Toutelatele

Cyril Féraud (La carte aux trésors) : « Slam cohabite très bien avec Affaire conclue »

Par
Rédacteur - Expert TV
Publié le 09/10/2019 à 19:49

Ce mercredi 9 octobre, La carte aux trésors signera son grand retour sur France 3. Cyril Féraud se confie sur les nouveautés de la saison 2 de la nouvelle version du célèbre jeu d’aventure. Du dixième anniversaire de Slam à la relance de Personne n’y avait pensé, il dresse un bilan de ses deux jeux quotidiens. L’animateur évoque également ses projets.

Benoît Mandin : Quel bilan avez-vous tiré de la première saison de La carte aux trésors ?

Cyril Féraud : L’émission a prouvé qu’elle avait manqué aux téléspectateurs. Lorsqu’on a convaincu France 3 avec Emmanuel Garcia (directeur délégué aux jeux, ndlr) de relancer La carte aux trésors, on s’était donné pour objectif que cela se ressente dès le premier épisode. Le public a été rendez-vous et l’audience s’est maintenue au fur et à mesure des huit numéros. La carte aux trésors est revenue avec une narration modernisée et une nouvelle méthode pour filmer. Nous avons intégré une caméra de cinéma ultra définition sur mon hélicoptère et des GoPro, accrochés aux sacs à dos des candidats.

Diriez-vous que le passage de La carte aux trésors en émission événementielle a contribué à ce succès ?

Si on avait relancé l’émission l’été pour une diffusion d’une dizaine d’épisodes consécutifs, ça n’aurait pas été un succès. Le fait de la diffuser par salves de deux ou trois numéros crée le manque et donne envie d’y retourner. Cela n’a qu’un « défaut » quand on arrête une salve, les téléspectateurs écrivent : « Mais c’est fini ? Ça n’a pas marché ? Qu’est-ce qui s’est passé ? ».

L’émission a affiché une moyenne de 11% auprès des quatre ans et plus. Les objectifs fixés par la chaîne ont-ils été atteints ?

À 11%, clairement oui ! Il ne pas oublier que l’on se glisse dans les pas de Des racines et des ailes le mercredi soir. C’est une marque forte de France 3. Le vrai pari était de faire venir des téléspectateurs qui habituellement ne regardent pas Des racines et des ailes sans faire fuir les fidèles du magazine. Je crois qu’on a réussi ce pari. Faire 11% avec un jeu d’aventure, qui est avant tout une émission de patrimoine, en prime time, ce n’était pas gagné d’avance ! Si la saison 2 arrive à côtoyer les 12%, je serais le plus heureux des animateurs.

« Un cloché penché va rendre fou les candidats »

La saison 2 de La carte aux trésors sera lancée le mercredi 9 octobre à 21 heures. Pourquoi avoir choisi les Côtes-d’Armor comme première destination ?

On n’avait pas encore tourné d’épisodes en Bretagne. On avait envie d’y aller, car on sait à quel point les Bretons sont fiers de leurs racines. À travers les énigmes, il y avait plein d’histoires à raconter. C’est toujours aussi agréable de filmer depuis les airs le littoral. Les Côtes-d’Armor possèdent la Côte de Granit Rose, l’un des plus beaux littoraux de notre pays. J’ai été le premier surpris en découvrant que son eau est turquoise. Autre pépite de ce département : l’île de Bréhat. La nature y est préservée et les voitures sont bannies depuis quelques années.

À quoi peuvent s’attendre les téléspectateurs ?

Ils vont assister à une course épique sur l’île de Bréhat. Vu qu’il n’y a pas de voiture, les deux candidats vont devoir faire preuve d’imagination pour la traverser le plus vite possible. Les cadreurs, qui courent derrière les candidats avec douze kilos sur les épaules, sont vraiment des guerriers. Dans cet épisode, il va y avoir de la cascade (rires). J’ai bien aimé une énigme autour des légendes et des mystères entourant les Côtes-d’Armor. C’est un département dans lequel il y a beaucoup de monuments inexpliqués. On ne sait pas pourquoi ils ont été construits, par qui et à quel moment. Un clocher penché va être au cœur d’une énigme. Il est assez rigolo et va rendre fous les candidats.

Participez-vous à l’élaboration des énigmes ?

Je suis le conseiller artistique de La carte aux trésors. Je participe avec toute l’équipe de production à l’écriture des énigmes et j’interviens au montage de l’émission. Je suis très attentif au rythme qu’on lui donne et à la façon dont on raconte l’histoire des candidats. C’est très important pour les téléspectateurs de toujours comprendre pourquoi un candidat prend telle direction ou change de cap. Il faut également trouver comment bien insérer les petits moments de patrimoine.

« France 3 me donne la possibilité de toucher des univers très différents »

Quels critères sont requis pour une bonne énigme ?

Il faut toujours qu’elle soit surprenante, ludique et différente. On doit trouver quatre énigmes par émission qui nous entraînent dans des territoires et paysages différents. Quand on arrive dans un département, le seul problème est qu’on pourrait en faire huit ou dix. Bien que tout nous paraît intéressant, il faut faire un tri. La diversité des paysages et le côté ludique sont les deux éléments primordiaux d’une énigme. Pour cette nouvelle version de La carte aux trésors, j’ai tenu que de l’humour soit intégré à l’émission. Et au final, elle est souriante.

Des nouveautés vont-elles être apportées pour la saison 2 ?

L’émission est un petit peu plus longue. On gagne entre dix et quinze minutes d’antenne. L’idée est de proposer davantage d’images aériennes aux téléspectateurs. On a tenu à s’associer à une entreprise à vocation sociale. Elle participe à la reforestation des zones en France qui en ont besoin. L’ensemble des émissions carbone des hélicoptères sur le tournage de La carte aux trésors sont compensées grâce à ce partenaire.

Au cours de leur parcours, les candidats sollicitent l’aide d’anonymes. Ces derniers sont-ils informés en amont d’un tournage de La carte aux trésors dans leur région ?

Non, on ne les prévient pas. Les candidats ne connaissent pas par avance la région dans laquelle ils vont évoluer. On leur donne rendez-vous à Paris et le déplacement jusqu’au lieu de tournage se fait en hélicoptère. On tourne plusieurs émissions d’affilée. Quand ce sont les candidats du deuxième numéro, on leur donne rendez-vous dans la région de la première émission. Ils ne savent jamais réellement où ils vont.

« Au bout de dix ans, Slam fonctionne toujours aussi bien »

Comment vous assurerez-vous qu’ils n’auront aucun moyen d’accéder à internet ?

Quand on récupère les candidats, on leur retire téléphones portables, tablettes et l’ensemble des matériels susceptibles d’être connectés. Ils n’ont pas d’accès à un téléphone même dans la chambre d’hôtel. On enlève même tous prospectus pouvant donner des informations sur la région. Pendant l’aventure, on ne prévient jamais la presse locale de notre arrivée. L’objectif est que les candidats rencontrent des vraies gens. Les habitants doivent être surpris de voir débarquer des candidats de La carte aux trésors. Quand les gens sur le parcours disent : « Attendez, je prends mon portable », les candidats ou le cadreur leur rappellent que c’est interdit. Cela arrive une ou deux fois par épisode et on l’a déjà montré à l’antenne. Ils doivent se débrouiller comme à l’époque où il n’y avait pas les portables et les GPS.

Quelles destinations sont prévues pour les prochains épisodes de la saison 2 ?

Après les Côtes-d’Armor, la Seine-Maritime et les lacs de Savoie vont être diffusés. On a déjà tourné les Alpes-de-Haute-Provence, mon département natal, et la Champagne.

Depuis 2009, vous êtes à la tête de Slam chaque après-midi. Malgré la montée en puissance de France 2 avec Affaire conclue, le jeu se maintient devant TF1. Comment analysez-vous ce succès ?

On va fêter les dix ans de Slam ! Lors de son lancement, ce jeu de création française a été installé dans une toute petite case de l’après-midi qui était consacrée à des rediffusions de 30 millions d’amis. Slam est toujours là aujourd’hui et cohabite très bien avec Affaire conclue. C’est une vraie force pour France Télévisions. C’est génial de se dire qu’au bout de dix ans, Slam fonctionne toujours aussi bien. Nous sommes dans une remise en question permanente. On modifie sans cesse les typologies de question, les éléments de décor et d’habillage. Ma façon d’animer change également régulièrement. Avec Slam, on a construit un vrai rendez-vous souriant et sympathique. Les téléspectateurs ne viennent pas que pour jouer. La présentation des candidats est très importante. Il y a beaucoup de gimmicks : le bisou magique, l’alerte prof de maths, Marguerite la vache… Toute une histoire existe maintenant autour de l’émission. C’est chouette d’avoir construit une famille et un lien aussi fort avec les téléspectateurs.

« Pour les 10 ans de Slam, on va créer des émissions spéciales »

Comment préparez-vous le dixième anniversaire de Slam ?

On va créer des émissions spéciales. Le dixième anniversaire sera fêté en janvier ou février 2020. On a envie de marquer le coup, car un jeu de dix ans de création française qui cartonne, c’est rarissime à la télévision.

L’événement pourrait-il marquer l’arrivée de Slam en prime ?

Slam est un format de trente-trois minutes qu’on a réussi à élargir à cinquante-deux minutes avec Le Grand Slam le dimanche. Un prime time, c’est minimum deux heures et demie. Je ne sais pas si Slam a la force d’une première partie de soirée. On envisage toutes les possibilités. J’ai une dizaine de primes par an donc je connais la difficulté de rassembler un public large en soirée.

Quel bilan tirez-vous de la relance de Personne n’y avait pensé, diffusé au quotidien depuis 2018 ?

Quand Dana Hastier (directrice de France 3 à l’époque, ndlr) m’a convoqué pour me dire : « Je veux lancer un deuxième jeu quotidien avec toi », je suis tombé de ma chaise. Je redoutais que ça fasse trop pour les téléspectateurs. On a retravaillé le concept avec les équipes d’Endemol. Je me suis associé à eux pour le rendre plus ludique, coloré, musical et souriant. Dès la première semaine, Personne n’y avait pensé était déjà à deux, trois points au-dessus de la moyenne de la case horaire.

Ne redoutez-vous pas les restrictions budgétaires imposées par l’Etat à France Télévisions ?

En termes de jeu, elles ont été imposées il y a très longtemps. On ne peut pas sortir Slam et Personne n’y avait pensé à un tarif moindre. Je tourne jusqu’à sept épisodes par jour de Slam. La rentabilité de ce jeu est assez remarquable. On peut faire des économies sur plein de choses, mais sur les jeux je ne vois pas où ce serait possible. À un moment, on ne va pas en tourner vingt par jour. L’Etat demande un vrai effort financier à France Télévisions et on n’a pas d’autre choix que de s’y plier. Cet effort est demandé partout en Europe. On droit trouver une nouvelle façon d’organiser la production des émissions. France Télévisions est à un virage en termes de façon de consommer les contenus.

« Ça pourrait m’amuser d’incarner une fiction de France Télévisions »

Parallèlement à ces émissions, avez-vous d’autres projets ?

Il y a aussi le spectacle vivant que je suis fier d’incarner sur France 3. Cette saison, je vais encore présenter le Festival interceltique de Lorient, la Grande parade des nations celtes, Musiques en fête et le Festival du cirque de Monte-Carlo. Si l’on cumule avec La carte aux trésors, ça fait plus d’une dizaine de primes par an. L’objectif est de continuer à faire tout ça avec la même envie et le même plaisir, et ce malgré un emploi du temps très complexe. Un nouveau projet excitant se prépare : Le grand concours des chorales. On élira la meilleure de France avec des chorales issues de toutes les régions. Je n’ai jamais présenté d’émissions de variétés en direct et en prime. Il faut être honnête, je suis un privilégié. France 3 me donne la possibilité de toucher à des univers très différents.

Vous avez été approché pour participer à des fictions…

Certains producteurs m’ont fait des propositions de fictions. Ça peut me plaire, mais il faut trouver du temps pour ça et surtout avoir le talent. Autant que le métier d’animateur télé ne s’apprend pas en quinze jours, on ne devient pas comédien en claquant des doigts. Ça pourrait m’amuser un jour d’incarner une fiction de France Télévisions.

France 2 va lancer une déclinaison de Fort Boyard. Avez-vous été contacté pour être candidat dans Boyard Land ?

Oui, mais je tournais La carte aux trésors à ce moment-là. Je suis très proche de toute l’équipe de production de Fort Boyard et d’Olivier Minne. Ça m’aurait fait plaisir d’aller tester Boyard Land sans savoir où je mettais les pieds, mais j’ai dû décliner…