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Antoine de Caunes et les coulisses de la 38e Cérémonie des César

Alexandre Raveleau
Publié le 22/02/2013 à 18:59 Mis à jour le 01/03/2013 à 12:56

Pour la troisième année consécutive, Antoine de Caunes revient au Châtelet pour les César. Sur Canal+, tout le gratin du cinéma français sera réuni ce vendredi 22 février à partir de 21 heures. Parmi les plus cités, Camille redouble de Noémie Lvovsky, Amour de Michael Haneke et Les Adieux à la reine de Benoît Jacquot sont attendus au tournant. Après un palmarès couronné par les sacres d’Omar Sy ou The Artist l’an passé, la liste des nominations apparaît plus classique. Antoine de Caunes revient sur la préparation de l’événement.

Alexandre Raveleau : Vous enfilez le costume du maître de cérémonie des César pour la 9e fois. Tous les moindres détails sont-ils calés pour cette édition 2013 ?

Antoine de Caunes : Les César, c’est une machine vivante, qui bouge et évolue jusqu’à la dernière seconde. Trente minutes avant l’antenne, je repasse les textes, recorrige et peaufine. J’ai l’avantage de travailler avec la même bande depuis trois ans. En plus d’une vraie alchimie entre nous cinq, on a surtout surmonté un mal typiquement français qui est l’ego des auteurs.

Comment se déroule la préparation de la soirée ?

On peut comparer ce travail à celui autour d’un scénario. On se met tous au travail à partir de novembre, avec les grandes lignes puis l’ouverture de la Cérémonie. Chacun écrit ensuite sa part dans son coin et on met tout ensemble avec un système de mail communiquant. Parfois, des idées qui nous faisaient mourir de rire en novembre sont affligeantes en janvier. L’inverse marche aussi, quand l’anecdotique prend de l’ampleur avec le temps. Et à la fin de repasse un coup de peigne.

Y aura-t-il une place pour des sujets tels que l’affaire Depardieu ou la polémique autour des salaires des acteurs ?

Tout cela fait partie du fond de l’air. Ce serait très étrange de ne pas en parler, sans faire non plus la soirée dessus. Le tableau a complètement changé en un an. La saison dernière, c’était le cinéma français triomphant, qui s’exportait, avec des comédies aux César à côté de films comme Polisse. En 2013, la soirée est beaucoup plus ouverte, avec des films de la grande cinématographie à la Haneke ou Audiard, et puis des plus petits films surprises comme Camille redouble de Noémie Lvovsky ou même Le Prénom. Je suis le premier à me réjouir que les César reflètent l’état du cinéma français et non pas juste un certain cinéma français.

« Pour moi, idéalement, Les César devraient durer deux heures, être enlevés, rapides, drôles et émouvants »

De toute votre carrière, existe-t-il un exercice plus difficile et périlleux que cette cérémonie ?

Il existe toujours plus périlleux et difficile. Les César restent en tous les cas un exercice à part. Sur le papier, ils mélangent plusieurs genres qui semblent pouvoir cohabiter, mais qui sont finalement assez incompatibles, avec dans un premier temps la solennité d’une cérémonie de remise de médailles. Sauf que cette remise de médailles touche un domaine artistique considéré comme beaucoup de domaines en France avec un sérieux papal. À cette dramaturgie, mon rôle est celui d’un passeur de plats. Je dois veiller à ce que la mécanique tourne, qu’il n’y ait pas de temps mort. Il faut alléger le cocktail, trouver les bons ingrédients qu’on ne s’ennuie pas trop et que tout le monde passe une bonne soirée

Que peut-il se passer de pire dans ce direct ?

En dehors des problèmes techniques liés au direct, il peut y avoir un commando qui débarque sur scène par exemple. Je ne m’y oppose pas, mais faut que ce soit border, organiser, dans le conducteur et que ça ne déséquilibre pas l’ensemble de la soirée. Si vous êtes à la Comédie Française et que vous avez quelque chose à dire, vous n’allez pas monter en pleine représentation en interrompant la pièce. On est dans un spectacle.

Partie 2 > Jamel Debbouze, Président, et les Oscars


Il y a quelques années, vous êtes parvenu à faire baisser les lumières du théâtre pour intensifier le côté « spectacle » de la soirée. Auriez-vous encore des modifications à apporter dans la mécanique ?

Pour moi, idéalement, Les César devraient durer deux heures, être enlevés, rapides, drôles et émouvants. Cela dépend surtout de la longueur des remerciements. On a des scrupules que les Américains n’ont pas, c’est-à-dire qu’on ne les coupe pas au bout de 45 secondes. Chaque année, on essaie de dire d’être bref... C’est le moment de la cérémonie sur lequel je n’ai pas prise. Je ne peux pas les interrompre

Jamel Debbouze est le Président de cette 38e Cérémonie. Aura-t-il un rôle plus important que ses prédécesseurs ?

Vous en aurez la surprise... Le choix de Jamel envoie un signal fort à la profession et au public. Il a déjà reçu un prix d’interprétation à Cannes et a été dans le film français qui a fait le plus d’entrées cette année, Sur la piste du Marsupilami de Chabat. Il a toute sa place.

Deux jours plus tard, de l’autre côté de l’Atlantique auront les Oscars. Que pensez-vous de votre homologue américain, Seth MacFarlane ?

Ce que je l’ai vu déjà vu faire à l’annonce des nominations, c’était déjà juste parfait. J’aime quand tout est en retenue, pas trop démonstratif. C’est un humour plus anglais qu’américain. Dans le petit commentaire, pince sans rire... J’ai également une passion pour Ricky Gervais (qui a officié aux Goldens Globes ndlr). Il a une liberté de ton qui fait bouger les lignes. Je me sens très proche de son style. Si vous faites ça sur la scène du Châtelet, vous vous tirez un coup de kalachnikov dans les pieds.

« Si vous faites ça sur la scène du Châtelet, vous vous tirez un coup de kalachnikov dans les pieds »

En quoi la France et les États-Unis sont-ils si différents ?

Dans la culture anglo-saxonne du divertissement, la vie privée est très mise en avant. Tout le monde sait qui couche avec qui. Tout est dans la presse au quotidien. Lorsque vous y faites référence, vous ne dévoilez pas un scoop qui peut mettre mal à l’aise celui dont il est question. La manière de l’agencer, et la rendre plus ou moins cruel, trouver la bonne flèche pour atteindre la bonne cible, devient un jeu très très amusant. Les Anglo-saxons ont un sens de l’entertainment et de l’autocritique. Ils se taclent les uns les autres. Ça balance ! Ici , en France, ce n’est pas le même genre d’esprit. Mais, on en parlera après la cérémonie...

Après En tatanes à Manhattan, quelle sera votre prochaine destination pour Canal+ ?

On tourne en mai à Séoul, pour une diffusion au mois de novembre. L’épisode s’appellera Maboul de Séoul.

Aux NRJ Music Awards, José Garcia a donné votre numéro de carte bancaire. Une réaction  ?

Il peut difficilement aller plus loin... Il y aura des conséquences et des dommages collatéraux, c’est moi qui vous le dit !