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Alice Darfeuille (iTELE - Team Toussaint) : « On sait très bien que chez TF1, France 2 et M6, ils sont branchés sur iTELE et BFMTV »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 10/06/2015 à 07:17 Mis à jour le 10/06/2015 à 12:35

Après avoir assuré la présentation d’Intégrale week-end avec Antoine Genton depuis 2013, Alice Darfeuille est la présentatrice des JT de Team Toussaint depuis mai dernier sur iTELE. La journaliste est revenue pour Toutelatele sur son intégration au sein de l’équipe de la matinale et les enjeux de cette tranche horaire pour la chaîne d’information.

Benjamin Lopes : Vous êtes en charge des JT de la matinale d’iTELE depuis mai 2015. Comment s’est déroulée votre intégration ?

Alice Darfeuille : J’ai pris la relève d’Amandine Bégot, partie en congé maternité. Tout s’est très bien passé. L’équipe est composée de personnes que je croisais surtout dans la rédaction auparavant, car on avait des rythmes décalés. J’étais un peu anxieuse, car la Team Toussaint est une vraie équipe. Il a fallu que je fasse ma place sans m’imposer pour autant, tout en restant naturelle. L’ambiance est sérieuse, mais on rigole.

Est-il facile de se faire une place aux côtés de Bruce Toussaint ?

Depuis que je suis arrivée, je n’ai jamais vu Bruce Toussaint de mauvaise humeur. Il est très régulier, pas lunatique, c’est quelque chose de très important je trouve. C’est un vrai professionnel et il a des qualités remarquables en interview, et je découvre ça tous les jours. Il n’est jamais agressif, même quand il s’agit d’interviews politiques tendues. Tout s’est déroulé de manière naturelle et aujourd’hui je comprends pourquoi d’Amandine Bégot s’est épanouie dans cette équipe.

En quoi cet exercice est-il nouveau pour vous ?

On discute, on débat, on s’écoute. Être dans une équipe où je présente un journal et où les autres sont là en plateau, c’est quelque chose que je n’avais jamais encore vécu. C’est assez agréable puisqu’on a des retours directs. C’est très important de faire la part des choses, car je suis présente pour présenter les journaux, pour informer, être précise tout en restant concise, contrairement à Bruce Toussaint qui dirige l’ensemble.

ANALYSE : La guerre des matinales

Avez-vous eu des difficultés pour vous adapter ?

Je n’ai pas réellement trouvé de difficulté et j’apprécie le fait d’avoir ces temps précis où il faut livrer la meilleure information, et derrière, pouvoir aussi se détendre et réagir à une chronique. Cette dualité est très agréable. Là où est l’exercice est radicalement différent sur le fond par rapport à ce que je faisais aux journaux du week-end, c’est de sentir l’information le matin, faire confiance à son intuition, à l’inverse de revenir sur l’actualité de la journée. C’est ce qui me correspond le plus au final.

Comment s’articule une journée type pour vous depuis que vous avez intégré la matinale ?

Il faut être très rigoureux et consciencieux. Je me lève à 3h15 et j’arrive à 4 heures à iTELE. Je lis la presse pendant une demi-heure à trois quarts d’heure. Je prépare la revue de presse, car c’est un exercice important dans la matinale. Je commence ensuite à m’intéresser au journal et à écrire. Puis, je pars me faire maquiller rapidement, car je ne suis pas du genre à vouloir passer une heure et demie en loge maquillage. Avec Pierre Peyronnet (rédacteur en chef de la matinale, ndlr) on revient sur ce que j’ai pu écrire et on parle du JT. On a le même sens de l’information. Même si on n’est pas forcément d’accord, on trouve toujours des terrains d’entente. J’écris mon JT jusqu’à 6h45/6h50 pour être au plus près de l’actualité.

Vous êtes à la matinale depuis un moins maintenant, en scrutez-vous les audiences ?

C’est quelque chose que je prends bien évidemment en compte. J’en ai parlé dès mon arrivée avec Bruce Toussaint et le rédacteur en chef pour comprendre par exemple quels JT étaient les plus regardés sur la matinale, tout comme les quarts d’heure clés. Sans être obsédé par les chiffres, il faut faire attention quand on sait qu’il s’agit de l’une des tranches importantes de la grille. Ça ne veut pas dire que je ne me concentre uniquement sur ces moments là, mais il faut être courant.

« Notre retard est loin d’être irréversible »

À cet horaire, iTELE est derrière les matinales de France 2 et BFMTV en termes d’audience. Comment analysez-vous cette situation ?

Je pense que c’est compliqué. Il existe un retard qui a été pris depuis un moment et que forcément la différence s’est un peu plus creusée. Il est donc difficile de combler ce retard. L’histoire du positionnement sur les chaînes, entre la 15 et la 16, joue également sur les réflexes, même si ça peut paraître anodin. Mais je reste persuadée que ce retard est loin d’être irréversible.

Jetez-vous un œil sur la concurrence ?

Je suis là depuis un mois donc j’ai eu l’occasion de regarder mes concurrents. Je pense qu’il y a vraiment une carte à jouer avec l’équipe d’iTELE. Je trouve que c’est rare de trouver l’ambiance telle qu’elle est au sein de la Team autour de Bruce Toussaint. Je sais que les tensions arrivent fréquemment au sein des équipes à la télévision, et ça n’est pas toujours facile. Là, il y a quelque chose de particulier, car il n’y a justement ni rivalité, ni tension, et le fait d’être plusieurs en plateau et de s’écouter est une vraie richesse. Je suis sûre que ça finira par payer.

Comment peut-on se différencier d’une matinale tout info comme celle de BFMTV ou encore LCI ?

On arrive à être différent même si les grands thèmes d’actualité ne peuvent échapper à personne. On a donc parfois des journaux qui se ressemblent fortement. La différence se fait donc sur la personnalité, sur le ton. C’est quelque chose que j’essaie de travailler, c’est-à-dire de parler aux gens naturellement, sans être robotique. La manière de vouloir traiter l’actualité est distincte aussi, car on n’est pas toujours d’accord avec BFMTV.

En quel sens êtes-vous parfois en désaccord avec BFMTV ?

Je crois que ça s’est vu lors de plusieurs grands événements et c’est un parti pris chez iTELE. On est moins pessimiste et sombre. On ne va pas aller chercher tous les détails les plus sordides, et on préférera s’en tenir à quelque chose d’informatif. On ne veut pas tomber dans l’actualité glauque. C’est une vraie différence.

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Les matinales tout info ont indéniablement créé un nouveau rendez-vous le matin (+400.000 téléspectateurs vs. 2007/2008). Comment l’expliquez-vous ?

Je ne pense pas que ça soit forcément des gens qui se détournent de la radio. Ça correspond à un regain d’appétit pour l’information. On a vécu des évènements forts et tragiques ces derniers temps et le rôle des chaînes d’information a changé. Elles ont pris de l’ampleur et elles sont devenues inévitables. C’est positif, car les chaînes d’information ne font pas que survoler l’actualité comme certaines critiques le laissent entendre. Je suis persuadée qu’ont peut avoir sur les chaînes d’information des journaux précis, riches et pédagogiques sur les enjeux. Ce n’est pas parce que les choses vont vite qu’on les survole.

« A iTELE, on est moins pessimiste et sombre. On ne va pas aller chercher tous les détails les plus sordides »

Avez-vous des modèles étrangers de matinales ?

J’ai beaucoup regardé les chaînes d’information en général, car j’ai passé un peu de temps aux États-Unis. Là-bas, c’est vraiment exacerbé, c’est du show. J’aime bien le modèle matinal français même si les Américains sont précurseurs. Aux États-Unis, une même thématique peut être déclinée sur toute la matinale avec plusieurs angles, c’est un système totalement différent du nôtre. Je trouvais ça d’ailleurs un peu ennuyant sur le long terme. Je suis plus sensible à ce qui se passe en France.

Avez-vous alors des modèles en France ?

J’ai des modèles de journalistes français, mais pas forcément ceux des matinales. J’ai toujours suivi le travail de Marie Drucker. J’aime beaucoup sa manière de présenter les informations, sa sobriété et son sérieux.

Comment voyez-vous l’évolution de la matinale ?

Aujourd’hui, on est dans un compromis qui est intéressant où on a un condensé des deux avec des journaux, de la culture et le sport. Je ne pense pas qu’il faille à tout prix être juste dans la rigolade et le show. Les gens tiennent à avoir un peu de tout et la Team Toussaint répond à cette demande. On a des personnalités, de l’information, du rire, et finalement c’est le condensé idéal.

Est-ce la tranche où il y a le plus de liberté ?

Je pense que c’est le moment où il y a surtout le plus de respiration pour pouvoir effectivement être décontracté. Le week-end, c’était plus cadré et en l’occurrence ça marchait bien. Il est vrai que j’avais un peu cette frustration à la fin de mes JT où je trouvais qu’on manquait de moments où l’on pouvait échanger.

Les chaînes historiques s’inspirent aujourd’hui des chaînes d’information en continu. Le ressentez-vous au quotidien ?

J’ai fait pas mal de terrain avant d’arriver à la matinale. En croisant les journalistes des chaînes plus traditionnelles et leurs dirigeants, on se rend vite compte qu’ils suivent ce qu’on fait. J’ai déjà reçu plusieurs coups de fil. On sait très bien que chez TF1, France 2 et M6, ils sont branchés sur iTELE et BFMTV.

Où pourra-t-on vous retrouver la saison prochaine ?

Je serai à la rentrée avec la Team Toussaint sur iTELE.

Quelles sont vos aspirations pour les prochaines années ?

J’ai envie de continuer à prendre du plaisir comme je le fait aujourd’hui. C’est une vraie marque de confiance de la part de Céline Pigalle (la directrice de l’information d’iTELE, ndlr). J’aimerai avoir plus de responsabilités sans être trop pressée. Animer une tranche et participer à sa construction fait partie de mes ambitions. J’aimerai animer des débats sociaux et politiques. La perspective de 2017 est un rendez-vous que j’attends avec impatience. Après, je viens d’arriver à la matinale, je pense que mon rôle et ma place peuvent se densifier.