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Amandine Bourgeois (Eurovision 2013) : « Avec L’enfer et moi, je ne triche pas »

Sébastien Barké
Publié le 18/05/2013 à 14:59 Mis à jour le 22/05/2013 à 18:39

Grande gagnante de l’édition 2008 de Nouvelle Star, Amandine Bourgeois a été retenue pour représenter la France au Concours Eurovision de la chanson 2013. Elle défendra les couleurs de l’hexagone ce 18 mai à Malmö (Suède) avec le titre rock « L’Enfer et moi ». Rendez-vous avec une artiste qui assume son univers décalé au regard de l’événement.

Sébastien Barké : Vous intéressez-vous à l’Eurovision en temps normal ?

Amandine Bourgeois : Non (rires) ! Ça ne veut pas dire pour autant que je ne sais pas ce que c’est. J’ai grandi dans une famille de babas cool. Ceux qu’on peut qualifier aujourd’hui de « bobos ». Ma mère écoute France Inter, mon père est branché France Culture, mon beau-père est fan de jazz… Tout ça pour dire que tous les éléments étaient réunis pour que je ne m’y intéresse pas. Moi, quand on me parlait d’Eurovision jusqu’à présent, ça m’évoquait un concours du style Miss France.

L’Eurovision est-il un concours kitsch à vos yeux ?

Non, pas du tout. Il suffit pour s’en convaincre de regarder Lordi, ce groupe de rock-métal finlandais qui a gagné en 2006. Même Sébastien Tellier a représenté la France. J’ai adoré sa prestation. Sans oublier les participations de France Gall, Céline Dion… Ça n’a pas empêché ces artistes de faire de grandes carrières.

Quelle a été votre réaction quand on vous a proposé de défendre les couleurs de la France ?

J’ai dit non. Mais mon manager m’a demandé de reconsidérer cette offre et de chasser mes a priori. Il m’a poussé à faire quelques recherches sur le sujet. J’ai donc appelé mes copines, et on s’est organisé une soirée Eurovision. On a regardé tout un tas de vidéos, de 1957 jusqu’à aujourd’hui. Et on s’est bien marré ! On a pris autant de plaisir à nous moquer que de savourer aussi certains grands moments qui nous ont collé des frissons. C’est là que j’ai réalisé que cet événement avait un côté rassembleur, comme la coupe du monde de foot par exemple. J’ai compris que j’étais passée à côté de quelque chose d’énorme. Moi qui suis chanteuse, je ne connaissais pas ce rendez-vous prestigieux. J’aurais été complètement snob de ne pas vouloir y participer. Ça offre une visibilité énorme à un artiste. Tout le monde rêve d’être vu par autant de gens !

« L’Eurovision m’évoquait un concours du style Miss France »

On ne vous attendait pas forcément là…

Peut-être, mais la chanson que je propose est cohérente avec mon univers. Bien sûr que j’ai été étonnée de voir mon titre sélectionné ! Je pensais que pour prendre part à l’Eurovision, il fallait correspondre à un style bien précis. Mais en fait, je me trompais.

Comment appréhendez-vous votre participation ?

Je suis heureuse de vivre cette aventure, parce que c’est vraiment une grosse machine. Le trac monte tout doucement. Rien de plus normal. Je vais essayer de transformer ce stress en quelque chose de positif, pour donner le meilleur de moi. Je dois prendre du plaisir à Malmö et ainsi j’arriverais à en communiquer aux téléspectateurs.

Partie 2 > Ses chances de gagner l’Eurovision


Vous allez interpréter le titre « L’enfer et moi ». A t’il été écrit spécialement pour l’Eurovision ?

Non, je la prévoyais pour mon troisième album qui est en préparation. Il devrait sortir fin 2013 ou début d’année prochaine.

N’avez-vous pas songé à la chanter en anglais ?

Pour tout vous dire, à l’origine, elle était en anglais. Mais le jury qui l’a sélectionné a imposé qu’elle soit interprétée en français. Ça ne me dérange pas. Car dans le cadre de l’Eurovision, ça me plaît qu’on chante dans sa langue natale. On doit profiter de l’occasion pour représenter sa culture, et donc sa langue. Et puis, j’adore la version française de « L’Enfer et moi ». Boris Bergman a signé là un texte magnifique.

Que prévoyez-vous en terme de mise en scène ?

Quelque chose de très sobre, et qui me ressemble. C’est déjà ce que je faisais à Nouvelle Star. Je vais adopter une attitude rock ‘n’ roll. Brute. C’est-à-dire, sans fioritures, et axée sur l’émotion et l’interprétation.

Cette chanson a-t-elle cependant des chances de l’emporter ?

Je n’en sais rien. La seule chose que je sais, c’est que je vis ma chanson. Je la ressens au fond de mes tripes et prends du plaisir à la chanter. C’est une démarche sincère. Avec ce titre, je ne triche pas artistiquement. Après, ce serait hypocrite de dire que je n’y vais pas avec l’intention de gagner. J’en ai envie. Mais je suis philosophe. Pour moi, ce n’est pas le but à atteindre qui est le plus important, mais le chemin à parcourir pour y arriver.

« Ça me ferait chier d’être dernière. Vraiment. »

Pensez-vous que la géopolitique peut influencer les votes ?

Je ne m’y intéresse pas. Et ce n’est pas mon rôle d’en parler. Je suis avant tout une chanteuse qui participe à un concours de chant.

Anggun avait mal vécu son résultat, au regard du travail accompli…Ne craignez-vous de vous retrouver au bas du classement ?

Est-ce que vous avez apprécié la prestation d’Anggun ? Moi, c’est la seule chose qui m’intéresse. J’ai envie de faire une belle performance, mais aussi de faire un bon classement. Ça me ferait chier d’être dernière. Vraiment.

Partie 3 > L’après-Nouvelle Star


Vous êtes-vous intéressée à votre concurrence ?

Oh que oui ! Il va y avoir notamment Bonnie Tyler pour le Royaume-Uni, c’est la classe ! Rien que pour ça, je suis hyper contente de participer. Il y aura aussi Cascada pour l’Allemagne. Ce n’est pas trop ma came, mais quelle chanteuse quand même ! C’est stimulant de se retrouver face à des artistes que tu admires. Il y en a notamment une que j’apprécie plus que les autres : Anouk qui représente les Pays-Bas. Je me suis inspirée d’elle pour apprendre à chanter. Je vais être dans tous mes états quand je vais la croiser.

À l’inverse des autres années, les cartes postales qui précédent les chansons ne vont pas faire l’éloge du pays qui organise le Concours, mais vont vous présenter. Qu’allons-nous découvrir à votre sujet ?

Les équipes suédoises sont venues à Paris et m’ont filmées dans plein de situations différentes : en train de donner un concert, ou en train de discuter avec mes amis, etc. J’ai pu suggérer mes lieux favoris.

Vous avez changé de maison de disque et signé avec Warner. Votre contrat a-t-il été signé avec eux en raison du Concours ?

Je ne sais pas trop. Mais je pense que c’est tout à fait possible, en raison de la visibilité que l’événement peut offrir.

« Je me suis inspirée d’Anouk pour apprendre à chanter »

À l’époque de votre victoire à Nouvelle Star, certains avançaient le fait que les votes étaient truqués lors de la finale…

Je n’y crois pas un seul instant. Pour moi, de toute façon, Benjamin Siksou – mon concurrent – méritait tout autant de gagner que moi. La production de l’émission ne pourrait pas se permettre de tricher. C’est inimaginable. Et puis, le tout était quand même surveillé par un huissier de justice ! Moi, je fais confiance aux hommes de loi.

Comment se passe l’après-Nouvelle Star pour vous ?

Tout va bien pour moi ! Depuis que j’ai gagné l’émission, je suis hyper contente. OK, je n’ai pas vendu des millions d’albums. Mais mon premier opus a quand même été disque d’or, mon titre « L’Homme de la situation » a bien marché en radio, j’ai fait une tournée après ça… Pour mon deuxième album, je suis partie trois mois en Angleterre où j’ai pu travailler avec une partie de l’équipe d’Amy Winehouse. Bien sûr, ce disque s’est moins bien vendu, mais j’ai eu de superbes opportunités. Thomas Dutronc m’a proposé de partager sa tournée des zéniths, et on a aussi fait deux Olympia. Même Johnny Hallyday m’a contactée pour faire ses premières parties lors de sa tournée d’été, mais aussi au Royal Albert Hall de Londres. J’ai vécu un rêve, c’était fabuleux.