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Damien Canivez (C’est que de la télé) : « Dans TPMP, on se demande quelle est notre réelle crédibilité... »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 11/12/2019 à 12:01

Depuis 2017, Damien Canivez est l’un des visages récurrents de C’est que de la télé. Le jeune journaliste dresse un bilan de ses deux premiers saisons passées dans le talk d’actualité de C8. Il évoque également les raisons de son départ de Touche pas à mon poste.

Benoît Mandin : Comment est né votre collaboration avec Cyril Hanouna ?

Damien Canivez : En juin 2016, Cyril Hanouna cherchait un jeune pour intégrer Touche pas à mon poste. J’ai d’abord rencontré Lionel Stan (directeur de H2O, la société de Cyril Hanouna, ndlr). Tout s’est ensuite enchaîné assez vite. Mais je n’ai pas accepté tout de suite, car je n’ai jamais rêvé de faire de la télé. J’ai finalement saisi cette opportunité. C’était extrêmement angoissant. Pour mon premier TPMP, je devais donner mon avis sur une séquence de Secret Story. Je me souviens avoir appris par cœur mon texte parce que j’avais peur de bafouiller (rires). J’en garde un souvenir à la fois excitant et angoissant.

En tant qu’acteur des médias, n’avez-vous pas eu quelques appréhensions à exposer vos points de vue dans une émission aussi scrutée que Touche pas à mon poste ?

C’est le risque quand on donne son avis. On peut aimer une émission comme la détester. L’essentiel était d’éviter de blesser les personnes qui travaillent pour les programmes. Comme le dit si bien Cyril Hanouna, « la télé c’est que de la télé ! ». On peut être critique tout en étant bienveillant. Quand tu as 25 ans et que tu dois dire que Secret Story n’est pas l’émission du siècle, c’est un peu présomptueux. Dans TPMP, on se demande quelle est notre réelle crédibilité.

Vous êtes l’un des rares journalistes médias à être resté dans l’équipe de Touche pas à mon poste. Comment l’expliquez-vous ?

C’est assez compliqué de s’intégrer dans la bande de TPMP. Le divertissement existe depuis dix ans et il y a un noyau dur de chroniqueurs. Jean-Michel Maire et Isabelle Morini-Bosc sont là depuis longtemps. Quand on intègre cette émission, il faut prouver sa personnalité tout en étant humble. C’est un travail d’équilibriste !

« C’est que de la télé m’oblige à avoir des avis tranchés sur des sujets extérieurs à l’univers des médias »

Comment êtes-vous arrivé dans C’est que de la télé ?

L’émission a été imaginée en un week-end après l’échec de C’est que de l’amour (à la rentrée 2018, ndlr). C’est que de la télé avait pour but d’évoquer les médias dont on ne parlait pas dans Touche pas à mon poste : Télématin, Silence ça pousse… J’avais toute ma place autour de la table. Puis, petit à petit, on a basculé vers des sujets de société. Ils sont plus enrichissants pour moi que la matière télé vu que je la traite au quotidien. Cela m’a permis de m’ouvrir à des thèmes auxquels je n’étais pas forcément destiné. Dans C’est que de la télé, on peut aussi bien parler d’une application pour réduire les déchets, du glyphosate et des violences conjugales. L’émission m’oblige à me tenir au courant de l’actualité et d’avoir des avis tranchés sur des sujets extérieurs à l’univers des médias.

Pourquoi avoir fait le choix de délaisser Touche pas à mon poste au profit de C’est que de la télé ?

A la base, j’étais dans Touche pas à mon poste. Et quand C’est que de la télé a été lancé, il y avait des ponts entre les deux émissions. On a su constituer notre bande dans C’est que de la télé et Cyril Hanouna a trouvé judicieux de séparer les visages des deux programmes. On m’a donc vu de moins en moins dans Touche pas à mon poste. Pour des raisons logistiques, il m’est aujourd’hui compliqué de participer au show phare de C8. Je me sens chroniqueur à part entière dans C’est que de la télé. Mais le vaisseau amiral de C8 reste TPMP avec les excellentes audiences qu’on lui connaît.

Quel bilan tirez-vous de ces deux premières saisons de C’est que de la télé ?

Le bilan est excellent. J’ai le sentiment d’avoir grandi aux côtés de professionnels aguerris : Julien Courbet et Valérie Bénaïm. Ils me donnent des conseils et me permettent de progresser en télévision. J’ai gagné énormément en culture générale. Quand on doit faire un débat sur les violences conjugales, on s’oblige à s’informer des lois en vigueur en France et à l’étranger. C’est positif à tout point de vue. C’est que la télé est un bijou pour moi !

« On ne doit pas se laisser faire par ces militants et espèces de vigiles qui sont sur les réseaux sociaux »

Dans C’est que de la télé, vous vous livrez à des avis bien tranchés quitte parfois à choquer vos camarades et Valérie Bénaïm. Vous imposez-vous des limites ?

Comme dans Touche pas à mon poste, on a une seule règle dans C’est que de la télé : être nous-mêmes. La seule limite que je m’impose est celle de la loi. Valérie Bénaïm peut être parfois surprise par les réponses que je donne. En même temps c’est ce qui fait aussi le charme de cette émission. C’est important que nous ne soyons pas d’accord sur certains thèmes. Ça fait vivre les débats et permet à C’est que de la télé d’être rythmé. Tous les avis doivent être représentés. Les équipes de Nourdine Slimani (producteur de C’est que de la télé, ndlr) composent toujours une table très intelligente. En fonction des sujets choisis, elles vont mettre tel ou tel chroniqueur, car elles savent exactement que l’on ne sera pas d’accord sur tel ou tel sujet.

Dans un contexte où chaque avis donné sur les plateaux de télévision peut susciter une polémique, n’est-il pas difficile d’exposer aussi librement ses points de vue ?

Bien sûr... Quand je sors du plateau, je me dis parfois : « Tiens, cette phrase va -peut-être- être reprise ou déformée par les réseaux sociaux ». C’est un risque aujourd’hui. On ne doit pas se laisser faire par ces militants et espèces de vigiles agissant sur les réseaux sociaux. Ils guettent le moindre faux pas pour nous mettre la tête sous l’eau. Lorsque l’on s’exprime à la télévision, il faut imaginer le montage qui peut être fait des propos et repris en boucle sur les réseaux sociaux. Il faut après être capable d’assumer si les propos n’ont pas été jugés « bienpensants ». Personnellement, je n’ai aucun problème avec ça. La critique est salutaire. Il arrive que mes opinions changent, car des personnes ont réussi à me convaincre que je n’avais pas forcément raison. En parallèle, il y a des gens qui sont toujours dans l’insulte sur les réseaux sociaux. La plupart des messages que l’on peut recevoir sont sous couvert d’anonymat... C’est le jeu et cela ne m’a jamais empêché de dormir.

Au profit d’un début de Touche pas à mon poste à 18h30, C’est que de la télé a perdu trente minutes d’antenne à la rentrée. La réduction du temps accordé à un débat n’apporte-t-elle pas une part de frustration ?

C’est le choix du producteur et de la chaîne. En plateau, ce n’est pas frustrant. On met toute notre énergie sur ce temps qui nous reste. L’émission est plus vivante et dynamique. On prend toujours autant de plaisir à participer à C’est que de la télé. Touche pas à mon poste est la locomotive d’audience de C8. Si Cyril Hanouna a intérêt de prendre l’antenne à 18h30 pour attirer ses téléspectateurs et les garder jusqu’à 21h15, c’est des logiques commerciales et de publicité que je comprends totalement. C8 aurait tort de s’en priver.