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Caroline Margeridon (Affaire conclue) : « Sans Julien Cohen, je m’ennuierais »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 06/03/2019 à 15:21

Ce mercredi 6 mars à 16h15, France 2 proposera deux nouveaux numéros d’Affaire conclue : tout le monde a quelque chose à vendre. Caroline Margeridon se confie sur sa participation au magazine de brocante. Elle évoque également le succès sans cesse grandissant de l’émission et ses projets.

Benoît Mandin : Comment êtes-vous arrivée dans Affaire conclue ?

Caroline Margeridon : La Warner (producteur d’Affaire conclue, ndlr) est venue me débaucher en décembre 2017. Vu que l’émission a débuté en août, j’avais entendu parler d’Affaire conclue, mais je n’y avais pas vraiment prêté attention. Après avoir vu quelques images, je n’étais pas si emballée. Ils ont insisté et j’ai fait le casting via Skype. Ça a dû bien les amuser parce que je suis assez cash. Ils m’ont prise et j’ai démarré en janvier.

Par quoi avez-vous finalement été séduite ?

Au début, rien ! La télé n’est pas mon métier et je ne savais pas vraiment ce qu’était Affaire conclue. Quand j’ai compris que l’on était des vrais marchands et qu’on achetait avec notre argent et nos connaissances, cela m’a amusé. Mon appréhension était de savoir si c’était vraiment de la vraie marchandise qu’on découvrait en même temps que le téléspectateur. Je trouve que l’émission a super bien évolué. Au début, je ne pouvais pas acheter des paniers à salade tous les matins. Comme je dois l’acheter et la revendre, autant que ça soit des trucs chouettes.

Affaire conclue est un format allemand. Quelle clé la France a-t-elle su apporter pour contribuer à son succès ?

Il est beaucoup moins sexy que le nôtre ! On est des Latins et les Allemands sont rigides. Nous, on part souvent en cacahouète, mais c’est naturel. C’est formidable de voir que la Warner et France 2 ne nous coupent pas. On est cash et on dit ce qu’on pense. Ils ont réussi à trouver des caractères différents. On est tous plus ou moins spontanés avec nos travers plus ou moins bons. Aux Puces de Saint-Ouen, j’ai 300 à 400 personnes qui viennent chaque week-end de Belgique, de la Réunion ou de l’Ile Maurice juste pour faire des câlins. Je suis la « madame câlinou » de l’émission. Le Français est plus fou et plus fun. Je pense qu’avec des Italiens, ça cartonnerait de la même manière.

Au fil des semaines, vous avez conquis le coeur des téléspectateurs. Comment l’expliquez-vous ?

Je suis très présente et suivie sur les réseaux sociaux. Je réponds, car j’ai la chance de dormir que trois à quatre heures par nuit. Beaucoup de téléspectateurs m’ont dit qu’ils me détestaient au début. C’était limite la bourgeoise qui débarque. Maintenant, ils me disent qu’ils n’aiment que moi. Certains me disent même : « Quand on voit que vous n’êtes pas dans l’émission, on coupe ». Je suis comme Obélix, je suis tombée dans le milieu de la brocante quand j’étais petite. Je suis une vraie marchande. A 5 ans, j’obligeais les gens à me faire des chèques de 1 franc et je me sentais super riche (rires). Je connais très bien cette marchandise et j’ai eu ma première boutique à 15 ans. Je n’achète qu’au coup de coeur et les gens pensent que la production est venue me chercher pour concurrencer le caractère de cochon de Julien Cohen.Quand je suis arrivée, ils ne m’ont pas fait de cadeau.

« Il m’est arrivé bêtement d’acheter trop cher parce que je me suis énervée contre Julien Cohen »

Comment gérez-vous les tensions entre acheteurs ?

Dans la vie, on est tous hyper sympas, mais dès qu’on rentre dans les enchères, on n’est plus copains. Il ne faut pas oublier que c’est notre argent. Il m’est arrivé bêtement d’acheter trop cher parce que je me suis énervée contre Julien Cohen ou alors de le pousser pour lui faire acheter une « grosse merde » (rires). Julien Cohen est marchand depuis cinq ans et ça, c’est une force. Lors du premier jour de tournage, j’ai dit à la Warner : « Ça ne m’amuse pas, j’arrête ». Ils m’ont dit : « Vous êtes obligée de faire le deuxième, etc... ». Le deuxième jour s’est mieux passé. Ça ne m’a pas amusé parce quand un nouveau arrive, tout le monde a peur qu’il prenne sa place. J’ai décidé de leur montrer qui était le patron pour rire.

Avec Julien Cohen, on assiste à une compétition. Ne se laisse-t-on parfois pas prendre aux limites du jeu ?

Pas moi parce que je connais trop bien la marchandise. Je suis folle, mais pas inconsciente. Je peux arrêter parce que je me dis que je peux crever avec. Julien Cohen a plus de moyens que moi, mais après tout dépend de la manière dont on gère ce métier. Ou on est marchand et on revend ou un homme d’affaires et on fait de la pub. Je ne veux pas qu’on parle de moi, je veux revendre ma marchandise. On a chacun nos fan-clubs. Il est arrivé très souvent que des hommes et des femmes disent à Julien Cohen : « Vous pouvez toujours augmenter. Je vendrais à Caroline Margeridon ». J’ai acheté des lots moins chers que ce que Julien Cohen proposait.

Comment expliquez-vous que votre stratégie fait à ce moment-là la différence ?

J’ai appris à connaître Julien Cohen et il est génial. Je pense que le public a bien compris que je suis naturelle et très bienveillante. J’adore les gens. Je collectionne les globes terrestres, j’adore tenir le monde. Je suis une vraie maman et le public s’est attaché à moi pour tout ça. Je protège souvent Anne-Catherine Verwaerde. Quand Stéphane Vandenhoven est arrivé, je l’ai protégé aussi. Les téléspectateurs s’en rendent compte donc leurs retours sont bienveillants.

Julien Cohen a tendance à pousser ses collègues dans leurs limites. Comment le gérez-vous ?

Sans Julien Cohen, je m’ennuierais. Vu qu’il a de gros moyens financiers, il nous pousse dans les limites. Mais moi je m’en fous puisque j’en ai aussi. Cela explique pourquoi il ne m’aimait pas au début. La production m’a choisi comme le pendant féminin de Julien Cohen. Anne-Catherine Verwaerde est parfois désespérée, car Julien Cohen apprend hyper vite. Dès qu’il voit une marchandise jugée cohérente, il ne va pas hésiter. Anne-Catherine Verwaerde n’a pas les mêmes moyens et vend sur internet... Avec Julien Cohen, on a des boutiques et c’est un avantage.

« La production m’a choisi comme le pendant féminin de Julien Cohen »

Comment définiriez-vous votre stratégie ?

Je connais trois siècles de marchandises, ce qui est une grande chance. Je suis très « sauvegarde du patrimoine ». Ma stratégie est simplement de redonner vie à l’objet. Je ne transforme rien. Je viens de faire la restauration d’un tableau, il a fallu complètement le rentoiler, car il était limite transparent. Je n’ai pas pour autant mis une horloge à l’intérieur. Je l’ai amené chez une grande restauratrice et elle m’a fait un travail de folie. J’ai redonné vie au tableau. Julien Cohen achète un objet et il s’amuse à le transformer, ce n’est pas le même métier.

Vous fixez-vous parfois des limites ?

Il m’est arrivé parfois d’arrêter, car je n’ai plus les moyens de mes ambitions et ça me fait mal. En temps normal quand je me retrouve à acheter chez un particulier ou ailleurs, je ne vais pas pousser les enchères aussi hautes. Ce n’est pas de la frustration, j’ai les boules et je me dis : « Ce n’est pas grave ». Ce qui me gêne, c’est quand on achète un objet chez moi et qu’au lieu de le restaurer, il va être transformé. Là, j’ai envie de pleurer et c’est horrible.

Comment définiriez-vous votre spécificité dans le milieu de la brocante ?

J’ai la chance de savoir si la marchandise est bonne dès que je la vois arriver. Je n’ai pas besoin de savoir ce qu’on dit les experts. J’ai plein de cordes à mon arc puisque j’ai cinq métiers. Je ne vends rien sur internet, car je trouve que l’objet, il faut le toucher, le sentir et le ressentir. Je n’ai pas de site. Si vous voulez me voir, vous venez sinon je ne vous vends pas !

Affaire conclue connaît un succès sans cesse grandissant en audience. Comment l’expliquez-vous ?

J’étais sûre que cette émission cartonnerait. Ça fait des années que beaucoup de gens me disent : « Il faut monter un truc autour de l’antiquité ». La France est quand même la sauvegarde du patrimoine. J’ai déjà fait des pilotes pour France 3 il y une vingtaine d’années, ça n’a jamais marché. Affaire conclue est vraie et les gens le ressentent à l’écran. J’ai des bus entiers qui viennent de Belgique juste pour faire des photos. Tous les pays francophones nous regardent. Il n’y a rien de faux dans cette émission.

« J’ai une idée d’émission avec Pierre-Jean Chalençon »

Diriez-vous que la clé du succès d’Affaire conclue s’explique aussi par Sophie Davant ?

La clé du succès est Sophie Davant ! Elle est vraiment cool et marrante. Elle fait des bourdes et est nature. Je ne la vois pas puisqu’on n’est du tout dans la même salle donc je regarde les émissions en replay. Que ça soit Sophie Davant, les commissaires-priseurs et acheteurs, on est tous naturels. On ne joue pas. Sophie Davant se prend parfois des éclats de sourire par rapport à un objet ou elle dit une grosse bêtise. Le public adore ça.

Face à ce succès, France 2 multiplie les expositions d’Affaire conclue à travers des rediffusions. Ne redoutez pas une lassitude du public ?

Cette émission est étonnante et addictive. Les téléspectateurs s’attachent aux personnages. Les jeunes réapprennent l’antiquité et l’histoire à travers Affaire conclue. Mais ce qu’ils ne supportent pas, c’est les rediffusions. Ça les rend hystériques parce qu’ils veulent toujours voir de l’inédit. On surfe sur une vague et le jour où France 2 verra que ça ne marchera plus, elle reverra sa stratégie. Au final, on ne nous voit pas tant que ça puisque nous sommes beaucoup d’acheteurs. Une dame de 69 ans m’a téléphoné en me disant que j’avais sauvé la vie de sa maman de 96 ans parce que je lui ai répondu via les réseaux sociaux. Elle était dans une maison de retraite et depuis que je l’ai répondu, elle a repris 14 kilos. Elle est avec toutes ses copines où à 16 heures, elle dit : « J’ai ma copine Caroline à la télé ». Et aujourd’hui, elle ne veut plus du tout mourir !

Comment gérez-vous cette soudaine notoriété ?

J’ai eu la chance d’avoir organisé pendant 35 ans des gros salons d’antiquaires sur Paris. J’ai fait énormément de BFMTV en direct, de Télématin... en tant qu’organisatrice de salon. Au début, j’ai eu un peu peur, car Anne-Catherine Verwaerde, Pierre-Jean Chalençon et Alexandra Morel me disaient : « C’est compliqué ». Les gens ne sont pas du tout agressifs. Dans la rue, je leur fais des câlinous, car j’adore ça. Ce n’est pas une notoriété pesante. J’ai la chance d’avoir un fan-club de 18 mois à 96 ans.

Comment arrivez-vous à gérer vos différentes activités et le rythme de tournage qu’impose une quotidienne comme Affaire conclue ?

Ma force est que je ne dors pas beaucoup. Mon emploi du temps est bien organisé et c’est plutôt simple, mais là on tourne aussi le dimanche. Au début, on avait une émission par jour. Avec Affaire conclue : la vie des objets, on est passé à 3, et maintenant 4 avec la déclinaison du dimanche où on se rend chez les gens pour trouver les trésors à travers un jeu entre marchands. La production vient de m’appeler pour me dire que j’allais faire la deuxième d’Affaire conclue : la chasse aux objets. J’arrive à alterner les tournages avec ma société de gardiennage, mes quatre boutiques et j’élève mes deux garçons. En revanche, je suis en train de passer la main sur mon agence de voyages.

Parallèlement à Affaire conclue, avez-vous d’autres projets ?

J’ai une idée d’émission avec Pierre-Jean Chalençon. Je suis un vrai garçon et lui c’est un peu une fille parfois. J’adore conduire et j’ai toujours été fascinée par les voitures. Ce qui nous amuserait serait qu’on se balade tous les deux dans toute la France. On propose aux téléspectateurs de découvrir le petit restaurateur du village, les monuments qu’ils ne connaissent pas et la personne connue qui a pu y vivre. C’est un projet qui m’éclaterait bien.