Décès d’Etienne Mougeotte, journaliste et vice-président de TF1 sous l’ère Patrick Le Lay
La mort d’Etienne Mougeotte marque la fin d’un chapitre de l’histoire de la télévision. Mais TF1 vit encore -en partie- sur l’immense héritage laissé par Patrick Le Lay et son vice-président.
Etienne Mougeotte s’est éteint ce jeudi 7 octobre 2021 à l’âge de 81 ans. Journaliste de profession, il a su faire basculer le paysage audiovisuel français lors de la privatisation de TF1. Ainsi, pendant vingt ans, il conduira les destinées de la Une et allait en faire, en binôme avec Patrick Le Lay, la première chaine d’Europe.
Du JDD à Télé 7 jours
Mais avant, Etienne Mougeotte a jonglé avec les médias. De la presse écrite avec Paris Normandie à la radio sur France Inter puis Europe 1 en passant par la télévision (c’est lui qui annoncera la victoire de François Mitterrand lors de la soirée présidentielle sur Antenne 2 avec Jean-Pierre Elkabbach), le journaliste va rapidement trouver sa place au sein du groupe Hachette (Lagardère) en prenant la direction de la rédaction du Journal du Dimanche puis de Télé 7 jours. Il sera d’ailleurs à l’initiative de la création des 7 d’or, prix récompensant les animateurs et les programmes de télévision, avec Georges Cravenne. Et quand Matra-Hachette, dirigé par Jean-Luc Lagardère, se positionne pour le rachat de TF1, il fait tout logiquement partie des têtes pensantes du dossier. Francis Bouygues le fera alors venir dans son écurie dès l’achat acté par son groupe.
Audiences au sommet pour TF1
Directeur d’antenne, puis vice-président du groupe, Etienne Mougeotte a construit l’image de TF1 en lui faisant atteindre des sommets d’audience. Pour y parvenir, il mise sur des têtes d’affiche tutoyant les 50% de part de marché avec leurs divertissements comme Patrick Sabatier, Patrick Sébastien, Jean-Pierre Foucault ou les rendez-vous d’information avec Patrick Poivre d’Arvor, Jean-Pierre Pernaut et Claire Chazal. Sous son ère, la fiction française se développe à travers des héros récurrents, parmi eux Navarro, Julie Lescaut, les Cordier Juge et flic…, sans oublier les séries américaines considérées comme des produits à part entière. Beverly Bills, Melrose Place, Alerte à Malibu, Walker Texas ranger, par exemple, ont les honneurs de l’access à certaines périodes de la vie de TF1. Mieux que personne, Etienne Mougeotte avait compris tout l’intérêt des cibles commerciales.
Un héritage toujours en cours
Le duo qu’il a formé avec Patrick Le Lay restera à tout jamais gravé dans l’histoire de la télévision. Calomnié, pointé du doigt pour certaines dérives et obligeant la Une a opéré une « quête de sens », le binôme a véritablement construit la télévision privée tout en livrant bataille à leur adversaire de prendre ordre, le groupe M6, et en se démenant face à l’offensive de Jean-Pierre Elkabbach, alors président de France Télévisions entre 1994 et 1996. Ce dernier utilisant les mêmes ingrédients que TF1 pour faire grimper les audiences du service public.
En 2007, Etienne Mougeotte est prié de quitter TF1, laissant les clés à Nonce Paolini, puis Gilles Pelisson, deux dirigeants qui ont profité -et profitent toujours- de l’héritage laissé par le duo. Quinze ans après, la Une reste leader grâce à l’impulsion donnée entre 1987 à 2007.
À son départ, Etienne Mougeotte rejoint le groupe Le Figaro avant d’aller s’occuper de Radio Classique tout en dirigeant le groupe de presse Valmonde qui a en portefeuille des titres comme Valeurs actuelles et Mieux vivre votre argent.
Avec la disparition d’Etienne Mougeotte, un peu plus d’un an après celle de Patrick Le Lay, une page de la télévision se tourne définitivement, mais elle restera incontestablement celle qui a posé les fondements du Paysage Audiovisuel Français que l’on connait aujourd’hui.
La réaction de Gilles Pélisson, actuel Président Directeur Général du groupe TF1
« A la fois journaliste, chef d’entreprise, créateur, Etienne Mougeotte était un homme de médias hors normes. Avec Patrick Le Lay, il a réinventé la télévision et incarné le développement de TF1 et son succès inégalé. J’ai un profond respect pour lui et pour ce qu’il a bâti. J’ai eu la chance de bien le connaître et l’annonce de son décès est, pour moi, une immense tristesse ainsi que pour le comité exécutif du groupe et les milliers des collaborateurs qui ont travaillé avec lui. L’ensemble des équipes de TF1 s’associent à moi et adressent leurs condoléances et leurs pensées les plus chaleureuses à sa famille et à ses proches. »