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Dragon Gate : le catch japonais vu par Norbert Feuillan et Grégoire Hello

Tony Cotte
Publié le 17/03/2011 à 14:45 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:42

Si le catch a su, ces dernières années, trouver son public sur le câble et aujourd’hui sur la TNT, le groupe AB innove davantage et propose, via sa chaîne Mangas, les combats de la Dragon Gate Pro Wrestling. Celle-ci propose le meilleur du catch japonais. Au programme : moins de spectacle et de mise en scène, le sport étant l’aspect principal. Et pour mieux faire découvrir cette ligue encore méconnue en France, Norbert Feuillan et Grégoire Hello expliquent aux lecteurs de Toutelatele.com les particularités de la Dragon Gate.

Tony Cotte : Votre binôme est constitué d’un passionné de catch et d’un grand connaisseur de la culture japonaise. Maîtriser cet aspect est-il important dans le cadre de commentaires de combats ?

Grégoire Hello : Je parle japonais et maîtrise parfaitement la culture nippone, ce qui permet de faire le pont entre le manga et le catch. Ces deux aspects n’ont pas forcément de lien au premier abord, mais on retrouve, en réalité, de nombreux éléments culturels auxquels les amateurs de catch ne vont pas prêter attention. Certains catcheurs sont déguisés en animaux mythologiques et d’autres sont d’anciens sumos. C’est là où mes connaissances interviennent. Mais je n’y connais rien en combat, je vois simplement des gros bonshommes en slip se mettre des claques. On va dire que je suis le candide du duo.

On retrouve déjà Philippe Chereau et Christophe Agius pour la WWE ou encore Max et Richard Sette pour la Ring of honor. En quoi votre duo se distingue de vos confrères ?

Norbert Feuillan  : Comme pour les autres binômes, mon rôle est assez classique : je suis le spécialiste du catch. Je connais le nom de toutes les prises. Là où on se distingue, en revanche, c’est avec la présence de Grégoire et son niveau de culture annexe. C’est un aspect inédit. En vingt ans de visionnage de catch, je n’ai jamais vu quelqu’un capable de faire le pont aussi bien entre la culture du pays présentant le produit et le produit en question.

Qu’est-ce que la Dragon Gate peut apporter au public de la WWE, habitué à l’esthétisme et les mises en scène très « américaines » ?

Norbert Feuillan  : La WWE est à la fois une promotion de catch, mais une entreprise qui génère énormément d’argent. C’est un produit qui va miser davantage sur le physique imposant de ses catcheurs pour une question de marketing et sur leur faculté à divertir une foule avec un micro. Au Japon, les promotions de catch misent beaucoup plus sur l’aspect de rapport de force physique. La Dragon Gate a la particularité de proposer des poids légers, généralement de moins de 100 kilos. Ca engendre plus de voltige et de l’action non-stop. On peut alors parler de catch aérien.

Grégoire Hello : J’ai beau être néophyte en la matière, j’ai fait beaucoup d’arts martiaux. J’apprécie de regarder les combats pour les conditions physiques incroyables. La Dragon Gate permet d’assister à certaines prouesses. Être fan de catch n’est pas nécessaire, il suffit de simplement d’apprécier les performances physiques pour pouvoir regarder.

Quelle place occupe le catch au Japon ?

Grégoire Hello : Ca a toujours été très populaire, même si on est en recul par rapport à l’influence d’une ligue comme la WWE aux États-Unis. La Dragon Gate est assez populaire, on retrouve un public familial avec des enfants, mais aussi des couples. Les catcheurs sont très beaux, ils ont également des fans féminines.


À l’instar de vos confrères, vous répétez à plusieurs reprises qu’il ne faut pas exécuter les prises à domicile. Cette prévention est-elle une obligation du CSA ?

Grégoire Hello : C’est avant tout une question de bon sens. Les catcheurs sont super entraînés. Quand ils prennent un coup de genou dans la poitrine, ils se relèvent, à l’inverse des gens « normaux ». Il faut que les enfants comprennent qu’on ne peut pas reproduire les prises. Du fait de leur innocence, ils ne s’en rendent pas toujours compte.

Norbert Feuillan : Je travaille aux commentaires et à la présentation sur des shows en live un peu partout en France et en Belgique. Les organisations, les villes ou les partenaires, obligent de le préciser à chaque fois. Alors, à la télé, qui touche un public forcément plus important, il est logique de le rappeler fréquemment. Il est primordial de rabâcher les choses, quitte à être rébarbatifs. En plus de prévention, il s’agit aussi d’améliorer l’image du catch.

Comprenez-vous l’inquiétude de certains parents qui n’hésitent pas à incomber la faute d’accidents dans les cours de récréation au catch ?

Norbert Feuillan : C’est dommage d’entacher la réputation d’un métier dans lequel on travaille à cause d’erreurs qui ne nous appartiennent pas. Les parents ne savent pas forcément regarder le catch et donc ne savent pas comment réagir. S’ils ont entre 40 et 50 ans, ils n’ont pas pu grandir avec cette discipline, ce n’est pas inscrit dans leur inconscient.

Grégoire Hello : Il ne faut pas rejeter la faute sur les médias. Si ce n’est pas ça, ce sont les films d’horreur. Certains enfants peuvent se blesser en reproduisant une épreuve des Jeux Olympiques. Il y aura toujours quelque chose. Il est important de ne pas déresponsabiliser les parents. Le mieux à faire est de regarder le catch en compagnie de leur enfant et de faire de la prévention.

Après une tentative finalement abandonnée par W9, le catch français bénéficiera-t-il un jour d’une exposition plus importante ?

Norbert Feuillan : En vérité, il y a toujours eu du catch en France, notamment dans les régions du Nord. La discipline a su intelligemment se servir de l’exposition télévisuelle de plus en plus croissante. Des promoteurs ont su capitaliser là-dessus. Mais de là à produire et diffuser à la télé, je pense que c’est encore trop tôt. Le catch en France n’a pas encore terminé de s’implanter comme une habitude de divertissement dans les villes. Le public lambda n’est forcément prêt à regarder autre chose que le modèle américain.