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Eric Revel (Face à l’info / Balance ton post) : « La joute intellectuelle avec Eric Zemmour m’intéressait »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 05/12/2019 à 20:11

Depuis la rentrée 2018, Eric Revel intervient dans Balance ton post sur C8. L’ex-dirigeant de LCI se confie sur sa première année passée aux côtés de Cyril Hanouna. Il évoque également Face à l’info, émission où il commente l’actualité aux côtés d’Eric Zemmour et Christine Kelly au quotidien.

Benoît Mandin : Comment est née votre collaboration avec Cyril Hanouna ?

Eric Revel : Je regardais ce qu’il faisait depuis longtemps. J’ai toujours eu le sentiment qu’il s’adressait à des gens qui m’intéressaient, car il leur donnait la parole. Cyril Hanouna a créé Balance ton post et sa société H2O m’a contacté, car elle jugeait le concept intéressant pour moi. On m’a présenté une émission d’analyse et de débats, ça m’a poussé à passer le casting. J’ai toujours trouvé les approches de Cyril Hanouna très originales et différentes. Ça s’est avéré lors du mouvement des gilets jaunes, il a été le premier à leur permettre de s’exprimer à la télévision. Balance ton post est une aventure fantastique, car je venais de plateaux où la classe politique et les économistes décidaient.

A l’image de la crise des gilets jaunes, diriez-vous que Balance ton post est arrivé à point nommé dans un contexte où la liberté d’expression était décriée sur les plateaux de télévision ?

Par mes racines ouvrières, j’ai le sentiment de faire partie de cette population. Bien que j’ai évolué différemment (Eric Revel a dirigé LCI et France Bleu, ndlr), je suis conscient que ces Français-là n’ont jamais eu la parole sur les plateaux de télévision. Cyril Hanouna a pris un chemin éditorial qui n’avait jamais été fait d’une manière aussi forte auparavant. Toute la problématique des gilets jaunes et de la France périphérique a éclaté au grand jour dans Balance ton post.

En 2019, Cyril Hanouna a été le premier à inviter une femme voilée sur un plateau de télévision. Que cela vous évoque-t-il ?

Quand j’ai dirigé LCI, j’ai mis à l’antenne des formats qui n’existaient pas non plus. L’un d’entre eux était dédié à la banlieue. Il avait pour objectif de montrer qu’il s’y passait autre chose que des feux de poubelles et voitures fracturées. Bien que le programme a donné lieu à des initiatives, les médias n’en ont pas parlé. Même si c’est modeste par rapport à Balance ton post, ce choix était audacieux pour une chaîne comme LCI. Je pense que tout cela tient à l’histoire de C8 et au concept qu’elle est capable de porter. Des émissions sont bâties extrêmement rapidement et sont mises à l’antenne en direct. Sur les autres chaînes, c’est beaucoup plus compliqué. Cette agilité de C8 ressemble beaucoup à Cyril Hanouna.

« J’ai appris plein de choses grâce à Balance ton post »

Avec l’émergence des réseaux sociaux, la moindre phrase prononcée à la télévision peut susciter une polémique. Vous imposez-vous des limites ?

Je ne me suis jamais posé la question de mes limites. Quand je viens à Balance ton post, j’ai vraiment le sentiment de pouvoir dire ce que je veux. Après que l’on prenne un risque avec les réseaux sociaux, ça fait partie du jeu… Cela dure moins longtemps qu’une rose. Je ne suis pas tellement consommateur de réseaux sociaux, mais sur Twitter, je ne me suis jamais fait « allumer ». Le ton est libre et si une polémique naissait, j’assumerais. Les gens ont le droit de ne pas partager mon opinion. Les téléspectateurs de Balance ton post comprennent que tous les intervenants parlent vrai.

Balance ton post a été lancé à la rentrée 2018. Quel bilan tirez-vous de votre première année au sein de l’émission de débats et d’actualité de C8 ?

Il y a eu des pics d’audience fabuleux. L’émission avec Marlène Schiappa a fait plus d’un million de téléspectateurs en janvier. Maintenant, on est sur un rythme de 500/550.000 en moyenne. J’ai appris plein de choses grâce à Balance ton post. C’est une machinerie très impressionnante. Même si je suis le plus vieux de la bande, le bilan est positif. C’est un rythme fatiguant avec de l’adrénaline et de la tension. C’est formidable de pouvoir intervenir en direct avec toute la prise de risque que cela représente. Les thèmes de l’émission sont segmentant. C’est un bonheur de pouvoir apprendre de nouvelles choses à plus de 55 ans. Je suis reconnaissant à Cyril Hanouna de me permettre de participer à cette aventure. Je suis content et fier de me retrouver à côté de Bernard Laporte, Karim Zéribi, Eric Naulleau, Agathe Auproux et Christine Kelly. On est devenus une bande d’amis.

En pleine polémique suite à ses propos lors de la convention de la droite, Eric Zemmour a été recruté par CNews pour incarner Face à l’info. Avez-vous hésité à rejoindre l’émission ?

J’ai vu la polémique monter. Dès le premier numéro, j’ai dit à Eric Zemmour que je repoussais tout ce qui contribue à hystériser le débat en France. Il y a eu beaucoup de pression, mais je n’ai pas hésité à accepter la proposition de CNews. Je suis un homme de débat. La pire des choses est de devoir retirer de l’antenne une personne suite des propos polémiques. Eric Zemmour a été condamné et va aller en appel. Chez lui, il y a quand même une épaisseur historique. La joute intellectuelle avec Eric Zemmour m’intéressait. Alors que je m’attendais à un simple effet de curiosité, les audiences restent très élevées. La P1 que l’on fait avec Marc Menant et Eric de Riedmatten permet à CNews d’être première chaîne info.

« Balance ton post est une aventure formidable, car je venais de plateaux où la classe politique et les économistes décidaient »

Comment analysez-vous le succès sans cesse grandissant de Face à l’info ?

On apporte des choses à travers un travail documenté. Les gens s’attendaient à un combat total de type « Zemmour vs Le reste du monde ». Les sujets sur lesquels on n’est pas d’accord, moi je lui dis. Je fais la même chose avec les autres intervenants de l’émission tout en gardant un respect mutuel. Je pense que le contenu de Face à l’info est intéressant et sans réelle polémique. Je suis content de participer à cette aventure.

Pour éviter certains propos jugés dérapant d’Eric Zemmour, CNews a fait le choix de priver Face à l’info de direct. Avez-vous compris cette décision ?

Je crois que cela vient plus du comité éthique de Canal+. On enregistre quasiment en direct la première partie. C’est très peu décalé dans le temps. L’objectif est de pouvoir toujours coller au mieux à l’actualité. Je suis cantonné dans un nouveau rôle. Tout s’inscrit dans ma démarche d’apprendre sans cesse. De journaliste économique, je suis devenu un journaliste politique grâce au Grand Jury RTL et maintenant on me fait confiance pour parler de politique internationale.