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Jeanne Savary (Marjorie Le Kervelec, En famille, M6) : « La série est presque comme du théâtre filmé ! »

Léopold Audebert
Publié le 08/07/2016 à 18:40 Mis à jour le 09/07/2016 à 00:07

Alors que le coup d’envoi de la saison 5 de En famille a été donné ce lundi 4 juillet, Jeanne Savary, précédemment au casting de Caméra Café ou encore Nestor Burma, s’est confiée pour Toutelatele sur ses impressions vis-à-vis des nouvelles aventures de la famille Le Kervelec, de son rôle de maman décalée, et des coulisses de la série. Rencontre.

Léopold Audebert : Alors que la série débute sa cinquième saison sur l’antenne de M6, dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Jeanne Savary : Je suis assez confiante, dans le sens où je sais que pas mal de gens ont aimé les saisons précédentes et attendent la nouvelle, mais aussi parce que l’on sait qu’il y aura une saison 6 derrière. On a tellement tourné de sketchs pendant l’hiver pour cette nouvelle salve, que j’espère que les téléspectateurs verront la qualité ! Même s’il y a des ratés, forcément, des moments où on n’y est pas et où les sketchs sont moins bien. En tout cas, tout le monde a donné le meilleur de lui-même pour que ça fonctionne, que ça soit cohérent, et que ça puisse continuer à l’avenir ! Parce qu’on a aussi un projet de cinquante-deux minutes, qui, par exemple, dépend un peu des audiences.

En tant qu’actrice, que vous a apporté le personnage de Majroie ?

De la confiance dans le fait de jouer, forcément, même si, des fois, on la perd. Mais avec le fait de jouer beaucoup, tout le temps, un peu comme si c’était une pièce de théâtre toute la journée et chaque jour, on arrive à avoir moins le trac. Presque comme si ce personnage faisait partie de notre quotidien en fait : il suffit de se dire « Je suis Marjorie » et on le devient. Sauf qu’il y a des travers à ça. (rires) On peut prendre des mauvaises habitudes ou aller toujours dans la même direction. Donc il faut un peu déranger ça régulièrement.

L’arrivée de nouveaux guests dans la saison contribue-t-elle à cela ?

Oui ! Eux et les nouvelles situations nous permettent, justement, de sortir de notre zone de confort. Rester planqué à l’intérieur est dangereux. Mais tout ça ne veut pas dire qu’après, sur d’autres projets, on n’a pas le trac ! Il peut y avoir des choses qui font que, tout à coup, on peut être déstabilisé. Par exemple, quand il y a eu les éléments au Bataclan, c’est vrai qu’on a tous perdu pied et qu’on ne savait plus ce qu’on faisait, pourquoi on était là, à quoi ça servait. C’était compliqué, mais pas que pour nous. La confiance est ce qu’on a de plus difficile à trouver dans ce qu’on fait. Et le fait de se remettre tous les jours sur son ouvrage, ça l’entretient, comme un musicien.

« Rester planqué à l’intérieur de sa zone de confort est dangereux »

Durant ces cinq saisons, qu’avez-vous mis concrètement en œuvre pour réussir à ne pas lasser le public ?

A un moment donné, j’avoue que j’ai eu du mal. J’ai eu l’impression de faire toujours la même chose, d’être toujours dans ma zone de confort et de me répéter. Même pour les auteurs, c’est aussi parfois compliqué d’imaginer tout le temps de choses nouvelles. J’ai donc fait des stages de théâtre à côté, quand j’ai eu le temps, pour, justement, essayer de trouver des choses. C’est-à-dire revenir à l’essentiel, savoir d’où on vient, où on va, ce qu’on veut vraiment etc. Par exemple, se dire que, dans une scène toute bête où on fait des pâtes, on a un truc qui fait mal aux pieds ! (rires) Trouver des petites astuces pour qu’il y ait plusieurs réalités en même temps. Et bien sûr, pour ne pas s’ennuyer. Parallèlement, comme la série va très vite, on se repose beaucoup sur le jeu des uns et des autres, sur l’énergie qu’on se donne, et sur la situation. De même, les guests ramènent aussi un sang nouveau !

Quelle est la force de votre groupe d’acteurs ?

Nous apprenons énormément les uns des autres en jouant. Je travaille avec des gens comme Yves, sociétaire de la comédie française ou encore Marie, qui a eu un Molière, qui adorent la langue française. Axel est plus sur des choses « speed » et spontanées, moi aussi d’ailleurs. Lucie va plus réfléchir sur le truc, avec un côté « ciselé-pépite », Charlie a une énergie et une précision super et Tarek ce côté complètement loufoque et surréaliste qui est vachement bien ! Nous sommes tous totalement différents ! Personnellement, j’ai le côté plus naturaliste, émotionnel, sensible. Mais en même temps décalé.

« Avec les auteurs, c’est un échange libre et en évolution permanente, ce qui est génial »

Quelles sont vos relations avec les auteurs de la série ?

On ne les voit pas tout le temps, ils passent de temps en temps sur le tournage. On a fait des séminaires avec eux et on va en refaire un à la rentrée. Je pense que c’est très important parce que ça nous aide énormément. D’abord à exprimer des choses qu’on souhaiterait par rapport aux personnages, des choses qu’on n’a pas ou trop fait. De leur côté, ça leur permet aussi de nous connaître et de savoir un peu où ils peuvent et veulent encore plus aller. On est très respectueux du travail les uns des autres, et on peut quand même retoucher un peu le texte. Il n’y a pas de souci par rapport à ça, ce n’est pas marqué dans le marbre. Parce que, quand on joue la situation, il y a forcément des évidences et des logiques qui surgissent, auxquelles on ne pense pas quand on les écrit, ce qui est normal. Nous, on n’aurait pas pensé aux situations qu’ils ont écrit ! (rires) C’est un échange libre et en évolution permanente, ce qui est génial.

Dans le passé, vous avez suivi la formation d’acteur du Cours Florent et avez, par la suite, joué dans plusieurs pièces. Selon vous, quelles sont les différences majeures entre vos expériences théâtrales et télévisuelles ?

Ce qui est bien avec le travail de comédien, c’est qu’on revient régulièrement sur le même texte. On peut toujours se dire « J’ai envie, ce soir-là de faire ça ! » ou encore « Hier, ça a marché, j’aimerais bien le refaire aujourd’hui ! ». En famille est presque comme du théâtre filmé ! Ce sont quasiment les mêmes situations, mais les textes sont différents. A chaque fois, ils changent, et quand on repart on se dit « Mince, j’aurais dû jouer comme ça ! », « J’aurais dû faire plutôt comme ça ! » : mais c’est fini, c’est dans la boîte ! (rires)

« Qu’on soit ado, trentenaire, quarantenaire ou senior, il y a toujours quelque chose qui fait qu’on se retrouve dans la série »

Que diriez-vous à un téléspectateur qui, ne connaissant pas En famille, zappe sur M6 où la série est alors en cours de diffusion ?

Reste ! (rires) Tu vas prendre du bon temps, passer un bon moment ! Il faut te laisser attendrir par les personnages. Mais tu vas forcément trouver quelque chose qui va te correspondre ! Parce que, qu’on soit ado, trentenaire, quarantenaire ou senior, il y a toujours quelque chose qui fait qu’on s’y retrouve. Et ça fait du bien de voir qu’on n’est pas tout seul ! (rires)