Toutelatele

Trois jeunes filles nues prêtes à affronter Arthur

Ariane Grassi
Publié le 01/06/2006 à 01:41 Mis à jour le 01/06/2006 à 14:08

A l’heure où la clause d’exclusivité des animateurs de France Télévisions fait beaucoup parler d’elle (notamment pour avoir provoqué le départ de Thierry Ardisson), France 2 propose vendredi Trois jeunes filles nues, un programme très « corporate ». Un an après Le fil à la patte, la chaîne publique réitère cette expérience un peu folle : réunir tous les animateurs de France 2 - ou presque - pour une représentation théâtrale exceptionnelle. Après le succès de la pièce de Feydeau le 28 juin dernier (5,2 millions de téléspectateurs et 25,8% de part de marché, soit à peine 300 000 téléspectateurs de moins que la finale de La Ferme 2), ces acteurs d’un jour n’ont pas hésité cette année encore à relever le défi, avec une difficulté supplémentaire et non des moindres : chanter.

Avec Trois jeunes filles nues, la production s’est, en effet, plongée dans le répertoire des opérettes du début du siècle. Les artistes apprentis se sont pris au jeu de ces trois jeunes filles innocentes qui découvrent l’univers du music-hall grâce aux conseils avisés de leur chaperon Hégésippe, le régisseur général des affriolantes Folies Bocagères. Pour trouver un mari, Lulu, Lilette et Lola accepteront-elles de monter nues sur scène ? Quiproquos, situations cocasses et chansons frétillantes s’enchaînent sur un rythme trépidant qui ne laisse pas de place à l’imprécision. N’était-ce pas trop demander à des amateurs ?

Conscients qu’on ne s’improvise pas chanteurs, les animateurs se sont pliés à un enseignement rigoureux. En plus des répétitions, ils ont suivi deux cents heures de coaching vocal, rien de superflu si l’on en juge leurs premières prestations, dévoilées dans Trois jeunes filles nues... les dessous, le making of de la pièce diffusé juste après celle-ci. Ce documentaire, réalisé par Stéphane Guillot, montre toutes les étapes de la création du spectacle, mettant en lumière le travail de ceux qui restent traditionnellement dans l’ombre : chorégraphe, décoratrice, costumier, coach vocal... Sur un ton léger, le film offre également quelques scènes plus intimes pendant lesquelles chacun dévoile ses méthodes d’apprentissage : chansons diffusées en boucle dans la voiture, répétitions en famille, en vacances ou avec un yaourt (!), tous les moyens sont bons pour retenir son texte.

Déjà aux commandes du Fil à la patte, Francis Perrin a repris pour Trois jeunes filles nues son rôle de metteur en scène, visiblement avec bonheur. Celui qui fête cette année ses 40 ans de carrière parle en effet de l’aventure comme d’une « expérience qu’[il] n’oubliera jamais et qui restera au fond de [son] cœur ». Si Francis Perrin ne cache pas son enthousiasme à l’égard de sa troupe, cette dernière n’est pas non plus avare de compliments. Pour Laurent Romejko, Francis Perrin est « un des, voire le meilleur de la profession ». Ness reste aussi admirative de son talent de directeur d’acteurs : « Il nous a appris à prendre des risques sans avoir peur du ridicule. Il observe le moindre de nos gestes pour faire jaillir de nous le personnage ».

Au sein d’un PAF plus que jamais chahuté, Trois jeunes filles nues fait figure d’ovni. L’opérette représente non seulement pour ses protagonistes une expérience artistique inoubliable, mais elle montre aussi la grande famille de la télévision sous un angle étonnamment bon-enfant, très éloigné du cynisme ambiant. En plein bouleversement depuis la nomination de Patrick de Carolis à la tête de France Télévisions, France 2 a donc saisi l’opportunité d’un projet fédérateur pour faire naître un véritable esprit de troupe parmi ses animateurs. C’est pour cette convivialité retrouvée qu’Olivier Minne, à l’origine du projet, se félicite de ce programme unique au monde. Pour Ness, l’esprit du spectacle n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui des émissions des Carpentier. Dans un métier où les contacts entre animateurs sont finalement plutôt rares, elle a apprécié de découvrir ses collègues dans une autre configuration, sans la méfiance habituelle.

« Mélancolie » pour Laurent Romejko, « baby blues » pour Ness, tous évoquent le coup de blues qui les a envahis le lendemain de la représentation. La fin de ce projet qu’ils ont porté pendant plusieurs mois a laissé un grand vide dans la vie des 36 personnalités de France 2. Si certains regrettent qu’un tel investissement ne donne lieu qu’à une seule représentation, tous sont prêts à repartir dans l’aventure l’an prochain. Et selon la rumeur, il s’agirait cette fois d’un film... D’ici là, Trois jeunes filles nues a pour mission de ramener au beau fixe les audiences du vendredi soir après les performances mitigées des deux numéros d’Intime conviction. Pour cela, l’opérette devra tenir tête au best of des Enfants de la télé.