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Au cœur du temps : voyage au centre du chronogyre

Alexandre Raveleau
Publié le 15/07/2011 à 13:14 Mis à jour le 01/11/2011 à 11:34

« Deux savants américains se sont égarés au cœur du temps, dans un labyrinthe des époques passées et futures au cours d’un essai ultrasecret d’un prodigieux dispositif : le chronogyre. Tony Newman et Doug Philips sont lancés dans une aventure fantastique quelque part dans le domaine mystérieux du temps ». Par ce texte d’introduction, démarre chaque épisode d’Au cœur du temps, la série culte des années 1960. Depuis le 28 juin, le premier coffret DVD contenant les 15 premiers épisodes des péripéties spatio-temporelles des deux héros dans le tunnel du temps sont disponibles. Au menu, des séjours aux quatre coins de la frise chronologique sous les regards toujours aussi ahuris du général Heywood Kirk et des Drs. Raymond Swain et Ann McGregor.

Après Voyage au fond des mers et Perdus dans l’espace, Au cœur du temps est la troisième production de la firme Irwin Allen pour la télévision américaine. En 1966, au moment du lancement de cette nouveauté, ces trois fictions étaient à l’antenne (deux sur ABC et une sur CBS). Comme à son habitude, le créateur à l’imagination débridée s’est lancé dans un chantier où la science le plus pointue est au service du grand spectacle. Sous les sables de l’Arizona, un projet top secret, nommé « Tic-Toc », doit permettre à un humain de voyager dans le temps ! Bien trop coûteux aux yeux du sénateur Clarke, le chantier doit stopper. Les deux scientifiques en charge du Chronogyre (le tunnel du temps qui doit permettre les voyages) sont convaincus du contraire. Tony Newman se jette le premier... Doug Philipps ne tarde pas à le suivre. Et les voici à bord du Titanic ! Dès lors, ces docteurs en costume gris et col roulet vert vont naviguer au gré des tentations du temps. Dans la salle des opérations, toute une équipe assiste, impuissante, à leurs pérégrinations. La belle Ann McGregor a les yeux rivés sur ses ordinateurs et oscilloscopes clignotants, tandis que le général et le Dr Raymond Swain (le plus souvent appelé Ray) tentent de trouver la solution...

Au cours de leurs quinze premières plongées à redécouvrir, Doug et Tony vont débarquer en pleine Seconde guerre mondiale, pendant le siège de Troie, à Pearl Harbor ou bien encore partir en voyage pour la Lune. L’une des caractéristiques les plus marquantes de ces bonds dans le temps est la capacité d’Irwin Allen de mélanger les genres... et les images ! En effet, dans le court reportage proposé dans les bonus du coffret, « Au cœur de Time Tunnel » propose un petit rappel des conditions dans lesquelles la série est née et les moyens qui ont été mis en œuvre pour sa production. Ainsi, dès le départ, il était convenu qu’Irwin Allen puisse emprunter des images (voire scènes entières) à d’autres films du catalogue de la Fox. Par exemple, dans le pilote, de très nombreux extraits du film Titanic (1953) ont permis d’alléger les coûts de l’épisode. Il en sera de même dans bon nombre des aventures, avec des images en provenance de Tarass Boulba, Robin des bois ou Les 300 Spartiates. Ces « inserts » ne sont pas vraiment discrets (nombreuses différences dans la qualité des images) mais ont permis à Au cœur du temps d’exister durant 30 épisodes. La série a été stoppée en raison d’une discorde, justement budgétaire.


L’un des postes les plus coûteux de l’aventure a bien entendu été le Chronogyre lui-même. L’engin est d’ailleurs toujours dans toutes les mémoires, en témoigne le choix d’Universal d’en faire l’un des ses éléments centraux de l’habillage du DVD. À l’instar des scientifiques restés dans les années 1960, le téléspectateur retrouve les images des deux héros dans l’écran placé au centre du Tunnel du temps. Cet élément de décor possède d’ailleurs deux noms dans la version française, en fonction de la diffusion des épisodes (« Chronogyre » dans épisodes les années 1960/1970 et « Tunnel du temps » dans les inédits restants années 1980 avec La Cinq).

Dans les autres bonus présents dans le coffret, la bande annonce originale et le Spot TV américain replongeront les inconditionnels au temps de la découverte de la série. Autre surprise avec la version longue de l’épisode pilote « Rendez-vous avec hier ». Aux 48 minutes originales à bord de l’insubmersible Titanic s’ajoutent 5 minutes inédites. L’ensemble des quinze épisodes est disponible en version originale ou française, avec option sous-titre de circonstances.

La navigation au sein de ce premier coffret se fait bien entendu au son du thème composé par John Williams. Pas encore auteur attitré des musiques de Steven Spielberg ou Georges Lucas (Indiana Jones, Star Wars, Les Dents de la mer, Jurassic Park...), le musicien américain avait déjà œuvré avec Irwin Allen pour Perdus dans l’espace dès 1965. Plus tard, il sera également le compositeur de la musique d’Au pays des géants, tout comme sur grand écran de La Tour infernale et L’Aventure du Poséidon (autres productions Allen).

Côté visuel, chaque changement de rubrique, ou retour menu, s’apparente à une nouvelle plongée dans le dédale du temps. Sur fond de kaléidoscope géant - à faire sourire les plus fervents supporters de Denise Fabre - Doug et Tony tombent inlassablement vers une destination inconnue. Cette image est aussi importante dans les mémoires que les sphères du Chronogyre. À la fin de chaque épisode, les deux héros sont en effet « déplacés » vers une époque. Leur transfert se passe toujours de la même façon. Surpris, les scientifiques disparaissent littéralement du décor, chutent dans le tunnel et réapparaissent dans une contrée lointaine. Et en retrouvant toujours leurs habits d’origines ! À charge à eux de deviner quand ils se trouvent... mais la réponse ne sera connue qu’au début de l’épisode suivant. Cet effet de mise en scène, propice au suspens, a ensuite été emprunté dans Code Quantum, pour un autre voyageur.

À noter que le second coffret d’Au cœur du temps sera disponible le 27 septembre prochain. Promesse est faite d’y retrouver James Darren et Robert Colbert aux prises avec des époques passées ou futures, avec la présence accrue de quelques extraterrestres revanchards.