.

La famille Belesta est en quelque sorte la famille souffre-douleur du Mistral. Aspirez-vous désormais à un peu plus de légèreté dans les intrigues ?

Je n’en suis pas sûre. De la légèreté, oui, car on ne peut pas toujours être au taquet avec la misère du monde qui nous tombe sur les godasses… Mais la famille Belesta, c’est la vie. Elle représente 70% des Français. Nous avons tous des problèmes pour payer les études des enfants, un permis de conduire… Si on n’est pas deux à travailler dans un couple, on s’expose à des gros soucis. Cette famille est celle qui n’existait pas au Mistral même si les Boher étaient assez proches de la population française.

« Quand vous travaillez dans Plus belle la vie, vous pouvez aller n’importe où »

Actuellement, les principales femmes de Plus belle la vie sont réunies dans la grande intrigue féministe. Si l’on omet les inévitables roulements entre les comédiens et leurs personnages, quelle place Laetitia aurait-elle pu avoir dans cet arc ?

De par ses valeurs, Laetitia aurait essayé de ne pas être totalement écrasée. Maintenant, il y a un turn-over avec les intrigues car nous sommes une cinquantaine de comédiens récurrents. Il est difficile d’être partout.

David Marchal, interprète de Clément, vous a citée parmi les actrices avec lesquelles il aimerait partager une intrigue. De votre côté, quels personnages ou interprètes vous attirent tout particulièrement ?

J’ai déjà échangé avec un comédien arrivé il y a deux ans et que j’adore : Régis Maynard [interprète d’Eric, ndlr]. J’adore le mec et l’acteur ! Je le trouve génial dès que je le vois dans les intrigues mais la rencontre de certains comédiens est compliquée. En cinq ans, je n’ai jamais tourné avec plein d’entre eux que je croise à l’hôtel ou lors de la bascule. Il ne faut pas oublier qu’il y a un budget pour chaque intrigue et que l’on ne peut pas être trente pour des équipes de six semaines. Pour les intrigues A, deux familles sont souvent réunies comme les Belesta et les Nebout récemment.

Votre dernier rôle au cinéma remonte à dix ans. Est-ce un milieu fermé quand on est un personnage récurrent dans un feuilleton quotidien ?

C’est un milieu fermé même quand on ne travaille pas. La plupart de mes amis sont d’excellents comédiens et s’ils arrivent à tourner deux ou trois jours dans l’année sur une série, c’est le pompon. J’ai une chance énorme il y a cinq ans d’avoir passé des essais et d’avoir été choisie. Le cinéma est plus compliqué que la télévision. Il y a quelques années, cela posait un problème d’être un récurrent à la télé pour rejoindre le cinéma, mais maintenant, les choses bougent car énormément de gens anciennement du petit écran ou du cinéma arrivent dans les séries. Certains vieux de la vieille débarquent dans Plus belle la vie et ça casse une image. Et puis, il faut arrêter de sectoriser le feuilleton qui réunit tous les jours 3.4 millions de téléspectateurs. Au niveau du tournage, c’est de la bombe atomique. Quand vous travaillez dans Plus belle la vie, vous pouvez allez n’importe où.