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Avant-Première US > Happy Town, la ville où le mystère plane

Alexandre Freedman
Publié le 29/08/2009 à 18:45

« Quand Twin Peaks rencontre October Road ». Tel pourrait être le descriptif de Happy Town, nouvelle série de mi-saison de ABC. Mêlant esprit de village et énigmes inquiétantes, la fiction a devant elle bien du chemin à faire avant de s’imposer. Toutelatele.com propose en avant-première, grâce au scénario de l’épisode pilote, d’analyser les recoins de cette nouvelle contrée.

Happy Town est le surnom donné à la coquette ville de Haplin, située dans le Minnesota. A première vue, une atmosphère de paix, il fait beau et, comme son nom l’indique, tout le monde est heureux de vivre ici. De nombreux personnages hauts en couleurs viennent d’ailleurs peupler cet endroit. Ils sont en revanche bien trop nombreux pour tous les citer. Le principal protagoniste est connu sous le nom de Tommy Conroy. Il semble vivre une vie parfaite en compagnie de sa femme Rachel. Il travaille également pour son père, Griffin Conroy, en tant que shérif adjoint dans cette ville qui a l’air exemplaire. Mais rien n’est parfait, encore moins à Haplin.

Il fut ainsi un temps où l’ordre ne régnait plus. Sept ans avant le début de la série, un kidnappeur surnommé l’Homme Magique (the Magic Man) avait fait « disparaître » sept enfants, dont la fille de l’imposant John Haplin. Ce dernier est aux commandes de la plus grosse entreprise de la ville : une massive usine... de pain ! Peggy Haplin, sa mère, est la personne la plus respectée de par sa position sociale et professionnelle. Elle est à la fois la descendante directe du fondateur de la commune, et mairesse. Révérée, personne ne peut rien lui refuser, et lorsqu’elle appointe Tommy comme remplaçant de son père en tant que shérif, il ne peut refuser. Malgré ces changements en rafales, et après plusieurs années d’absence, l’Homme Magique fait son grand retour et la traque reprend.

Plusieurs anciens de October Road (autre série d’ABC annulée après 19 épisodes et des critiques désastreuses) ont rejoint le programme, tant chez les scénaristes que les acteurs. Ainsi, les créateurs de cette fiction ne sont nul autre que Scott Rosenberg, André Nemec et Josh Appelbaum. Ces deux derniers seront par ailleurs les scénaristes du prochain Mission Impossible. Au générique, plusieurs comédiens connus font leur retour sur le petit écran, dont deux d’October Road donc, Geoff Stults dans le rôle principal, et Jay Paulson incarnant son bras droit, Eli Rogers. Les sériesphiles reconnaîtront également Steven Weber (Studio 60, Brothers & Sisters), Amy Acker (Angel, Dollhouse) et M.C. Ganey (Lost), qui interprètent respectivement John Haplin, Rachel et Griffin Conroy.


Malgré un casting quasi-impeccable, le seul point positif de cet épisode pilote se situe dans sa gamme très variée de personnages. Une dimension supplémentaire est offerte à la fiction et à sa ville fictive. Les résidents, pour la plupart sympathique, donnent à voir plusieurs facettes d’une petite ville de campagne. Le spectateur peut aussi facilement s’identifier à Henley, la nouvelle venue à Haplin.

En revanche, et c’est là que le bât blesse, cette trop grande variété oblige l’histoire à se focaliser non pas sur les multiples énigmes, mais sur les locaux. Les scénaristes semblent presque forcés de tous les présenter, et ce, quelque soit leur utilité. On note ainsi quelques longueurs, en particulier autour des histoires secondaires complètement annexes et déconnectées du reste, tel la romance façon « Roméo & Juliette » entre l’enfant-star de la ville, Andrew Haplin, et la jeune baby-sitter Georgia Bravin. En parallèle, certains protagonistes, a priori intéressants, n’ont que très peu de choses à faire, ce qui est principalement le cas de Rachel Conroy. A part sourire, elle ne participe à rien, alors même qu’elle est la femme du héros, Tommy.

La série semble vouloir trop en faire, et les retournements de situations restent des plus prévisibles. Exemple, lorsqu’un mystérieux inconnu offre à la frêle Georgia un café dans un hôpital désert, il paraît évident que rien de bon ne va suivre. Cet enchaînement de semi mystères ne semble avoir été intégré que pour remplir le temps d’antenne restant dans ce pilote d’une durée de 90 minutes (le double d’un épisode normal). Même le meurtre d’ouverture à la série se révèle être inutile.

Au final, les personnages attachants offrent au premier abord un aspect intéressant à la fiction, mais le manque d’originalité fait de celle-ci une occasion gâchée.

Malgré des ambitions affichées à vouloir proposer un Twin Peaks moderne, Happy Town n’en est qu’une resucée plus proche d’un sous-High Secret City et autre téléfilm de Stephen King que de l’univers tourmenté et angoissant de David Lynch.

Diffusée au début de l’année prochaine, il y a fort à parier qu’ABC réservera le même sort à cette série qu’à l’enquête télévisée autour du meurtre de Laura Palmer il y a de cela vingt ans.