Toutelatele

Caroline Cochaux (Présidente de Gulli) : « Avec Gulli, on ouvre le champ des possibles, ’tous pareils tous différents’ »

Publié le 05/06/2017 à 19:14 Mis à jour le 05/06/2017 à 23:30

Incontournable sur la TNT, Gulli demeure, saison après saison, la chaine jeunesse la plus regardée par les enfants. Et pour les combler au mieux, il convient de concocter une grille en adéquation totale avec les attentes des chérubins. Cette alchimie réside entre blockbusters, marques incontournables et productions inédites venus parfois de l’autre bout du monde. Bilan de saison en compagnie de Caroline Cochaux, qui dirige la chaine ainsi que l’ensemble du pôle TV du groupe Lagardère active.

Toutelatele : Gulli a enregistré de nombreux records ces dernières semaines. Quelle analyse en tirez-vous au-delà du simple fait des vacances scolaires d’avril ?

Caroline Cochaux : On est très heureux, car le paysage audiovisuel est très dense sur les enfants, tout particulièrement en vacances scolaires. À cette période, toutes les chaines se mettent à avoir des programmes jeunesse en matinée, donc il y a une émulation assez forte des généralistes. Et malgré ces périodes plus compliquées, on est très content d’être leader, et d’établir des records. Cela signifie que notre offre rejoint ce dont les enfants ont envie, des enfants en pleine mutation, qui ont accès à de nombreux écrans, de nombreuses opportunités, et d’autres centres d’intérêt pendant les vacances. On est content de voir que les programmes que l’on choisit leur plaisent. On a, par exemple, eu de très bons résultats avec les séries Dreamworks. On savait que c’était une bonne base pour aller chercher les enfants et leurs mamans. On souhaite une écoute partagée, on lie les enfants avec leurs mamans devant la télévision, alors que le smartphone est un plaisir solitaire.

Totally spies est un vrai succès en matinée sur Gulli. L’ambition d’une chaîne jeunesse est-elle aujourd’hui d’aller récupérer les droits d’anciens blockbusters des chaines historiques ?

Ça fait partie aussi de la stratégie. Gulli a onze ans. Il y a donc déjà une génération qui est née avec Gulli, qui a eu sa première chaîne enfants, tout comme leurs parents ont connu, peut-être, il y a trente ans Canal J. L’idée d’aller chercher des dessins animés déjà éprouvés, c’est un peu la Madeleine de Proust, ça remet des souvenirs d’enfance dans la tête des parents. Et puis, ce sont de très belles marques. Tant qu’un dessin animé a la puissance pour aller toucher une cible d’aujourd’hui, il faut foncer. Totally Spies était un pari. On ne pouvait pas imaginer un tel succès, c’est incroyable ! Gulli est parfois première chaîne nationale le matin, cela veut dire que cette marque a touché plus que le bassin enfants. On ne s’interdit jamais rien chez Gulli ! C’est un de nos axes : il y a des nouveautés et des programmes old school.

Quelles autres marques comptez-vous faire rentrer sur la grille ?

On vient d’aller chercher, à nouveau, le magazine C’est pas sorcier. On est ravi de les avoir à nouveau sur l’antenne, car, à mon sens, on n’a pas fait mieux en matière d’émission découverte pour décrypter et expliquer aux enfants. Une première soirée a eu lieu en prime time le 31 mai. Par contre, on opère une sélection en se positionnant sur des sujets précis, qui ne se démodent pas comme les volcans par exemple, à l’inverse des téléphones…

Il y a quelques années, Gulli proposait des dessins animés cultes pour séduire un autre public tout en restant dans une logique de programmation d’animation comme Olive et Tom ou encore Jeanne et Serge… Pour quelles raisons ces Gold ont été abandonnés ?

Sur ces dessins animés, le véritable problème est l’image, qui n’a pas été retravaillée en haute définition, ce qui n’est pas le cas de Totally spies. Le 4/3 pose un vrai souci aux enfants. Après, il peut y avoir un problème de droits comme c’est le cas pour Candy par exemple. Cela fait des années qu’ils sont bloqués, et donc impossible à obtenir. Dans le cas contraire, je les mettrais volontiers à l’antenne, comme Princesse Sarah, car ses histoires rejoignent toutes les générations…

« On ne s’interdit jamais rien chez Gulli ! C’est un de nos axes : il y a des nouveautés et des programmes old school »

Gulli multidiffuse cependant L’instit, série en 4/3…

Oui, mais sa programmation se fait pendant le prime des adultes, donc c’est différent. Pour tout ce qui est animation, le 4/3 n’est plus possible. D’ailleurs, L’instit est une série old school qui passe très bien à l’antenne aujourd’hui, car elle ne comporte pas d’objets technologiques qui pourraient la vieillir. Victor Novak n’a pas de téléphone (rires). C’est une série non segmentante qui rassemble toute la famille.

Un genre semble interdit d’antenne sur Gulli, le manga. Le groupe Lagardère détient les droits du nouveau Dragon Ball. Serait-il impossible de la retrouver sur la grille de la chaine jeunesse ?

Le manga pur et dur est assez violent. Donc pour le coup, on n’en veut pas. Gulli vise vraiment les 4/10 ans. Pour Dragon Ball Super, on y a réfléchi et on l’a regardé avec les yeux d’un enfant de cinq ans. Mais pour nous, il y avait trop de violence. C’est accessible aux enfants à partir de 8/9 ans, car ils ont la capacité de faire la différence, mais pas avant. On ne peut pas diffuser ce genre de dessin animé sur une chaîne sur laquelle les parents peuvent laisser leurs enfants sans aucun risque…

À l’époque le Club Dorothée opérait certaines coupes…

Bien sûr avec des coupes ça pourrait passer, mais je ne suis pas sûr que ce soit ce que les distributeurs souhaitent avec l’intégrité des œuvres…

En dehors de Safari Go, vous avez proposé le samedi soir des marathons de dessins animés comme Totally Spies, Roi Julian l’élu des Lémurs, Dragon au-delà des rives…. Est-ce une programmation qui va se pérenniser ?

Oui, le test a été concluant. Les résultats ont été très bons sur les cibles. De plus, Gulli est la seule chaîne qui peut faire cela pour les enfants… L’ensemble du catalogue de Gulli pourrait passer dans cette case, en dehors des séries pour les très jeunes comme My Little Pony, ces marathons de prime seront alors redirigés sur Tiji.

« Quand on nous l’a proposée, Chica vampiro avait déjà fait le tour de Paris. Personne n’en a voulu… »

Chica Vampiro a été un succès inattendu sur Gulli en access prime time. Quelle est la genèse de son arrivée sur la chaîne ?

Quand on nous l’a proposée, Chica vampiro avait déjà fait le tour de Paris. Personne n’en a voulu… Nous, on a regardé ça et on a adoré ! Le problème était que l’on n’avait jamais programmé de télénovelas sur Gulli, donc c’était un risque, car on avait de vrais enjeux d’audience à faire… Il y a eu des réticences, alors on l’a achetée pour la Russie et l’Afrique également (où la marque Gulli est déployée, ndlr). On a d’abord acheté la moitié de la série, soit 60 épisodes, à un prix réduit, qui a été réévalué par la suite pour les autres épisodes (rires). Les enfants ont tout de suite adoré, à un niveau incroyable, c’était un phénomène. En une semaine, on s’est rendu compte de la déflagration de Chica Vampiro alors que cette série a été tournée deux ans avant la diffusion française…

Gulli a fait émerger la marque Chica Vampiro, mais TF1 exploite la licence. N’est-ce pas quelque peu frustrant ?

Non, car on nous a proposé toutes les licences. Et quand TF1 a repris les droits de la chanson, qu’ils ont diffusé le clip, j’ai été très heureuse, car c’est une belle opération de communication pour Gulli . Imaginez combien coûte 1min30 d’antenne sur TF1 ? (rires) Tout ceci a nourri la marque, et les produits dérivés ont servi l’audience de Gulli. Les enfants doivent savoir que Gulli est leur chaine et qu’ils vont y trouver la meilleure série possible.

Aujourd’hui, n’est-il pas difficile pour Gulli de trouver le successeur de Chica Vampiro ?

Oui bien sûr ! Cela s’explique par le fait que Chica Vampiro réunit plusieurs ingrédients comme la magie, l’amour, l’amitié, les filles, les garçons, les parents… qui ont séduit les plus jeunes, les préados, etc.. Il fallait qu’on trouve une série de la même veine, comme Franky, la jeune robot doit s’intégrer, a des soucis avec sa famille, des histoires de cœur… Certes, Franky a moins fonctionné en termes d’audience, mais Chica Vampiro avait séduit plus que sa cible, c’est ça la magie ! 500 000 à 600 000 chaque soir, c’était incroyable ! Même nos concurrents nous ont félicités (rires).

Vous aviez également testé, sans véritable succès, Big time rush

La série a très bien fonctionné, mais ce n’était pas la même cible. Il n’y avait pas la dimension de la famille, ni de la magie, ni les ressorts de la telenovela…

Les droits de diffusion de la nouvelle télénovela pour les jeunes, Divina, ont été acquis par France 4. N’avez-vous pas de regret sur cette marque qui est déjà un succès avant même son arrivée en France ?

On nous l’a proposée. C’est une jolie série, ce n’était pas le bon moment pour nous. On a fait d’autres choix, car la dimension magique n’apparait pas dans cette télénovela. Gulli est une chaine pour enfants et non pour ados, c’est ce qui fait la différence… Il est probable que Divina fonctionne, mais pour une cible un peu plus âgée que la nôtre, les 11/14 ans.

« L’enjeu le plus difficile sur Gulli est de garder la puissance en day time »

Devant cet état de fait, Chica Vampiro conserve sa case en access en multirediffusion…

(rires) Mais les enfants ont un truc incroyable avec la rediffusion : on peut lui raconter tous les soirs la même histoire, pourtant, tous les soirs, ils vont en entendre une différente. La rediffusion ne leur pose aucun problème, ça les rassure même. On rediffuse ainsi Chica Vampiro ou de l’animation, car il y a une vraie demande des enfants, à la différence du public adulte. D’ailleurs, la preuve, des épisodes multirediffusés marchent mieux que des épisodes frais.

Vous avez lancé dernièrement la première saison de Safari Go. Quel bilan en tirez-vous ?

Je suis satisfaite, car il y a eu un plébiscite des enfants. C’est une dimension différente de Tahiti Quest, il y a beaucoup de découvertes sur les animaux… L’émission a gagné pas mal en consolidé, avec 90 000 de plus, c’est dû au fait que certains n’ont pas pu la regarder face à The Voice, qui séduit également les enfants sur TF1. Malgré tout, la part d’audience de Safari Go sur la cible est restée conséquente avec 20%.

Pourquoi avoir programmé Safari Go face à The Voice alors que Tahiti Quest était diffusé le vendredi ?

On a fait ce choix, car le vendredi il y avait Koh-Lanta, et je n’avais pas envie d’être associé à ce format. Safari Go n’a rien à voir. Je ne voulais pas cette programmation en frontal. On a donc fait ce choix du samedi, face à The Voice.

Aujourd’hui sur les chaines jeunesse étrangères, il semble y avoir un retour à l’incarnation des programmes. Pourtant, on le voit assez peu sur Gulli. Quelle en est la raison ?

C’est un choix économique et éditorial. Cependant, on a relancé le Gu’Live il y a quelques semaines. On fait de nouveaux essais désormais le week-end sur trois heures. On étudie cela avec attention, car on ne veut pas que les enfants décrochent entre les dessins animés, afin qu’il y ait une fluidité de l’antenne. À voir si le Gu’Live va y parvenir. J’aime beaucoup les choix que Joan a faits pour cette formule, et les enfants l’adorent !

« Quand une série a marché sur Gulli, les producteurs peuvent s’en prévaloir pour la vendre ailleurs »

À une époque, Gulli proposait des divertissements étrangers en prime time comme Total WipeOut, Live to dance, Don’t stop believing…, est-ce exclu aujourd’hui ?

Total Wipeout est un super programme. On ne pourra pas le produire à cette cadence, avec beaucoup de moyens, c’est du cartoon grandeur nature ! On fait reposer la marque, ce n’est pas exclu, mais ça va revenir… Après c’est difficile de trouver d’autres formats en « ready made » aux acquisitions. Quand on en trouve, on n’hésite pas, bien au contraire.

Gulli a testé en 2012, Opération nounou, est-ce à dire qu’un format comme Super Nanny aurait sa place sur la chaine ?

Quand je suis arrivée, il y a eu effectivement Opération Nounou. Mais je ne trouvais pas que c’était à sa place sur Gulli. Pour moi, aucune mère de famille ne va se dire à 21 heures, « Mon enfant est couché, je vais regarder Gulli  ». Cependant, à l’époque, la ligne éditoriale était différente. La journée était dédiée aux enfants, et la soirée aux parents. Cet entre-deux n’était pas légitime pour les enfants à mon sens. Pour moi, un enfant doit trouver un programme pour lui-même à 21 heures. Et dénicher la meilleure nounou pour un bébé de six mois, un enfant n’est pas du tout concerné (rires). À l’inverse, Super Nanny est regardée par les enfants, car ils voient des enfants comme eux dans d’autres familles. C’est un programme remarquable, l’idée est super bonne, mais cela n’aurait pas sa place en l’état sur Gulli. On est en train de développer un programme où l’on regarde ce qui se passe dans les autres familles. Tant que ça intéresse les enfants, ça intéresse Gulli !

On ne peut pas dire que Mission impossible, longtemps diffusée sur Gulli, s’adresse vraiment aux enfants…

Oui, mais dans cette série, il n’y a quasiment pas violence. Les parents adoraient la regarder. Je vous accorde qu’on avait beaucoup moins d’enfants que de 50 ans et plus devant Mission impossible (rires). Après cette série a le même schéma à chaque épisode, avec des codes récurrents, et les enfants adorent ce genre de principe.

Un schéma récurrent, un peu comme Zorro

On adorerait l’avoir ! Tout comme La petite maison dans la prairie aussi. On a eu Docteur Quinn à une époque, car ça plait vraiment aux enfants et à la famille.

Dans ma télécabine, C’est bon signe, Ruben et les p’tites toques…, vous multipliez les programmes courts sur l’antenne de Gulli. Les enfants sont-ils demandeurs ?

Oui, car cela se rapproche de la manière dont on regarde les vidéos sur internet via Youtube, et autres… mais toujours avec le regard très sécurisé de Gulli. On va d’ailleurs tourner une douzaine de nouveaux épisodes des Tactiques d’Emma. On a fait aussi Les petites impros avec des enfants très jeunes et pourtant ça a plu aux plus âgés aussi. On n’hésite pas à cibler toutes les thématiques. Avec Gulli, on ouvre le champ des possibles, « tous pareils tous différents ». Il n’y a pas un modèle d’enfants magnifiques. C’est la chaine mixte par excellence qui doit donner la possibilité de dire à tous les enfants « Je peux être lui, je peux être elle » Tout le monde doit s’y retrouver.

La thématique « Animaux » est appréciée des enfants. Une marque comme 30 millions d’amis, qui a un stock important d’émissions, pourrait-elle trouver sa place sur Gulli ?

Je ne saurais pas où mettre 30 millions d’amis sur la grille de Gulli, car pour moi c’est une émission de journée, et l’animation est très puissante. Et puis, les images ont beaucoup vieilli, il y aurait pas mal de « reboutiquage » à faire… Cependant sur Gulli, nous avons bien travaillé la cible animaux et la thématique nous plait toujours. On a racheté le Zoo qu’on a diffusé en prime, on a produit Mission protection, SOS animaux en danger, 4 pattes pour une famille… On cherche des formats originaux, à apporter un nouveau jouet… On souhaite rediffuser, mais également apporter des choses nouvelles, car il y a de tout dans la chambre des enfants.

« Aujourd’hui, Gulli est un média global, ce n’est plus seulement une chaine télé sur le canal 18 »

Les prime de Gulli ont du mal à attirer tout logiquement les enfants. Est-ce l’enjeu le plus difficile pour vous ?

Non, l’enjeu le plus difficile est de garder la puissance en day time. Avant, TF1 était premier sur les enfants tout au long de la journée. Ce n’est plus le cas. On doit être les plus puissants au moment où les enfants sont là. Aller chercher les 4 ans et plus, c’est bien, surtout quand je vois que le samedi matin on est première chaine nationale, car il en faut, mais pour moi le plus important est de séduire les 4/10 ans et les parents à 18 heures. Le prime time traditionnel (21 heures, ndlr) sur Gulli n’est pas stratégique, c’est un simple bonus. On a donc remis les films patrimoniaux comme Cadet Roussel, Les 3 mousquetaires, etc. Depuis le 1er juin, on a lancé les jeudis de l’animation française avec des films d’auteur comme Kirikou, Les triplettes de Belleville

Vous n’êtes donc pas prête à tout pour faire gonfler l’audience quotidienne 4+ de Gulli, comme se l’autorisent certaines chaines ?

Je dois être cohérente dans l’identité de la chaine. Je ne peux pas promettre aux parents que devant un de nos écrans l’enfant est en sécurité absolue, et en même temps faire le contraire ailleurs. Je ne peux pas faire un double discours, une double offre, avec un manga ou autre par exemple qui visera les ados. C’est ce qui renforce la marque… Comme avec la croisière Gulli, il y en a déjà eu une et c’était plein ! On va faire la même croisière que pour les parents, mais avec le prisme des enfants, ils auront leur propre fascicule dédié, Joan sera là, etc. Les enfants sont en lien avec Gulli, une marque réellement associée à eux.

Analysez-vous les grilles de vos concurrents européens comme Kika en Allemagne ou Clan en Espagne ?

Oui nous regardons cela, à titre informatif, avec Eurodata. Mais je ne reproduis par les schémas. Kika reste une chaine assez proche de Gulli mais nos enfants sont différents. De plus, nous n’avons pas tous accès aux mêmes catalogues, donc il est difficile de reproduire une grille à succès ailleurs… Mais par exemple, Chica Vampiro avait cartonné en Italie avant la diffusion française. Pourtant, il a fallu attendre son succès sur Gulli pour que l’Allemagne et l’Espagne l’achètent. Ainsi, quand une série a marché sur Gulli, les producteurs peuvent s’en prévaloir pour la vendre ailleurs…

Comment une chaine indépendante comme Gulli au sein d’un grand groupe comme Lagardère arrive à se défendre face à un diffuseur comme France TV qui a des deals européens en animation ?

Nous avons des deals avec Turner et Viacom. Mais notre chance est de pouvoir récupérer les propriétés qui nous plaisent. Par exemple, le groupe Lagardère est le seul diffuseur de Pokemon ou encore de Power Rangers… Nous avons des marques très puissantes qu’aucun autre grand groupe ne pourra avoir les unes à côté des autres. C’est une énorme chance ! Au final, avec les trois antennes cumulées (Gulli, Canal J, Tiji) nous sommes le premier diffuseur d’animation française avec 11000 heures par an.

L’un des enjeux à venir est le digital. Comment développez-vous cet aspect-là pour attirer le public cible sur ce device ?

On travaille tous les jours le digital, c’est un de notre gros axe de développement. On est en train de travailler sur la refonte du site Gulli. On continue à innover avec des mini-séries sur le web. Désormais quand on pense un programme, on le pense en dématérialisé. On a déjà développé une quinzaine de chaines YouTube par marque et thématique. Aujourd’hui, Gulli est un média global, ce n’est plus seulement une chaine télé sur le canal 18. On travaille le média global en linéaire, en replay (plus de 25 millions de vidéos vues par mois), sur le terrain avec les Gulli Parc, la tablette, etc. On est la chaine préférée des enfants d’Afrique avec « Gulli Africa ». En Russie, on a vu qu’on était très challengé, et qu’il y avait une place à prendre sur les filles, on a donc rebrandé la chaine en « Gulli Girls » en septembre dernier. On est réactif comme les enfants. Je n’attends pas dix ans avant de changer quelque chose…

Après les héroïnes, les animaux, quelle tendance semble poindre pour les productions à venir ?

L’humour, la comédie, on n’hésite pas à s’affranchir de tous les codes du cartoon traditionnel. On va dans le délire. On s’autorise maintenant des choses déjantées sur des tas de propriétés. Il n’y a qu’à voir Gumball qui pousse le curseur assez loin. La comédie est ce qu’il y a de plus accessible à tous. Les super-héros existeront toujours aussi, c’est une grosse tendance. Aujourd’hui, quand on preachete les programmes, il ne s’agit plus de raconter simplement une histoire, il faut être drôle, dans l’action, c’est ce qui va lier le plus la famille, cela va permettre à un parent de rejoindre son enfant…