Toutelatele

Jeanne Mas, son regard sur la télévision

Tony Cotte
Publié le 07/03/2009 à 00:29 Mis à jour le 26/05/2010 à 12:44

Désormais résidente américaine, Jeanne Mas profite de ses quelques escapades en France pour enchaîner les plateaux télé et les studios de radio. Plutôt rare dans les émissions de divertissement, l’interprète de Johnny Johnny revient sur ses 25 ans de carrière et du rôle du petit écran dans son parcours. Cliente fidèle des programmes des Carpentier et amie de Patrick Sébastien, l’intéressée profite d’une brève présence dans la capitale pour donner, à Toutelatele.com, son point de vue sur le tube cathodique, celui qui l’a dans un premier temps révélé au grand public avant de l’oublier puis de la cantonner au même registre.

Tony Cotte : Vous célébrez actuellement vos 25 ans de carrière. Malgré ce parcours, est-ce difficile d’apparaître dans les émissions de divertissement sans être signée dans une grande maison de disques ?

Jeanne Mas : Le métier a complètement changé. Avant, les majors mettaient des sous, mais je ne sais absolument pas comment cela fonctionne aujourd’hui. Je laisse mes attachés de presse défendre mon travail auprès des médias.

Sur les plateaux, on vous voit uniquement interpréter vos anciens titres. Est-ce une contrainte imposée par les diffuseurs ?

On ne me le dit pas clairement, mais c’est clair (rires). Marc-Olivier Fogiel a très bien résumé la situation en disant à quel point j’avais marqué les années 80. Les téléspectateurs ont envie d’entendre ce qu’ils ont aimé. Il ne faut pas oublier que le temps d’antenne pour un artiste est court et toutes les émissions ont tendance à vouloir être populaires. Je ne peux pas non plus imposer mes nouvelles chansons. Je comprends la demande et heureusement que j’ai eu ces tubes, sans eux je ne chanterais rien aujourd’hui !

Vous qui avez enchaîné les divertissements dans les années 80 et au début des années 90, quelles sont les différences avec les productions actuelles ?

A l’époque, il y avait énormément d’émissions de variétés. Notre métier était complet, nous passions notre temps à chanter sur les plateaux ou aux after. Il y avait une bonne ambiance, tout le monde s’amusait bien. Mais le mode de consommation des téléspectateurs a changé, on ne retrouve plus que des talk-shows. J’ai eu la chance récemment de faire deux programmes de variété : Michel Drucker pour sa spéciale années 80 et Les années bonheur de Patrick Sébastien. À part ces deux programmes, il n’y en a plus beaucoup d’autres à l’antenne.

Vous avez également connu la télé des Carpentier. En tant qu’artiste, quel regard portez-vous sur ce genre de productions ?

Au-delà d’un sens de l’artistique formidable, ils étaient gentils et délicats. Ils aimaient les artistes et savaient les mettre en valeur. Pour eux, la priorité était de faire du show. À chaque fois que l’on arrivait sur leur plateau, tout était déjà prêt, ils travaillaient dur pour satisfaire autant les téléspectateurs que leurs invités. J’ai eu une chance folle de pouvoir travailler avec eux. Aujourd’hui, en dehors des émissions de Patrick Sébastien, il n’y a plus cette magie ni celle du show-business à l’écran, du moins tel qu’on la concevait à l’époque.

Malgré vos succès, on ne peut pas dire que vous faites partie de la « grande famille » de la chanson française populaire. Votre absence des Enfoirés est-elle volontaire ?

C’est le choix de Jean-Jacques Goldman me semble-t-il. S’il ne m’appelle pas, c’est qu’il ne sent pas la nécessité de m’avoir dans son équipe et je respecte cette décision. C’est vrai que je suis une artiste solitaire, j’aime bien faire ma petite musique de mon côté avec les gens que je sélectionne. Je n’ai jamais fait les Enfoirés et, pour être honnête, je n’y ai même jamais pensé !

Qu’en est-il de votre participation à la tournée RFM Party 80. Etiez-vous juste une « guest-star » sur la date au Stade de France le 17 mai 2008 ?

Je ne m’éternise plus dans des concerts. J’adore retrouver les potes des années 80, mais je n’ai pas l’impression d’y avoir ma place totalement. Il y a énormément de dates et ma vie est aux États-Unis désormais, c’est devenu ma priorité. Quand je viens, c’est pour me concentrer sur ce que je vais donner en tant que Jeanne Mas à mon public et à ceux qui m’attendent. Il n’est pas exclu que je rejoigne la tournée un soir pour m’amuser, je ne suis fermée à aucune proposition...

A fortiori si le montant de celle-ci se mesure à 5 chiffres comme cela aurait été le cas pour votre participation au Stade de France ?

Non, j’ai été payée un tout petit moins de 10 000 € pour cette date. Mais je vais revoir mon contrat, c’est une excellente idée (rires).


Quand on a chanté En rouge et noir, Johnny Johnny ou encore Toute première fois peut-on vivre uniquement de ses droits d’auteur au fil des ans ?

Il ne faut pas exagérer, j’ai deux enfants à charge. Je ne gagne pas autant que l’on pourrait le penser. J’ai eu de la chance d’avoir de l’argent autrefois, ce qui me permet aujourd’hui d’avoir une belle maison, une voiture, de pouvoir payer les frais de scolarité de ma fille et d’en faire de même dans quelques années pour mon fils. Depuis que je suis maman, je suis très attentive à ne pas trop dépenser. Je ne gagne plus des mille et des cents comme autrefois, mais je n’ai pas besoin d’autant pour être heureuse. L’essentiel pour moi est d’avoir mes enfants, mes amis et des tonnes de passions.

Quelle téléspectatrice êtes-vous ?

Jusqu’à présent je ne regardais que les informations, mais je commence à me mettre aux séries. J’adore Monk, Nip/Tuck et Desperate Housewives. En revanche, je ne supporte pas House. Le côté infâme du personnage et la voix de Hugh Laurie m’insupportent.

Étant résidente américaine, quelles sont, selon vous, les différences les plus flagrantes entre leur télévision et la nôtre ?

La publicité ! Elle est en abondance là-bas, c’est vraiment désagréable. Elle coupe un film ou une série en mille morceaux au point d’en avoir des difficultés à suivre un programme en entier. Il est toujours préférable d’attendre leur sortie en DVD. Au-delà de ça, je pense que la télévision est un peu comme internet : on peut y trouver tout ce qui permet d’évoluer, de s’enrichir et de s’évader.

Vous avez été speakerine en Italie. Quels souvenirs gardez-vous de cette époque ?

J’ai appris à me tenir devant une caméra grâce à cette expérience. J’en garde de très bons souvenirs. Mon métier d’artiste a débuté à partir de ce moment-là, c’était une belle façon de démarrer. Mais je n’étais pas très sérieuse pour présenter les programmes, au point où la chaîne a voulu me virer au bout d’un mois. De nombreux téléspectateurs ont écrit pour me soutenir et j’ai finalement pu garder ma place (rires).

Quel regard portez-vous, avec le recul, sur ce que vous avez accompli ?

Je ressens un peu de fierté d’avoir réussi à faire connaître mes chansons, du moins les premières. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir eu des tubes qui ont touché le cœur des gens dans les années 80. Par la suite, j’ai dû faire des choix moins évidents. Après le succès, on vous attend toujours au tournant, mais je ne regrette absolument rien. J’ai eu des hauts, des bas, des albums qui ont moins marché, mais j’ai toujours accompli un bon travail. Le bilan de toutes ces années est donc positif.

Qu’aimeriez-vous que l’on retienne de Jeanne Mas dans deux décennies ?

J’espère que les gens penseront que je leur ai apporté de la joie, du bonheur et de belles chansons...