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Arturo Brachetti et Cynthia Akanga : « Dans The Best, c’est pas Miss France qui juge le numéro du Cirque du soleil ! »

Marion Olité
Publié le 18/04/2014 à 19:36

Alors que la saison 2 de The Best débute sur TF1, deux jurés de l’émission de compétition dédiée aux artistes se sont confiés à Toutelatele : l’illusionniste de renom Arturo Brachetti et la petite nouvelle de la bande, Cynthia Akanga. Metteur en scène pour le Cirque du Soleil et et le Cirque Eloize, elle livre ses impressions sur sa première incursion télévisuelle. Interview croisée.

Marion Olité : Vous intégrez cette saison 2 en tant que membre du jury. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Cynthia Akanga : C’est une forme de réussite, et une chance inespérée dans ma carrière. Le fait d’être là prouve que je fais des choses intéressantes et que je suis légitime. The Best est une plateforme pour les artistes internationaux. Et puis je trouve que c’est une formidable émission pour les jeunes générations qui se cherchent. Il y a beaucoup d’ados qui ne savent pas ce qu’il veulent faire plus tard. La télévision a un impact énorme sur notre société. Avec The Best, beaucoup de jeunes vont se trouver une nouvelle passion, et un guide dans la vie. Ils vont peut-être s’inscrire dans une école de cirque, de théâtre ou autre.

Comment avez-vous vécu votre rôle de juré ?

Cynthia Akanga : Très bien. J’ai été encouragée par mes collègues de travail et très soutenue. J’ai été guidée par des proches de la profession dans ce nouveau rôle. C’est une prise de risque que je peux comparer à mon métier, quand je sors un nouveau numéro. C’est ce qui m’intéresse. Je suis absolument ravie. J’ai une chance incroyable. C’est une expérience qu’il ne faut pas rater dans sa vie. Maintenant, c’est un exercice difficile. On s’adresse à un grand public. Il ne faut pas rentrer dans des critiques trop techniques.

Arturo Brachetti : La première année, j’ai vécu des angoisses pas possibles ! On jugeait des numéros, mais en même temps, on était aussi jugés nous mêmes ! Est-ce que TF1 va être satisfait ? Est-ce que le public est satisfait de ma place ? Cette année, je suis plus relax et c’est Cynthia qui va sans doute en souffrir un peu. Mais c’est normal. Un artiste sûr de lui n’est pas un vrai artiste. On vend de l’art, de l’éphémère. Si tu es sûr de toi-même, tu fais du commerce ! Une personne peut dire à un peintre que son tableau est nul, et une autre va adorer. C’est ça l’art ! On se demande aussi ce que les collègues vont penser de vous.

Avez-vous eu des retours du milieu artistique ?

Arturo Brachetti : L’année dernière oui, c’était de bons retours. Par rapport à d’autres émissions, les gens trouvaient qu’on était pas un jury qui cherchait son moment de gloire et qu’on ne se tirait pas dessus. Il y a beaucoup d’artistes professionnels qui nous disent qu’ils aimeraient bien venir chez nous mais pas ailleurs, parce qu’on ne va pas se moquer de leur âge ou des trucs comme ça. On a des retours comme ça, qui disent qu’on est pas people. C’est pas Miss France qui juge le numéro du Cirque du soleil ! Dans les autres émissions, on en n’est pas loin.

« La première année, j’ai vécu des angoisses pas possibles ! »

Arturo, pourquoi avez-vous accepté de repartir sur une nouvelle saison de The Best ?

Arturo Brachetti : Pour moi, c’est l’occasion de voir et de découvrir de nouveaux numéros. J’aime vraiment le music-hall, les nouveautés, tous ces gens qui passent des heures et des années parfois pour mettre au point leur numéro, qui va donner 10 minutes d’un spectacle extraordinaire. Tout ce monde m’est proche. Je peux voir des choses venues de l’autre bout du monde sans faire le voyage. On est sur un fauteuil, et c’est ce monde qui vient à nous. Evidemment, ce sont des concentrés. Je fais mon marché. Si un artiste me plait, je prends son numéro, je vois si je peux l’intégrer à un de mes projets.

Cynthia, avez-vous fait votre marché comme Arturo sur The Best ?

Cynthia Akanga : Oui, bien sûr. On n’oublie pas les artistes de The Best. Leur niveau est tellement élevé que le lendemain, on y repense. Effectivement, il y a des gens avec lesquels j’ai très envie de travailler. On verra, c’est une question d’opportunités. Pour créer un spectacle, il faut le bon personnage et le bon numéro au moment opportun. Si j’avais des millions à investir pour faire un spectacle demain, il suffit de prendre tous les artistes de The Best, une soixantaine, et TF1 pourrait faire une grande tournée qui aurait un énorme succès. Ce sera une idée absolument fantastique.


Arturo Brachetti : C’est une bonne idée. Si les émissions de spectacle comme la notre mais aussi La France a un incroyable talent ou Le plus grand cabaret du monde existent, c’est que les gens sont toujours épatés. Le music-hall appartient à l’ADN français, comme l’opéra avec les Italiens et la comédie musicale aux Anglais et aux Américains. Le music-hall est né en France. Il y a des petits cabarets qui s’ouvrent aujourd’hui, dans la province la plus profonde. Et ça marche ! Le public y va. Je ne suis pas sûr que The Best fonctionnerait en Italie par exemple.

Pourquoi selon vous ?

Arturo Brachetti : Les Italiens aiment quand les artistes se cassent la gueule, quand c’est rigolo. Leur truc c’est les ratés, comme la politique italienne (rires) ! Ils aiment beaucoup rire de ce qu’ils regardent. En France, il y a un respect pour le vrai travail que je ne retrouve pas en Italie. Je travaille tellement pour être juste, mais les Italiens préfèrent un magicien qui rate ses tours. Il y en a un qui est devenu très connu pour ça ! En France, si tu mérites, tu continues. Tout se joue dans l’instant et dans l’émotion.

Par quoi êtes-vous touché en premier lieu chez un artiste ?

Arturo Brachetti : Je suis avant tout touché par la nouveauté, quelque chose qui fait perdre les repères. Ca peut aussi être l’émotion personnelle. J’ai craqué l’année dernière sur une contorsionniste avec une tête marrante, et techniquement pas extraordinaire. Des fois, c’est la mise en scène qui est superbe : le choix de la musique, les costumes, l’évolution du numéro. Quand tu as un dilemme entre deux artistes, tu regardes dans ton cœur. Le numéro sur lequel tu as pleuré, c’est celui que tu choisiras.

Cynthia Akanga : Le monde de la magie et de l’illusion me fascinent particulièrement. Je n’ai jamais travaillé avec ces deux formes d’art. Je suis très intriguée. Après, n’ai pas de préférence pour une technique ou pour un art. Je les aime tous. Après, c’est si l’artiste me touche dans le moment. J’aime ceux qui créent leur propre structure, qui mélangent plusieurs choses. Evoluer dans le monde du cirque m’a permis de savoir qu’il n’y a pas d’exclusivité. Si on prend cinq numéros de tissus, ils seront tous différents selon l’interprétation de l’artiste. On a eu de belles surprises. Après

« Le numéro sur lequel tu as pleuré, c’est celui que tu choisiras »

Quel est le plus gros changement pour vous entre la saison 1 et 2 de The Best ?

Arturo Brachetti : C’est la notation. Avant, on devait tenir des points, et faire plein de calculs. C’était dur. On n’avait pas un regard global. On voyait une chose après l’autre. Cette fois, on juge seulement le type qui est resté sur scène avec celui qui est dans le fauteuil. Puis, à la fin de l’émission, tu te demandes si celui-là mérite vraiment d’être le meilleur de la semaine. Et puis, on a le coup de cœur à utiliser qui envoie notre chouchou à la finale. Ca laisse la chance à quelqu’un qui serait passé dans les premiers.

Seriez-vous partants pour une saison 3 ?

Cynthia Akanga : Absolument, j’en ai très envie. Je me sens vraiment très bien avec Arturo, Alessandra et Sébastien. J’aurais bien entendu envie de recommencer.

Arturo Brachetti : Mais on n’est pas des malades d’égocentrisme. Chacun de nous a déjà reçu des consolations de la vie. On n’est pas des metteurs en scène ou des producteurs ratés. On n’a pas besoin de se venger de nos 20 dernières années.