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César 2012 > Le sacre d’Omar Sy et de The Artist

Alexandre Raveleau
Publié le 24/02/2012 à 21:00 Mis à jour le 04/03/2012 à 00:34

Antoine de Caunes sur Canal+

Polisse (13 nominations), L’Exercice de l’État (11 nominations), The Artist (10 nominations), Intouchables (9 nominations), L’Apollonide (8 nominations), La Guerre est déclarée (6 nominations) : Cette Cérémonie des César était annoncée comme la grande fête de tous les cinémas. Depuis le théâtre du Châtelet, acteurs, réalisateurs, techniciens et producteurs attendaient le palmarès de cette année riche en succès populaires. Guillaume Canet, Président d’un soir, a ouvert le grand bal devant un parterre de stars , n’oubliant pas de rendre un hommage à l’ingénieur du son Pierre Gamet : « Le monde entier nous envie notre cinéma (...) Je déclare cette 37e Cérémonie des Césars ouverte. »

En compagnie des tous les principaux nominés de la soirée, Antoine de Caunes a démarré en revisitant quelques-unes des scènes des films en compétition. À l’instar d’un Billy Crystal aux Oscars, le maître de Cérémonie a même eu le droit à son double animé dans Titeuf. De retour en scène, et en vrai, Joey Starr et lui ont entamé une première « danse ». Et l’heure était déjà à la première catégorie, Meilleur espoir féminin, avec Tahar Rahim. Et le César est attribué à... Naidra Ayadri (Polisse) et Clotilde Hesme (Angele et Tony). Un prix ex æquo en guise de lancement. Et une victoire pour le film de Maiwenn, le grand favori. Le ton est donné ?

Mathilde Seigner avait la tache de remettre le prix du Second rôle masculin. Bernard Le Coq, Joey Starr ou Nicolas Devauchelle étaient en compétition. Et finalement, Michel Blanc (L’Exercice de l’État) a obtenu son premier César d’une carrière riche en succès. « C’est un rôle très différent de ce que j’ai pu faire (...) Je n’étais pas sûr que le public me suive dans cette direction ». Et Mathilde Seigner de mettre les pieds dans le plat et proposer à « Didier » (Joey Starr) de monter « quand même » en scène... Grand seigneur, Michel Blanc offre « la garde alternée » de son César. Hésitations dans la salle. Effet pétard mouillé pour la vedette d’Une Hirondelle a fait le printemps !


Après les Costumes (L’Apollonide) et les Décors (The Artist), Alexandre Astier a eu droit à la visite impromptue d’anciens collègues digne de l’ère Kaamelott , avant de remettre le César du Meilleur film d’animation (Le Chat du Rabbin). Juste après, Aure Atika n’a pas manqué d’envoûter son monde avant que Grégory Gadebois, pensionnaire de la Comédie-Française, rajoute un trophée au palmarès d’Angèle et Tony. Puis un scoop : le prochain Desplechin sera en 3D selon les informations exclusives d’Antoine de Caunes ! Une nouvelle blague qui n’a pas manqué d’amuser Omar Sy, provoquant son rire si distinctif et communicatif. Car si d’habitude, l’ambiance a pu être plombée dans un Châtelet guindé, la bonne humeur d’Omar a tout changé.

Au Cochon de Gaza (Meilleur premier film), Julie Ferrier a répondu par un hommage aux dresseurs et surtout aux animaux, sous les traits d’une hystéro complète, Sarah van der Vuss. « On a travaillé comme des titans dans Babe (...) Et la chouette dans Harry Potter, c’était qui ? ». Et la preuve en image avec l’arrivée d’un chien sur les planches, aussi doué pour les galipettes que l’asticotage sur jambe ou « la queuleuleu »... Et les agneaux de Tous au Larzac ont emporté le prix du Documentaire, et Alice Taglioni a remis le trophée pour la musique en tentant de faire siffloter l’auditoire, pas toujours très juste... Ludovic Bource a rajouté une ligne à son CV pour The Artist.

En Anglais dans le texte, Antoine de Caunes s’est adressé à Kate Winslet en ces termes : « don’t fuck the mother nature ! » pour pointer du doigt les dégâts de la chirurgie esthétique. Le réalisateur Michel Gondry lui a remis son César d’Honneur en quelques vers d’un poème teinté d’humour et de sous-entendus. Standing ovation. « Après tous ces commentaires concernant mon décolleté » a-t-elle démarré, « je ne peux pas faire semblant de parler français. (...) J’aimerai remercier tous ceux qui m’inspirent et me poussent à aller plus loin. Je remercie Michel Gondry d’avoir parlé de ma poitrine et de mon derrière à la télévision française... ! »


« Cette année, un géant du cinéma a disparu : Megaupload ». Voici comment Antoine de Caunes a envoyé le magnéto des souvenirs... En débarquant sur le plateau, Kad Merad a littéralement pulvérisé le pupitre ! « Bonsoir l’Académie ! » sous les éclats de rire de la salle. Carmen Maura (Les Femmes du 6e étage) l’a rejoint pour récupérer son César du Meilleur second rôle féminin. « Je suis très fière d’être une actrice espagnole. Mais grâce à vous, je sens que je suis une petite partie du cinéma français. ». Juste après, L’Accordeur a obtenu la récompense du Meilleur Court-métrage.

Le quinquennat de Nicolas Sarkozy a été résumé en quelques répliques par le Maître de Cérémonie pour lancer Sara Forestier et le prix du Meilleur scénario original (L’Exercice de l’État). Antoine de Caunes s’est intéressé à l’application des César pour tablette numérique. L’occasion de retrouver Valérie Lemercier depuis l’Inde, où elle tentait de « faire campagne » à Bollywood. À dos d’éléphant, la comédienne a fait un clin d’œil à l’Académie. Idem pour François Berléand, dans un jeu vidéo interactif. « Quand on le caresse sur le ventre, il se met à ronronner... » et il répète tout : « J’enc**** le cinéma français et je les bai** » .

Matthieu Kassovitz, l’enfant rebelle du cinéma français a surpris son monde en arrivant sur scène. « Je suis venu honorer ma promesse... » . Inquiétude palpable... Finalement, le réalisateur de L’Ordre et la morale a remis le prix technique de la Photographie à The Artist. L’hommage rendu à Annie Girardot a précédé l’arrivée de Frédéric Beigbeder. Le César du Meilleur Scénario adapté est revenu à Carnage, qui permet à Polanski d’enchaîner la récompense après The Ghost writer en 2011. En l’absence de Yasmina Reza et du réalisateur, Kate Winslet est remontée sur scène pour recevoir le prix. Heureux hasard des invitations. « C’est vraiment extraordinaire, on vous remercie ! »


Frédéric Mitterrand, le ministre de la Culture, a bien entendu eu droit à son petit mot personnel, en hommage à ces « diableries » datant des années où il présentait la soirée. Valérie Bonneton a été directe : « Vous refoulez du bec Antoine ! ». Après un numéro de duettiste aux relents mentholés, Polisse a obtenu le César du Montage, provoquant les pleurs de Maïwenn. Et L’Exercice de l’État a reçu un autre prix, celui du Meilleur son. Ainsi s’est achevé le tunnel tant redouté d’Antoine de Caunes des César techniques. À 23h15, le film de Pierre Schoeller était le plus primé et toujours rien pour Intouchables.

Laurent Lafitte est passé des Molière aux César et en a profité pour détendre l’atmosphère. S’adressant à Kate Winslet, il s’est distingué en s’étonnant que « quand on a une bonne actrice américaine, elle est toujours anglaise ». Sa très sérieuse sélection des « Meilleurs Français dans une Américaine », avec « Benjamin Millepied dans Natalie Portman » ou « Olivier Martinez dans Halle Berry » a fait grand bruit. Erreur de prompteur... Ou plutôt blague potache ! Il s’agissait en fait de la sélection du Meilleur film étranger. Face au Discours d’un roi ou Black Swan, l’Iranien Une séparation a été largement applaudi par l’ensemble du public.

La surnaturelle Julie Depardieu et Éric Elmosnino ont rejoint le pupitre pour l’un des quatre César les plus attendus, celui du Réalisateur. Face à Aki Kaurismaki (Le Havre), Alain Cavalier (Pater) ou Maïwenn (Polisse), Michel Hazanavicius a été récompensé pour son film muet. « Je voudrais dire aux autres que les films étaient tous super bien. J’ai donc eu beaucoup de chance d’avoir été choisi » . À quelques heures des Oscars, The Artist obtient alors son premier prix majeur de la Cérémonie. « Je voudrais dire à Bénérice (...) que le film te doit beaucoup. Tu l’as beaucoup inspiré ».


Pour le César de la Meilleure actrice, Gilles Lellouche a décacheté l’enveloppe, mais avant... le comédien a joué les bougons, et Antoine de Caunes d’ajouter « Vous, vous ne pensez qu’à niquer ! » en clin d’oeil. Ariane Ascaride, Karin Viard, Marine Foïs, Valérie Donzelli... Finalement, Bénérice Béjo a rejoint son compagnon à la ville au palmarès. En pleurs, «  Je dois vous avouer quelque chose : je le voulais... Je ne pensais pas que je serais si ému ». Face à un Jean Dujardin aussi ému, l’actrice a remercié toute l’équipe « ceux qui ont mis de l’argent, qui y ont cru... ». Au final, elle a dédié son trophée à son « papa et sa maman ». « Merci beaucoup, beaucoup, beaucoup ! » Et Antoine de Caunes de ressortir son « gros pétard » de sa poche en guise de consolation à Karin Viard.

Moment très attendu. Nicole Garcia est arrivée sous les feux des projecteurs pour le César du Meilleur acteur, dédié « à tous ceux qui sont dans la bataille ». Immense surprise, Omar Sy a damé le pion de Jean Dujardin, donné archi-favori. Le comique du SAV du Grand journal monte et déclare : « J’ai envie de dire putain. J’avais envie de faire des vannes, mais je peux pas ». Parents, familles, Omar Sy, visiblement très ému, n’a oublié personne. « Je remercie aussi mon pote Fredo ». Au bord des larmes, la vedette d’Intouchables a brandi son César pour ses enfants. « Je suis comme un dingue ! »

Et « puisque les meilleures choses ont toujours une fin », Guillaume Canet a rejoint la scène pour le César du Meilleur film . À l’exception de La Guerre est déclarée, tous les favoris avaient déjà obtenu au moins un prix. Face à Polisse, Intouchables ou L’Exercice de l’État, The Artist succède à Des Hommes et des dieux. Produit par Thomas Langmann, le film est également en piste pour l’Oscar. Il permet à Jean Dujardin de monter sur la scène. « C’est un film qui part de très très bas, personne n’en voulait. (...) C’est très émouvant. Je remercie Thomas et du coup Claude Berri. » a conclu Michel Hazanavicuis. Et le traditionnel mot de la fin pour Antoine de Caunes : « gloire aux vainqueurs et honneur aux vaincus ».