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Barbara Lefebvre (Les Grandes Gueules) : « Dans Face à l’info, on sert la soupe à Eric Zemmour » ; « Cyril Hanouna tire le populaire vers le bas... »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 13/12/2020 à 18:37

Depuis 2019, Barbara Lefebvre est chroniqueuse dans Les Grandes Gueules, à suivre chaque jour à 9h00 sur RMC Story. L’ex-enseignante se confie sur sa participation au talk de RMC Story et évoque la libéralisation de la parole sur les plateaux de télévision.

Benoît Mandin : Depuis 2019, vous êtes chroniqueuse dans Les Grandes Gueules sur RMC Story. Comment s’est effectuée votre arrivée dans le talk d’Olivier Truchot et Alain Marschall ?

Barbara Lefebvre : Je me suis rendue dans Les Grandes Gueules pour assurer la promotion de deux de mes livres, « Génération, j’ai le droit ! » et « C’est ça la France… ». L’émission est souvent en recherche de nouveaux visages. On m’a proposé de faire des tests pour être chroniqueuse. J’ai trouvé ça très dynamique et stimulant.

Par quoi avez-vous été séduite à l’idée de devenir une Grande Gueule ?

Deux choses m’ont séduite : le dialogue avec les auditeurs et le fait que les intervenants ne sont pas chroniqueurs télé, experts ou professionnels. Si certains ont une activité médiatique importante, d’autres ont une vie professionnelle loin des médias. C’est une émission d’information populaire de qualité. Dans Les Grandes Gueules, il n’y a pas de langue de bois.

« Je connais les limites de la tolérance »

Les débats ne cessent de se multiplier sur les plateaux de télévision. En quoi Les Grandes Gueules parviennent-elles à conserver leur différence ?

Chacun y assume vraiment sa parole. On ne parle pas au nom d’un parti ou d’un groupe. On se sent libre de pouvoir s’exprimer. Dans Les Grandes Gueules, la parole est contrôlée, ce n’est pas rase-motte comme Hanouna ! Je n’irais jamais chez lui, car il y a une forme de vulgarité. Cyril Hanouna tire le populaire vers le bas alors que les Grandes Gueules le tire vers le haut. Je trouve stimulant de donner la parole à des auditeurs que l’on n’entend jamais.

À l’heure où chaque déclaration est scrutée et peut rapidement se transformer en polémique à travers les réseaux sociaux, vous imposez-vous des limites ?

Non, car je contrôle ce que je dis. Je connais les limites de la tolérance. En général, j’essaye de ne pas avoir de propos englobants ou généralistes. Je n’ai pas les réseaux sociaux et je ne les regarde pas. Si une personne veut me relayer ce qu’on peut y dire sur moi, je dis que ça ne m’intéresse pas. Je me suis fait insulter et menacer sur certains sujets, mais ça me laisse totalement indifférente.

« J’ai été menacée de mort y compris devant mon collège »

Certaines menaces auraient-elles pu remettre en question votre participation aux Grandes Gueules ?

Des menaces de mort, j’en ai eu lorsque j’étais enseignante. À la suite de ma participation au livre « Les territoires perdus de la République » en 2002, j’ai été beaucoup amenée à m’exprimer sur les problèmes de communautarisme à l’école dans les médias. À l’époque, même s’il n’y avait pas les réseaux sociaux, j’ai été menacée de mort y compris devant mon collège. Cela ne m’a jamais arrêtée. À la différence de certains, je n’ai jamais dérapé.

En novembre, vous avez donné un avis plutôt tranché sur la vaccination contre la Covid-19. Dans une émission aussi scrutée que Les Grandes Gueules, n’y a-t-il pas un risque d’exposer aussi librement ses pensées ?

Je n’ai pas dit que j’étais réfractaire au vaccin au général. Je ne me ferais pas vacciner avec un vaccin ARN messager. Quand celui de Pasteur sera là, ça ne me gênera pas. Au montage final de l’émission, ils n’ont pas gardé la séquence où j’expliquais avoir fait vacciner onze fois ma fille à un moment où ce n’était pas obligatoire. Je revendique simplement de ne pas être confiante en la nouvelle technologie. Olivier Véran et Emmanuel Macron le disent, on n’a pas le recul nécessaire et on va vacciner dans les EHPAD…

« Face à l’info n’est pas une émission de débats, mais le show d’Eric Zemmour »

Dans un entretien accordé à Toutelatele, Isabelle Saporta a estimé qu’il était difficile d’être dans le politiquement correct au bout de trois heures de direct dans Les Grandes Gueules

Je n’ai pas l’impression d’être dans le politiquement correct. Si y être, c’est ne pas faire un buzz pour se retrouver à la 17e chambre, alors oui on est dans le politiquement correct. Sur BFMTV ou LCI, la parole est beaucoup plus policée qu’aux Grandes Gueules. Après si on se réfère à Pascal Praud le matin sur CNews, ce n’est pas politiquement correct. Au cours des Grandes Gueules du vendredi 27 novembre où on a débattu des sports d’hiver, on en a mis plein la tête au gouvernement. L’unanimité était là pour dire que les mesures étaient catastrophiques.

À travers une chaîne comme CNews avec Eric Zemmour, estimez-vous que l’on assiste à la libéralisation de la parole sur les plateaux de télévision ?

Même si je ne suis toujours pas d’accord avec ce qu’il dit, Eric Zemmour est un journaliste professionnel. Face à l’info n’est pas une émission de débats, mais le show d’Eric Zemmour. Il dit exactement ce qu’il veut, on lui sert la soupe et il n’y a aucune contradiction. Chez Cyril Hanouna, je n’aime pas, car il y a une forme de vulgarité dans les propos. Dans Les Grande Gueules, personne ne va employer de gros mots. Les propos extrêmes ou radicaux ne me gênent pas puisque je suis pour une totale liberté d’expression. Je préfèrerais qu’Edwy Plenel ait son émission plutôt que Cyril Hanouna. Il ne fait pas avancer le débat. De son côté, CNews se transforme en FOX News, ce serait intéressant qu’une chaîne devienne d’extrême-gauche…