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Brice Juigné (Endemol) : « Nous voulons renouveler en profondeur les hebdos de Secret Story »

Robin Girard-Kromas
Publié le 07/06/2013 à 16:20 Mis à jour le 14/06/2013 à 09:10

Fidèle à Endemol depuis plusieurs années, Brice Juigné retrouve Secret Story en tant que chef de projet et producteur des émissions hebdomadaires. Après la déception Star Academy sur NRJ12, où il opérait également en tant que chef de projet, ce dernier révèle les nombreuses innovations prévues cette saison sur les hebdos. Entretien.

Robin Girard-Kromas : La grande nouveauté annoncée cette saison sur les hebdos de Secret Story est le retour d’anciens candidats pour conseiller les habitants de la maison. Pouvez-vous nous en dévoiler un peu plus ?

Brice Juigné : On a l’outil pour le faire, la « confession room ». Derrière l’écran principal d’arrivée de Benjamin, nous avons installé trois écrans pour former comme une boite sur le plateau. On veut qu’un candidat sur l’hebdo puisse être en immersion totale avec quelqu’un dans la maison. Par exemple, un couple qui a été séparé, cela permet aux deux jeunes de se retrouver à l’image, en direct, et de pouvoir interagir. C’est une manière différente de faire des rencontres dans le sas comme on a pu le voir par le passé. Outre des amoureux, ça pourra être des surprises ou Nadège et des anciens qui viennent donner des conseils. Par exemple, un Bastien ou un Jonathan venant aider un grand stratège.

On parle de nouveautés, mais concrètement, la production annonçait déjà l’année dernière vouloir « une saison encore plus autour du jeu »…

Oui, mais l’an dernier, le casting ne l’avait pas vraiment permis car ils n’étaient pas assez joueurs. Cette saison, on a vraiment tout fait pour susciter le jeu dans la maison et on espère avoir en face un casting avec des candidats ultra motivés. On a par exemple beaucoup plus de candidats qui ont fait la démarche de venir que de gens qu’on a été cherché.

« Les doubles secrets, c’est hyper compliqué »

Vous avez donc eu moins recours au « casting sauvage » (casting dans les bars, les boites de nuit, sur les réseaux sociaux…) ?

Oui, beaucoup sont issus de la « casting machine », c’est-à-dire de l’inscription via internet. Bien sûr, on a aussi des candidats qu’on a trouvés via notre équipe de casteurs qui visite la France pendant six mois. Au total, on a près de 41% de candidats issus d’internet, ce qui est beaucoup. Ce sont des gens qui connaissent bien le jeu donc on va devoir les surprendre encore plus. On travaille dur pour trouver des nouvelles mécaniques. Après, une fois lancé, le jeu ne nous appartient plus, on peut leur mettre à disposition des énigmes, mais charge à eux d’avoir envie.

Cette année encore, vous créez de toutes pièces certains secrets (« Nous sommes la famille du public »). Pourtant, les candidats étaient rentrés avec un secret personnel. Pourquoi ne pas les exploiter dans le jeu ?

On a déjà réfléchi aux doubles secrets, mais c’est hyper compliqué. Une saison, on voulait essayer d’avoir ainsi deux secrets par personne. Mais ça créé un déséquilibre dans le jeu. Si on acceptait de donner deux secrets à ces candidats, on devrait le faire avec tous. Secret Story est un jeu, il y a donc un règlement et un cadre bien défini. Il faut une justice pour tout le monde. Donc la notion de double secret, on adore, mais juridiquement il faudrait qu’on ait 17-18 candidats avec deux secrets.

Comptez-vous révéler les secrets que possédaient les candidats à leur entrée ? (Toutelatele.com a déjà donné celui de Ben, « mannequin international »)

En fait, on va un peu les donner dans les portraits de ces candidats. Nous ne prévoyons pas de les mentionner en tant que tel.

Partie 2 > Les évolutions de l’hebdo


Vous avez indiqué souhaiter plus de séquences sur le plateau pendant l’hebdo. Pouvez-vous préciser ?

On veut plus de live. Notre volonté est de créer l’événement et de ne plus forcément passer par la voix en annonçant « Ce soir, c’est la grande soirée de… ». Si on fait ça, les candidats se mettent dans un état d’esprit particulier et on perd en spontanéité. Ça donne un côté un peu redondant, et cette année on a envie de surprendre. Par exemple, en passant dans l’écriture sur une formule comme « la maison reçoit… » et de ne rien dire aux candidats. Puis tout d’un coup, l’ascenseur s’ouvre et quelqu’un rentre. Après, je ne sais pas du tout si ça marchera et ça ne donnera pas de grands moments de solitude ! (rires) On a aussi pensé à faire arriver un énorme cadeau par l’ascenseur, avec un mot dessus où on leur indiquerait un temps à respecter, comme « 30 minutes ». La Voix ne leur dirait rien, les téléspectateurs seraient au courant de ce qui se passe, mais les candidats devraient réagir par eux même. On continuerait la soirée et au bout de 30 minutes par exemple, s’ils n’ont pas compris l’énigme, le paquet exploserait. On veut créer quelque chose comme ça.

L’ascenseur semble avoir une place prédominante dans cette nouvelle saison…

On ne va pas jouer chaque semaine avec l’ascenseur, mais c’est l’exemple le plus simple que je pouvais donner. Toutes ces nouveautés, nous avons envie de les essayer et on verra si ça fonctionne. Mais il faut aussi que Secret Story fonctionne bien pour qu’on puisse continuer à amener de nouvelles choses.

Les quotidiennes assument pleinement le côté feuilleton du programme. Est-ce aussi le cas avec les hebdos ?

Dans l’hebdo, il y a deux choses : les histoires qu’on raconte de la semaine, donc plutôt feuilleton, mais aussi le côté « direct ». On a envie qu’il se passe quelque chose en live, que le public soit scotché devant son écran. Le pire, c’est d’être dans l’attendu, car on a parfois un peu fait le tour dans certains aspects de la mécanique.

Angela Lorente évoque « un grand divertissement familial ». Quand on repense à ce que pouvait proposer l’hebdo par le passé, notamment les scènes de ménage entre Nathalie et sa femme, ce type de scènes semblent inimaginables. Doit-on donc s’attendre à des hebdos édulcorées ?

On est programmés à 23 heures, on a donc le droit d’aller plus loin dans l‘histoire qu’à 18 heures dans les quotidiennes. Qu’en journée on soit un grand spectacle familial, c’est tout à fait logique, mais quand on arrive à cette heure, on a le droit d’avoir un humour un peu plus potache, des séquences un peu différentes, notamment avec les rubriques d’Adrien ou avec des scènes du live. Mais du trash pour du trash, c’est non. On ne va pas aller demander aux candidats de se tomber dessus en direct. Après, quand le trio a réglé ses comptes à 23h40 l’an dernier, cela ne me pose pas de soucis, car c’est leur histoire, ils avaient besoin de se dire ce qu’ils pensaient et ce n’était pas trash.

Partie 3 > NRJ12 responsable de l’échec de la Star Ac ?


Vous étiez chef de projet sur la Star Academy de NRJ12. Quel est votre sentiment aujourd’hui après l’annonce de la non-reconduction de l’émission par la chaîne ?

Je suis très déçu.

Comment expliquez-vous en particulier l’échec des quotidiennes ?

Je pense que c’est une erreur totale de programmation, c’était un non-sens de vouloir faire de la Star Academy une émission comme Les anges de la télé-réalité qui ressemble beaucoup plus à de la scripted, avec le Mag qui va devant et une émission qui enchaine. Le lancement de la Star Academy a été loupé à cause de cette stratégie. Ici, ce n’est pas des oisifs à Miami, nous devions montrer de l’école, de la progression et de la vie, et en 20 minutes ça ne suffisait pas. On a trouvé notre rythme une fois qu’on est passé sur un format plus long, avec des quotidiennes de 32-33 minutes, mais un programme se gagne ou se perd en 15 jours.

« NRJ12 a eu les yeux plus gros que le ventre »

La Star Academy est-elle définitivement enterrée aujourd’hui ?

Non, nous sommes en discussion avec d’autres chaînes. On y croit toujours, car le format est très fort. Après, il faut toujours faire son autocritique. La saison dernière, sur le prime, la chaîne n’avait pas les moyens et a eu les yeux plus gros que le ventre. C’était un programme qu’elle ne pouvait pas se payer, car il doit rester somptueux.

Vous avez aussi beaucoup souffert de la comparaison avec Nouvelle Star et son retour flamboyant sur D8…

Ce n’était pas les mêmes moyens. D8 et NRJ12 ont des budgets qui ne sont pas les mêmes. La Nouvelle Star a fait un travail formidable, mais de notre côté, on n’est pas magiciens. Après, je pense que ça valait tout de même le coup de tenter.