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Gilbert Rozon > le juré d’Incroyable talent tombe le masque

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Directeur de la publication
Publié le 27/11/2007 à 13:07 Mis à jour le 03/04/2011 à 17:57

La plupart des candidats d’Incroyable Talent le redoute. Et pourtant... Gilbert Rozon met du coeur à l’ouvrage dans tout ce qu’il fait. Découvreur de talents et bourreau de travail, il est devenu le roi de l’humour grâce au festival Juste pour Rire et des caméras cachées diffusées dans plus de 150 pays. Mais au delà de ça, il y a un homme qui a envie de bien faire et conscient que la vie l’a comblé...

Jérôme Roulet : Comment-vous êtes vous retrouvé au sein du jury d’Incroyable Talent ?

Gilbert Rozon : Au départ, je pensais que c’était un canular ! Je passais sur Paris pendant trois heures et lors d’un rendez-vous, deux gentilles dames se sont présentées à moi. Je croyais qu’elles voulaient me vendre un calendrier (rires). Et finalement, c’était sérieux ! Les dirigeants de M6 m’ont même donné un rendez-vous téléphonique. Et puis, alors que j’avais complètement oublié cette histoire, je me suis réveillé dans le jury ! C’est dans ces moments-là où l’on ne s’attend à rien, qu’il nous arrive les choses les plus curieuses...

Jérôme Roulet : Vous n’avez pas jamais hésité à faire une seconde saison ?

Gilbert Rozon : Je n’ai eu aucune hésitation. D’ailleurs, ça a complètement affaibli ma position dans les négociations car ils savaient que ca me tentait (rires). C’est une émission que j’adore avec un concept formidable. C’est une vraie variété qui aide les talents. Et puis on a beau dire ce qu’on veut, c’est une exposition importante pour les candidats et ils trouvent du travail. On aide du monde et, en plus, on est payé pour s’amuser. C’est scandaleux ! (rires).

Jérôme Roulet : L’an dernier, vous formiez le trio avec Jean-Pierre Domboy, remplacé cette saison par Patrick Dupond. Deux personnalités différentes ! Avez-vous été déçu de ne pas retrouver Jean-Pierre ?

Gilbert Rozon : Jean-Pierre est un ami de 25 ans. On s’est connu tout jeune. J’ai été vraiment triste de le voir partir. J’adore Patrick Dupond mais je ne le connaissais pas du tout auparavant.

Jérôme Roulet : Quels sont les atouts de vos collègues du jury ?

Gilbert Rozon : Sophie a une vraie connaissance du cirque. Il ne faut pas que les concurrents se battent contre elle sinon elle se crispe (rires). J’aime bien la charrier. Patrick a une sensibilité exacerbée, c’est un vrai coach. Il est un homme de cœur et c’est écrit sur son visage. Alors que moi, je suis un peu plus stoïque (rires).

Jérôme Roulet : Vous êtes toujours le moins patient. Dans 90% des cas, vous buzzez le premier ! N’avez-vous pas l’impression de passer pour le méchant du jury ?

Gilbert Rozon : Oui c’est vrai, je suis moins patient. Mais j’ai une théorie toute bête : j’essaye de me mettre dans la peau d’un spectateur intelligent parce que j’en ai beaucoup vu. Je ne veux pas faire semblant. J’écoute mes intuitions et je me dis : « Si j’étais devant mon écran, est-ce que je zapperais ? ». Puis, je traduis et j’articule mes instincts.

Jérôme Roulet : Vos instincts sont donc ceux du « méchant de service » ?

Gilbert Rozon : Mais dites donc, vous ne m’avez pas encore demandé mes qualités. Quand on pense à Gilbert Rozon, on dit « qu’est ce qu’il est gentil » (rires). C’est la première chose qui vient à l’esprit de tout le monde ! (rires) Je suis condamné à une sorte de gentillesse provinciale...


Jérôme Roulet : Pourtant sur Facebook par exemple, il y a des groupes de discussions anti-rozon...

Gilbert Rozon : (surpris) Mais c’est épouvantable ce que vous me dites-là (rires) C’est trop méchant d’être-anti-rozon ! Il faut vite créer des groupes de discussions anti des anti-rozon (rires). En tout cas désormais, je vais me tenir sur la pointe des pieds mais je risque de faire concurrence à Patrick Dupond !

Jérôme Roulet : Cependant, pour votre défense, vous savez revenir sur votre décision. Tout particulièrement lors des face à face avec les candidats quand ceux-ci vous séduisent avec leur repartie ! Le face à face jury / candidat est donc tout aussi important que la prestation ?

Gilbert Rozon : La conversation a son poids. Celui qui a un bon sens de la repartie peut avoir un talent mal exploité pendant ses deux minutes d’antenne... L’an dernier, c’est arrivé avec Yvette Leglaire par exemple. Elle a fait un mauvais show mais c’est un vrai personnage ! Il faut dire que tout se passe à un train d’enfer. Cette année, j’ai eu quelques remords avec le candidat qui jonglait avec des ballons de basket. Il avait une vraie folie dans l’œil. Et puis, ces garçons en bicyclette, je regrette de ne pas avoir fait arrêter le tournage pour les sauver... Mais cette émission est une telle machine !

Jérôme Roulet : Qu’attendez-vous véritablement d’un incroyable talent ?

Gilbert Rozon : Les choses les plus simples sont les plus dures à respecter. En comédie, on dit toujours qu’il faut commencer par la chute, et reculer. Une situation, c’est quelque chose qui accroche avec une force dramatique ou poétique. Ensuite, il faut des rebondissements sinon c’est linaire...

Jérôme Roulet : Découvreur d’humoristes, avez-vous l’espoir d’en trouver un dans cette émission ?

Gilbert Rozon : C’est possible. Mais je cherche un peu de tout comme artistes pas seulement des humoristes ! J’ai besoin d’émotion, de spectaculaire, d’humour pour faire un bon cassoulet (rires).

Jérôme Roulet : Il y a peu d’imitateurs dans Incroyable Talent. Faire rire est-il un art si difficile ?

Gilbert Rozon : Oui, ce n’est pas facile du tout ! En comédie, il y a beaucoup de formes d’humour avec un style différents mais en imitation, on prend sa forme dans des personnages. Et puis, l’imitation est un métier où le marché ne peut prendre que deux ou trois imitateurs seulement. En France, je pense à Laurent Gerra ou Nicolas Canteloup. Même aux Etats-Unis, il y en a 3 ou 4 seulement...

Jérôme Roulet : En regardant l’émission, on peut remarquer que les sosies et les transformistes n’ont guère le temps de montrer leurs talents avec vous...

Gilbert Rozon : Je suis peut-être plus dur que mes collègues et moins sensible à cette forme d’expression ! Ca ne suffit pas pour moi d’arriver avec la chanson d’un autre, de chanter synchro et d’enfiler un beau costume. Il manque quelque chose ! Lors d’une précédente émission, il y avait un sous-Johnny Hallyday. Si c’est une imitation pour le caricaturer c’est une chose, mais si c’est pour faire moins bien que lui, où est la contribution ?


Jérôme Roulet : Juste Pour Rire a fêté ses 25 ans cette année. Le festival est reparti de plus belle pour 2008 ?

Gilbert Rozon : Le festival grossit d’année en année et je veux faire attention à ne pas tomber dans des moules. Il faut sans cesse avoir un sens du renouvellement. C’est une grosse machine et je me sens responsable de ce contenu éditorial... J’essaye de lui donner un ton, de rester moderne, de me questionner et peut-être un jour de me congédier !

Jérôme Roulet : Ce festival représente t-il la plus grosse partie de votre activité ?

Gilbert Rozon : Cela dépend où on se trouve. Dans 150 pays, vous pouvez découvrir Juste pour rire : les gags (des caméras cachées diffusées l’après-midi sur TF1, ndlr). En Angleterre et aux Etats-Unis, nous sommes producteurs de spectacles. Nous avons des bureaux dans sept villes à travers le monde. On fait des festivals, nous produisons des spectacles, nous manageons des artistes et on fait de la télévision. Je fais un métier que j’aime...

Jérôme Roulet : Vous avez déclaré dans le Journal de Montréal : « Il y a des avantages à être connu : on fraye dans un milieu formidable, on gagne bien sa vie. Mais il y a un prix à payer. Il faut être prudent dans tout, quand on congédie quelqu’un, quand on prend l’avion, et faire semblant d’être toujours de bonne humeur... » Est-ce un conseil que vous donnez à vos poulains ?

Gilbert Rozon : Je dis toujours à mes artistes d’être gentil et de faire attention que le succès ne leur monte pas à la tète. On peut se lever du mauvais poil comme tout le monde et rabrouer quelqu’un mais ca marque plus car on est connu. Quand on arrive en haut, il faut faire attention à la banalisation et rester quelqu’un d’équilibré et de bien...

Jérôme Roulet : Début 2007, vous indiquiez vous sentir « coupable » de ne pas être assez présent pour votre famille et que vous alliez équilibrer le tout cette année. La mission est-elle réussie ?

Gilbert Rozon : C’est un échec total (rires). Jusqu’à début janvier, je suis dans une sorte de frénésie. Puis après, à ma grande honte, je ne prévois jamais les mois qui suivent... J’espère qu’en 2008, ca va se calmer. Je n’ai pas le choix de toute façon. Car c’est bien beau de juger les autres mais il y a la vie qui vous juge aussi !

Jérôme Roulet : Cancre à l’école, fossoyeur à 14 ans, gérant de société, organisateur de spectacle, manager de Charles Trenet, juré d’Incroyable talent ? Professionnellement, que vous manque t-il aujourd’hui ?

Gilbert Rozon : (il réfléchit) L’équilibre dans toute chose, c’est vraiment ce que je recherche. On essaye de jongler avec sa famille, ses amis, sa santé, sa spiritualité, sa profession... Professionnellement, je suis assez comblé. Mais il y’a toujours une ambition. Je vis dans le désir. J’ai vraiment envie de conquérir l’Amérique. Cependant, tout demande des pauses, du recul et de la discipline...

Jérôme Roulet : Avec tout ça, êtes-vous prêt à rempiler pour une 3e saison d’Incroyable Talent ?

Gilbert Rozon : Oui... si on ne me buzze pas (rires)

 Lire l’interview de Sophie Edelstein