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Guénaëlle Troly, DG de RMC Découverte : « Des animateurs de TF1 et M6 ? Tout est possible »

Robin Girard-Kromas
Publié le 14/05/2013 à 14:50 Mis à jour le 25/06/2013 à 11:20

Avec 0.4% de part d’audience sur la France entière et 15.3 millions de téléspectateurs au mois d’avril 2013, RMC Découverte a rejoint 6ter à la seconde position des nouvelles chaînes de la TNT. Depuis sa création le 12 décembre dernier, le canal 24 de la TNT est celui qui affiche la plus forte progression des 6 TNT HD. Directrice des programmes de la chaîne, Guénaelle Troly revient sur ce début de saison tonitruant et sur les challenges des mois à venir. Entretien.

Robin Girard-Kromas : Les premiers résultats de RMC Découverte sont très encourageants. Comment expliquez-vous l’ascension de la chaîne depuis sa création ?

Guénaëlle Troly : Nous ne sommes pas encore en haut du sommet ! Nous avons de la marche à faire. RMC Découverte, c’est un nouveau genre porté à l’antenne 24h/24, que les téléspectateurs découvrent au fur et à mesure. Nous avons des programmes très divers et il faut laisser le temps aux gens de découvrir ce qu’on peut proposer. Et nous bénéficions aussi de la mise en place des nouveaux émetteurs en France, car la chaîne est disponible de plus en plus facilement.

RMC Découverte réalise de belles performances auprès du public masculin. Vous attendiez-vous à toucher une telle cible ?

Oui, on sait que par nature, le documentaire est particulièrement apprécié des hommes. Après, nous essayons d’être suffisamment large pour plaire à toutes les cibles. En fonction des thématiques, cela varie aussi fortement. Si Top Gear séduit beaucoup les hommes, une soirée comme celle du samedi sur L’enfer des prisons est attractive pour les femmes. Et puis ce qui est animalier est plus équilibré.

« Il a fallu tout créer de A à Z »

La quasi-totalité des chaînes de la TNT vise les ménagères de moins de 50 ans. Est-il vraiment possible de ne pas cibler ce public, si cher aux annonceurs ?

On voit bien avec notre chaîne qu’il est possible de viser un autre public. Notre régie publicitaire, commune aux différents médias de NextRadioTV, connaît particulièrement bien notre public. BFMTV est une chaîne d’information donc elle a un public mixte, tout comme la radio RMC.

Dans un marché publicitaire en crise, Les Echos avançait mi-mars des investissements de la part des annonceurs à hauteur de 9 millions d’euros pour RMC Découverte, deuxième sur ce critère derrière HD1. Ces chiffres sont-ils satisfaisants à vos yeux ?

Pour l’instant, nous sommes très contents de ces résultats, mais nous n’en sommes qu’au quatrième mois d’exercice. La plus grosse partie reste donc à faire. Nous avons été sur une cible un peu différente et nous avons essayé d’être créatifs, afin d’apporter quelque chose d’inédit dans le paysage de la TNT. Je pense que les annonceurs ont été sensibles à cette nouvelle offre.

Peut-on vraiment parler de nouvelle offre alors que RMC Découverte recycle de nombreux programmes des chaînes câblées comme Discovery ou 13ème rue ?

Nous allons produire nos propres documentaires d’ici la fin de l’année. La première étape était de construire la chaîne en proposant quelque chose de cohérent. Cela passait forcément par de l’acquisition, car nous n’avions aucun stock sur lequel nous appuyer. Il a fallu tout créer de A à Z, d’autant que le documentaire est un genre long à produire. Nous souhaitons aussi garder quelque chose dans le même esprit que la grille actuelle donc ça prend du temps.

« Jean-Jacques Bourdin est complètement légitime »

La matinale de Jean-Jacques Bourdin est retransmise en simultanée sur RMC Découverte. En quoi cette dernière appartient-elle à la ligne éditoriale de la chaîne ?

C’est un décryptage de l’actualité, un plus que l’on voulait proposer à nos téléspectateurs et qui reste dans l’univers de la marque RMC. Jean-Jacques est un personnage de terrain, il est totalement légitime dans ce qu’il fait et rentre en totale adéquation avec la chaîne. Encore une fois, nous proposons quelque chose de différent à ce qui peut se voir ailleurs.

En filmant de la radio, en quoi RMC Découverte apporte-t-elle une valeur ajoutée au programme ?

On peut parler désormais de vraie télévision. Nous avons eu besoin de temps pour nous organiser, mais c’est fait, la matinale est devenue une émission de télévision à part entière. Nous avons également fait le choix de démarrer plus tôt à l’antenne.

Partie 2 > Un jeu bientôt sur RMC Découverte ?

6ter propose également de nombreux documentaires. Comment vous distinguez-vous de votre principale concurrente sur la TNT ?

6ter a de la fiction, ce que nous n’avons pas. Chez RMC Découverte, nous sommes vraiment les spécialistes du genre documentaire. On propose cela tout au long de la journée et nous pensons avoir les meilleurs programmes.

Lors de la présentation de RMC Découverte devant les membres du CSA, vous avez annoncé un bloc de programmes à vocation éducative avec des « commentaires pédagogiques » le mercredi après-midi. Qu’en est-il vraiment ?

Une telle programmation n’est pas envisagée à l’heure actuelle. Nous continuons à être pédagogiques dans tous nos documentaires. Sous l’aspect du divertissement, le fond de nos programmes est extrêmement sérieux avec de vrais spécialistes sur le terrain.

« Fiction, docu-fiction ou même un jeu ? Pourquoi pas ! »

Comment entendez-vous poursuivre l’ascension entamée par RMC Découverte ?

Selon nous, le plus important reste la qualité des programmes et la notion d’inédit. Aujourd’hui, nous proposons 80% d’inédit TNT sur la chaîne ,ce qui est très élevé. On va continuer dans cette voie, en investissant dans les programmes. Nous nous sommes donnés du temps sur les productions propres afin de conserver cette exigence de qualité.

Outre la matinale de Jean-Jacques Bourdin, envisagez-vous l’arrivée de journaux d’information ?

Non, ce n’est pas le lieu. Cela ne parait pas logique, BFMTV le fait déjà très bien. L’idée de la radio est vraiment de pouvoir prolonger l’expérience avec les téléspectateurs, ce qu’on ne retrouve pas ici.

Peut-on s’attendre à une diversification de la chaîne avec des talk, des jeux ou même de la fiction ?

On regarde attentivement ce qui peut venir enrichir la chaîne. Le docu-fiction nous intéresse. Le 14 mai, nous diffusons un docu-fiction sur Human Bomb qui n’a pas été rediffusé depuis très longtemps. On travaille beaucoup sur nos soirées spéciales, car nous voulons coller à l’actualité, comme le 22 mai avec les 20 ans de la Ligue des champions. Nous ferons aussi un cycle spécial dédié à la France à l’occasion de l’ouverture des émetteurs dans le nord. Que ce soit du docu-fiction, de la fiction ou même un jeu, nous regardons tous les genres. Mais nous y allons pas à pas, car nous devons trouver des programmes en adéquation avec notre ligne éditoriale.

Contrairement à la majorité des chaînes de la TNT, vous investissez donc plutôt sur le prime time...

Non, on investit sur tout. Dans la journée, on propose surtout des séries, histoire, investigation, technologique ou découverte et tout ce qui est évènement on le fait plutôt sur les soirées.

Partie 3 > Le mercato chez RMC Découverte

N’est-ce pas quelque peu frustrant de faire ses meilleures audiences avec des docus américains comme L’enfer des prisons qui ne reflètent pas vraiment l’esprit « découverte » de la chaine ?

Non, car on a d’autres choses qui fonctionnent très bien comme Billy l’exterminateur en access. Nous avons aussi fait une soirée spéciale sur les océans, les courants marins, les tsunamis qui a très bien fonctionné. Même si la plus grosse audience a été réalisée par L’enfer des prisons, les autres programmes réalisent aussi de belles performances.

La chaîne annonçait 80% de programmes HD dès 2013. Les objectifs fixés sont-ils remplis ?

Nous sommes dans les objectifs. C’est aussi pour cela que nous avons beaucoup d’inédits.

« Beaucoup de gens sont intéressés par la chaîne »

Que peut-on attendre de la grille estivale de RMC Découverte ?

Nous allons faire une programmation spéciale sur la France à la mi-juin. Nous allons axer sur tout ce qui est voyage et découverte. De nouvelles séries animalières sont aussi au programme, comme Into the pride, au cœur d’une meute de lions, ou une spéciale sur les requins.

Le « mercato » de l’audiovisuel a démarré. Y-a-t-il des personnalités que vous aimeriez attirer dans vos filets ?

Oui, même si je ne peux pas donner de noms à l’heure actuelle. De nombreuses personnes sont intéressées par la chaîne, car elle renouvelle le genre de ce qui est proposé aujourd’hui. Nous voulons des gens sur les terrains plutôt que dans un studio et cela fait envie à beaucoup d’animateurs. Après, nous souhaitons vraiment des gens passionnés, légitimes dans leur fonction. À partir de là, tout est possible.

On pourrait donc retrouver des animateurs officiant actuellement sur TF1 ou M6 ?

À partir du moment où il y a de l’intérêt des deux côtés, bien sûr !