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La saga 2007 > Du Loft aux Secrets, la guerre de la real tv (1/7)

Joseph Agostini
Publié le 14/07/2007 à 23:52 Mis à jour le 22/07/2007 à 00:25

Cinq ans après la première saga de l’été, qui racontait l’histoire de la télévision des années 80 à nos jours, Joseph Agostini revient sur ces cinq dernières années cathodiques, entre guerres d’audience et nouvelles tendances.

Quand TF1 passe à côté d’émissions cultes, elle s’arrange toujours pour les récupérer, à un moment ou à un autre, sur son antenne. Souvenez-vous de La nuit des héros d’Antenne 2 en 1991, devenue Les marches de la gloire l’année suivante, de N’oubliez pas votre brosse à dents en 1994, devenue Vous ne rêvez pas en 1996, ou bien encore des Enfants de la télé, diffusée par France 2 de 1994 à 1996, qui est toujours l’un des programmes phares de TF1, en 2007, soit onze ans après son transfert.

Il en est de même pour Loft Story ! Quand Endemol lance le premier programme de télé réalité français en 2001, sur M6, Patrick Le Lay, PDG de TF1, crie au scandale dans une tribune du quotidien Le Monde... et puis, au printemps 2003, lance Nice people, une émission en tout point similaire au Loft originel, avec candidats agités, appels surtaxés et, en prime, un confessionnal ! La bataille de la télé réalité entre les deux chaînes privées est lancée. En cinq ans, les téléspectateurs ont, en la matière, assisté à une véritable guerre de tranchées, TF1 et M6 rivalisant de stratagèmes, les uns plus forts que les autres, et presque toujours inspirés des télés américaines.

Chacune des chaînes a « inventé » sa télé réalité de charme, L’île de la tentation pour la première, Opération séduction pour la deuxième... Mettez des célébrités dans une ferme, enfermez-les, faites leur accomplir des épreuves, demandez aux téléspectateurs de choisir qui doit sortir de la boue et rejoindre la ville... Cela donne La ferme célébrités sur TF1, rapidement suivie de Première compagnie (la même chose en treillis). Imaginez un homme, plusieurs courtisanes et des soirées aux chandelles ou à la belle étoile, cela donne Bachelor, sur M6. Imaginez maintenant que les soirées aux chandelles se transforment en un périple au fin fond de la Guyane, avec des starlettes emprisonnées qui attendent que les téléspectateurs les délivrent : Je suis une célébrité, sortez-moi de là, sur TF1, a vu le jour. Comme cela, des dizaines de concepts de télé réalité ont éclos ces cinq dernières années.

Résultats des courses : on ne refait pas le même coup aux téléspectateurs, deux années de suite ! La télé réalité, ça marche, à condition que les programmateurs soient assez futés pour changer les recettes, épicer les produits et leur donner l’apparence de la nouveauté. Sinon, l’audience, comme un courant d’air, passe par la sortie de secours ! Ainsi, en 2004, Les Colocataires, version à peine revisitée de Loft story, n’a pas rencontré son public...


En télé réalité, les téléspectateurs aiment d’abord l’émotion. En 2005, Mon incroyable fiancé, qui mettait en scène Adeline, présentant l’homme de sa vie (le comédien Laurent Ournac) à ses parents, a battu tous les records, avec onze millions de téléspectateurs en deuxième partie de soirée. La parodie ? Point trop n’en faut. En 2004, M6 veut se moquer de ses propres recettes de télé réalité en lançant Gloire et fortune : la grande imposture, une émission où le candidat est victime d’un canular collectif. Le score qui, lui, n’est pas un canular, touche le fond. La chaîne passe sous la barre des 10%.

TF1, aussi, a eu droit à son flop, en début d’année 2006, avec Le Royaume, diffusé le samedi soir. Cette émission, qui proposait à ses candidats de revenir au temps du Moyen Age, avait un principe bien trop compliqué pour être populaire. Le téléspectateur ne s’y est pas trompé, zappant au bout de la première émission et laissant TF1 dans les eaux marécageuses de l’audience.

Aujourd’hui, avec les nouvelles passions des téléspectateurs pour le coaching, la déco ou bien encore les arts culinaires, on aurait pu croire que la bonne vieille télé réalité, avec ses règles légendaires, allaient bel et bien tirer sa révérence (ou même sa « révérente », en hommage à Kamel, du Loft 2. Les spécialistes comprendront...) Pourtant, voilà que TF1 récidive, d’une manière pour le moins surprenante. Il faut dire que l’occasion était trop belle pour ne pas la tenter. En effet, en septembre 2006, la chaîne débauchait, tambour battant, Benjamin Castaldi, premier animateur de télé réalité, toutes chaînes confondues, avec Loft Story. Et de là à lui faire animer Secret Story, tout l’été, avec des candidats enfermés dans une maison et filmés en permanence, il n’y avait qu’un pas... que TF1 a franchi facilement.

Pour « relever » le concept, la chaîne a quand même ajouté le principe des secrets. Ainsi, chaque candidat détient un mystère précis que les autres ne doivent en aucun cas deviner. Pas de secret, pourtant ! Après La nuit des héros, N’oubliez pas votre brosse à dents et Les enfants de la télé, TF1 voulait Le Loft et a fini par l’avoir ! Même animateur, même ambiance, même formule... Le succès n’est pas aussi retentissant mais le public est fidèle à l’émission et les moins de 35 ans sont accros. Pour son vingtième anniversaire depuis 1987, année de sa privatisation, la première chaîne « boucle la boucle » de la télé réalité à la française.