Toutelatele

Des Anges de la télé-réalité à Star Academy, le bilan de Stéphane Joffre-Roméas, directeur des programmes de NRJ12

Robin Girard-Kromas
Publié le 02/07/2013 à 13:08 Mis à jour le 11/07/2013 à 14:06

Cette saison, NRJ12 n’a cessé de faire parler d’elle. Du remake de la Star Academy décrié à l’incroyable succès des Anges de la télé-réalité, la chaîne a su créer le buzz. Pour Toutelatélé, Stéphane Joffre-Roméas, directeur des programmes, fait le bilan et dévoile les premiers contours de la rentrée 2013. Entretien.

Robin Girard-Kromas : Cette saison, NRJ12 affiche 2.4% de part de marché, un résultat stable sur un an. Quel bilan dressez-vous aujourd’hui dans un paysage audiovisuel de plus en plus fragmenté ?

Stéphane Joffre-Roméas : C’est un bilan extrêmement positif, car nos résultats se sont consolidés auprès des cibles commerciales, que ce soit les 25-49 ans ou les femmes de moins de 50 ans responsables des achats. Entre 2011 et 2013, nous avons par exemple progressé de 42% sur cette cible. Aujourd’hui, on a un public très structuré comme on le souhaitait et comme l’avaient défini le président Jean-Paul Baudecroux et la régie commerciale. Tout en continuant à innover et créer.

Le succès de la saison revient aux Anges de la télé-réalité 5 qui ont porté la grille depuis le mois de mars. Comment analysez-vous cette performance ?

Nous avons eu un phénomène avec Les anges de la télé-réalité 5, suivis par près de 920 000 téléspectateurs en moyenne. Nous avons réalisé d’excellentes performances sur les cibles avec 10.6% des 25-49 ans et 15.3% des femmes de moins de 50 ans responsables des achats. Le programme a dépassé 25 fois la barre du million et je pense que l’on peut parler de phénomène de société. Nous avons été les premiers à nous lancer dans le genre de la série-réalité et aujourd’hui, nous conservons le format le plus suivi avec Les Anges. Ce n’était pas une marque connue au départ, nous avons été audacieux et cela a payé.

« La saison 5 des Anges n’a pas été trop longue »

Les audiences des Anges de la télé-réalité 5 se sont un peu tassées en fin de saison. Celle-ci n’a-t-elle pas été trop longue ?

Je ne pense pas. La moyenne du programme reste très bonne, nous ne pouvons pas toujours dépasser le million de fidèles. Même si on a un épisode qui fait 700 000 ou 800 000 téléspectateurs, cela reste d’excellentes audiences. D’autant que cela dépend aussi de la dramaturgie de chaque épisode et du cliffhanger précédent, qui est plus ou moins puissant. Je pense que cette saison a été bien dosée et nous a assuré une forte audience de mars à début juillet. Avec près de 100 épisodes, on peut parler de soap nouvelle génération.

Cette année, vous avez proposé pour la première fois une première partie de soirée consacrée aux Anges de la télé-réalité. Avez-vous été satisfait du résultat ?

On est très heureux, car le premier prime a fait plus d’un million de téléspectateurs en comptabilisant l’audience différée. Je suis très confiant pour le second, diffusé à l’occasion de la fin de la saison 5 ce 2 juillet. Je pense qu’il y a une vraie possibilité d’avoir certains contenus en prime time sur des marques qui réunissent autant de public en access. Après, il faut les travailler différemment. C’est une de nos volontés.

L’année dernière, vous avez laissé reposer Les Anges de la télé-réalité pendant près d’un an avant d’offrir une nouvelle saison inédite. Comptez-vous opérer de la même façon pour la saison 6 ?

Oui, avec Jean-Paul Baudecroux, Christine Lentz et tout le groupe NRJ, nous sommes pour l’alternance de marques. On a la chance avec NRJ12 d’avoir innové et de disposer aujourd’hui de nombreuses marques comme Hollywood Girls, L’ile des vérités ou Les Anges de la télé-réalité. Par ailleurs, nous allons encore lancer de nouveaux programmes. Nous pouvons donc alterner. Le public aime être surpris et je pense que la télévision va évoluer ainsi. J’aime créer de l’attente sur un programme pour le faire désirer.

Partie 2 : L’arrivée du Mag en prime et les tensions Ayem / Delormeau


Matthieu Delormeau a annoncé l’arrivée en prime time du Mag pour des émissions spéciales. Pouvez-vous préciser en quoi consiste cette « promotion » ?

Nous allons offrir des soirées spéciales au Mag pour certains évènements. Mais ce ne sera pas forcément du prime time, cela pourra être sur des secondes parties de soirées. Matthieu est l’un des piliers de l’antenne, il fonctionne bien avec Ayem Nour et la bande. Par ailleurs, nous allons allonger l’émission à la rentrée et faire certains numéros en public. Je pense que les téléspectateurs se sont vraiment attachés à ce petit groupe, qui leur permet de décompresser en rentrant chez eux.

Certaines tensions sont survenues entre Ayem Nour et Matthieu Delormeau ces derniers temps. En tant que directeur des programmes de NRJ12, comment avez-vous géré ce conflit ?

Quand on est directeur des programmes, on voit ses animateurs et on essaye de comprendre pourquoi il y a pu y avoir de petites tensions. Dans ce cas-là, c’était très léger, il y a eu beaucoup de choses fausses dites dans la presse. C’est comme dans toutes les associations de personnes, il y a des hauts et des bas. A un moment donné, il y a eu un petit bas, mais c’est réglé, ils se sont dit les choses, on a avancé et aujourd’hui tout va bien

« L’île des vérités revient avec des nouveaux aménagements »

Vous avez mentionné L’île des vérités comme l’une des marques de NRJ12. Doit-on donc s’attendre au retour du programme la saison prochaine ?

Oui, mais avec des aménagements. L’île des vérités est une marque qui a rassemblé près de 520 000 téléspectateurs et 7% sur les femmes de moins de 50 ans responsables des achats. La seconde saison a été celle de la révélation. L’année prochaine, nous allons donc encore optimiser tout cela. On retrouvera notamment un engagement caritatif comme dans tous les programmes que nous mettons à l’antenne. Par exemple, dans Les Anges de la télé-réalité 5, les candidats ont apporté près de 15 000 euros pour la construction d’une école. Je pense que c’est important aujourd’hui, même dans le divertissement, de braquer les projecteurs sur le tissu associatif et d’éduquer un peu les nouvelles générations. Cela peut paraitre futile, mais ce genre de promesse est essentielle pour nous. Il faut que les candidats s’occupent aussi des autres et c’est important de le valoriser.

Hollywood Girls sera de retour à la rentrée pour une troisième saison. Comment allez-vous gérer tout ce stock de programmes ?

Une année, c’est assez long ! Nous voulons proposer de l’inédite pendant toute la saison. Et un programme peut ne pas fonctionner, il faut donc pouvoir switcher et ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Dans tous les cas, la saison 3 de Hollywood Girls s’annonce déjà explosive ! On a eu les premiers rushs et le résultat est exceptionnel. Hollywood Girls est devenu notre soap nouvelle génération, notre Plus belle la vie à nous.

« Nous sommes très attentifs aux avis du CSA »

Le CSA a indiqué être très vigilant quant à la signalétique et au contenu des diverses séries-réalités. Quelle est votre réaction à ce sujet ?

On est attentif. On est encore plus précautionneux qu’avant, on écoute les recommandations du CSA. Aujourd’hui, ces programmes restent des soaps pour toutes les générations, glamour et dans leur temps.

Cette saison, Secret Story connaît quelques difficultés à retrouver son public. Comment analysez-vous ces résultats ?

Secret Story reste une émission de référence. Il faut lui laisser le temps de s’installer, car l’enfermement met peut-être plus de temps. Après, je pense qu’on est aussi passé dans une nouvelle génération. Le genre n’est pas mort, mais il faut le réinventer. Il y a des mixtes à trouver dans les écritures. Il faut toujours proposer de la nouveauté, chaque saison. Il faut accepter de se remettre en danger, on ne peut plus donner au public la même chose qu’avant. Il faut de vrais changements marquants.

Qu’en est-il d’une éventuelle collaboration avec Loana, longtemps apparue sur la chaîne ?

Loana aura toujours la porte ouverte chez NRJ12. C’est une jeune fille fragile qu’on suit avec attention. On sera toujours là pour elle en fonction de ses envies.

Partie 3 : Le bilan de Vous êtes en direct et la Star Academy


Chef de projet sur la Star Academy, Brice Juigné a estimé que NRJ12 avait été en partie responsable de l’échec du programme. (« C’était un non-sens de vouloir faire de la Star Academy une émission comme Les anges de la télé-réalité (...) NRJ12 a eu les yeux plus gros que le ventre » ). Quelle est votre réaction à ce sujet ?

Je n’ai aucun commentaire, cela ne reflète pas la réalité selon moi. Pour nous, la Star Academy reste une belle aventure. Nous avons fait des prime avec une moyenne de 1.2 million de téléspectateurs sur treize semaines, ce que nous n’avions jamais fait. Ce sont aussi des quotidiennes qui ont fonctionné normalement même si on aurait aimé faire un peu plus. Tout le monde a bien travaillé et je suis un peu surpris par ces propos. Avec Endemol, on a toujours bien collaboré. La Star Academy reste un très beau programme, mais il est cher. Il fallait trouver une forme de rentabilité pour la chaine.

Avec la fin de Star Academy, y-a-t-il encore de la place pour un télé-crochet sur NRJ12 ?

NRJ12 est une chaine d’innovation, de création, qui se réinvente toujours. On est en permanence à la recherche de nouveaux animateurs, très ouverts sur le monde. C’est notre caractéristique. Je n’imagine pas forcément un talent show musical, mais le talent en général a sa place sur la chaîne.

« Cyril Hanouna fait de l’excellent travail »

Quel bilan faites-vous de votre access prime time avec Vous êtes en direct ?

Le bilan est positif. C’est une première saison. On est très content de Jean-Marc Morandini. Il y a encore une marge de progression et il reste encore à trouver la vraie tonalité du magazine. Il y a une concurrence extrêmement forte à cette heure-là, Cyril Hanouna fait de l’excellent travail aussi. C’est à nous de trouver le ton pour optimiser Vous êtes en direct. Mais Jean-Marc a toute notre confiance et il faut rappeler qu’il s’agissait d’une saison 1, il reste donc du travail à faire. Cette tranche horaire est un carrefour difficile, c’est à nous d’être inventifs avec ce programme.

Comptez-vous poursuivre la collaboration avec Cauet la saison prochaine ?

Cauet fait partie de la famille NRJ. Nous sommes en discussions en ce moment pour lui proposer des cases de prime time. Je pense qu’il faut passer à la vitesse supérieure avec Sébastien, donc nous essayons de trouver le bon concept pour une diffusion à 20h45.

W9 s’apprête à lancer un nouveau jeu de séduction, succédant ainsi aux 12 Cœurs de NRJ12. Avez-vous toujours des projets de ce genre en développement ?

Pour l’instant, ce n’est pas prévu. On a beaucoup réfléchi aux jeux, mais on est plutôt parti sur les nouvelles écritures avec de la série-réalité, de la scripted ou de l’écriture magazine. Pour l’instant, le jeu n’est donc pas notre priorité. Nous allons plutôt vous surprendre avec de nouveaux formats en prime time.

Christine Bravo débarque à la rentrée sur Chérie 25. Comptez-vous profiter de sa présence dans le groupe NRJ pour lui confier une émission sur votre chaîne ?

J’adore Christine ! C’est un gros coup de cœur, une femme intelligente, passionnante et drôle. Elle pourrait avoir sa place sur NRJ12, mais il faudrait trouver le bon projet. Pour l’instant, elle est déjà occupée avec les Jupons de l’histoire sur Chérie 25, notre chaîne cousine.

Partie 4 : Crimes, Cordier et Dreamz


Qu’en est-il du magazine de société Les Grandes Histoires de Marie Inbona, dont les résultats ont été particulièrement catastrophiques sur les derniers numéros de la saison ? (moins de 200 000 téléspectateurs et d’un point de part de marché)

Les Grandes histoires ont toutes leur place sur NRJ12. Il faut simplement trouver une bonne case et le mercredi soir était très compliqué sur la fin de saison. Je pense qu’il y a encore de la place pour des prime un peu soapisant dans les écritures magazines. Après, il faut encore optimiser le programme, mais il y aura de nouveaux numéros des Grandes Histoires.

Le lundi, NRJ12 a lancé un nouveau magazine de fait divers avec Crimes. Après un bon départ, les audiences se sont un peu tassées...

L’émission s’est très bien installée. C’est notre réussite de la saison avec près de 600 000 téléspectateurs en moyenne tous les lundis et plus de 3% chez les femmes de moins de 50 ans responsables des achats. En dehors des derniers numéros face à L’amour est dans le pré, les résultats sont bons. Pour une première saison, nous sommes très satisfaits.

Le vendredi et le samedi, NRJ12 continue à miser sur de vieilles séries françaises. Comment justifiez-vous leur présence sur « la chaîne de l’innovation » ?

Celles-ci seront de moins en moins présentes sur la chaîne. Après, il faut avoir le temps de produire, car nous restons une chaine jeune et indépendante. Nous n’avons pas les moyens qu’ont certains de nos concurrents, nous évoluons donc pas à pas. Mais remplacer ces séries pour laisser place à de la production originale est l’une de nos ambitions.

« Dreamz, c’est un peu notre Sous le soleil à nous »

Cette saison, le groupe NRJ a lancé une nouvelle chaîne avec Chérie 25. On a pu y voir plusieurs séries inédites répondant également aux critères de NRJ12 (The Middle, La vie secrète...). Comment opérez-vous les arbitrages entre les deux chaînes ?

On a une directrice générale qui supervise les deux chaînes. On est en permanence en dialogue avec Chérie 25 et on fait de l’optimisation de programmes afin de proposer des choses différentes. Sur NRJ12, nous avons une ligne éditoriale marquée, avec une chaîne destinée à tous, très ancrée dans le divertissement, l’air du temps. On essaye modestement d’être un laboratoire, car on est souvent regardé par d’autres chaînes.

Qu’attendez-vous pour mettre à l’antenne votre série quotidienne Dreamz ?

Nous sommes actuellement en finalisation de la post-production. Nous avons tourné beaucoup d‘épisodes et on ne peut pas tout lancer en même temps. Nous sommes très contents de ce programme, c’est un peu notre Sous le soleil à nous avec une nouvelle écriture et une pléiade de guest star. On va donner une palette aux téléspectateurs de NRJ12, toujours colorée, dans la détente et dans l’évasion.

Quels sont vos objectifs pour la saison à venir ?

Nous souhaitons être encore plus puissants en première partie de soirée avec de nouveaux prime time. Nous voulons aussi lancer de nouvelles marques et rester très présents sur les réseaux sociaux comme la chaine moderne et dynamique du PAF.