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Loana : « La télé-réalité est devenue dangereuse... »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 07/02/2019 à 20:00 Mis à jour le 07/02/2019 à 20:27

A l’occasion de la diffusion de « Télé-réalité : que sont devenues les stars des émissions cultes ? » ce jeudi 7 février à 21 heures sur TFX, Loana se confie sur son parcours et l’évolution de la télé-réalité. La gagnante de « Loft Story » en 2001 évoque également sa participation à la saison 4 de « La villa des coeurs brisés » et ses projets.

Benoît Mandin : Pourquoi avoir participé au documentaire Télé-réalité : que sont devenues les stars des émissions cultes sur TFX ?

Loana : Au printemps 2018, j’avais participé à Télé-réalité : que sont-ils devenus ?. Guillaume Frisquet (collaborateur de Matthieu Delormeau, ndlr) est l’un des producteurs et un ami de longue date. Quand il m’a demandé de faire ce documentaire, j’ai accepté, car j’avais envie de montrer des choses beaucoup plus personnelles. J’ai souhaité démontrer que Loana n’était pas seulement heureuse lors de ses apparitions dans les médias, mais dans sa vie privée aussi. Ça me fait plaisir de montrer ce renouveau au public.

Par quoi avez-vous été séduite dans ce projet ?

Ce documentaire permet de montrer la Loana perso et la Loana au boulot. Les téléspectateurs peuvent remarquer que je suis toujours la même personne. Je suis toujours identique et fidèle à moi-même que ça soit dans la vie professionnelle ou privée. C’est comme ça que les gens m’ont aimé il y a dix-huit ans donc j’ai eu l’envie de leur monter un petit bout de ma vie personnelle.

À travers ce documentaire, que vont pouvoir découvrir les téléspectateurs sur Loana ?

Je ne pense pas que le public sait que je suis redevenue heureuse. En regardant ce reportage, les téléspectateurs vont être convaincus que je suis vraiment épanouie aujourd’hui. Ça fait longtemps qu’on ne m’a pas vu rire, m’amuser, avoir des larmes quand je vois maman… Le documentaire m’a fait remonter des vieux souvenirs et je me suis beaucoup amusée à le faire. L’objectif est que le public découvre qu’il n’y a pas qu’une Loana sur papier glacé.

En 2001, vous avez remporté la première saison de Loft Story sur M6. Beaucoup vous considèrent comme le pilier de la télé-réalité en France. Que cela vous évoque-t-il ?

J’ai eu la chance d’être une des premières à participer à une émission de télé-réalité et d’avoir eu l’innocence de l’avoir fait sans rien en entendre en retour. C’était une autre génération que je suis fière de représenter. Je suis un peu l’ambassadrice de ce nouveau monde. Au début, j’ai eu du mal avec cette étiquette et maintenant je suis fière de la porter.

« A côté de ce qu’on peut voir aujourd’hui, Loft Story était enfantin »

Dix-huit ans après votre sacre dans Loft Story, quel regard portez-vous sur votre parcours ?

Je me dis que je n’échangerai ma vie pour rien au monde (rires). Malgré les hauts et les bas, c’est tellement incroyable tout ce qui s’est passé depuis ce coup de fil pour participer à cette émission. Loft Story a changé ma vie ! Il aura juste fallu que ma mère appelle pour m’inscrire au Loft et ces soixante-dix jours passés dans le programme ont changé ma vie complètement. J’ai fait des voyages, des rencontres… que je n’aurais jamais pensé pouvoir faire. J’ai eu une vie tellement riche en imprévus que je pourrais simplement dire : « Merci, je suis tellement contente d’être Loana » .

Comment expliquez-vous que, malgré la multiplication des programmes de télé-réalité, les Français restent attachés à Loana ?

C’est difficile, car ce serait prétentieux de dire que j’en connais la raison. Quand je parle avec les gens, ils se souviennent de l’année 2001, pas forcément en tant que moi gagnante de Loft Story, mais d’une époque de leur vie. Ils me disent que quand moi j’étais dans le Loft, ils passaient leur bac, se mariaient ou eu un enfant. Je leur rappelle souvent un souvenir heureux. Ils ont grandi avec moi. Ceux qui me suivent aujourd’hui ont mon âge. Je suis devenue femme devant leurs yeux, j’ai eu des déboires comme tout le monde et je n’ai pas changé de celle que j’étais. J’ai cette chance que le public m’aborde toujours avec bienveillance.

Quel regard portez-vous sur l’évolution de la télé-réalité ?

Entre Loft Story et les émissions d’aujourd’hui, c’est deux mondes différents. Les candidats utilisent les réseaux sociaux, chose que nous on ne faisait pas. À travers le Loft, on a expérimenté un jeu. Quand les téléspectateurs nous regardaient nous amuser, on était réellement des jeunes de vingt ans qui font des bêtises toutes simples. Maintenant, le monde de la télé-réalité est devenu dangereux par rapport à ceux qui le font et le regardent. Il n’y a pas de barrière. On est sans cesse dans une surenchère : « Je suis le plus sexy, je suis le plus si et le plus ça ». À côté ce qu’on peut voir aujourd’hui, Loft Story était enfantin. On dirait le monde des bisounours alors que maintenant la télé-réalité ressemble plus à un monde de requin. Ce n’est pas plus mauvais, mais l’évolution de la télé est un peu étrange. Il faut s’y faire et je pense que ça va continuer…

De nombreux candidats de télé-réalité évoquent un besoin de clash, de trash et de sexy pour exister dans un programme. Qu’en pensez-vous ?

Je crois qu’ils se trompent complètement. Si on arrive avec un string ficelle en disant les pires bêtises du monde, ce n’est pas pour autant qu’on arrive à se faire remarquer. Alors que si on montre un peu de sentiment réel et que l’on n’est pas là pour faire du trash, on peut se démarquer. Ils veulent tous faire dans le trash, le vulgaire et le buzz que c’est celui qui ne le fait pas qui va être remarqué.

« Le respect n’est plus représenté dans la télé-réalité »

Certains observateurs estiment que la télé-réalité est en déclin. Pensez-vous qu’un renouveau s’impose ?

Le déclin vient du fait que les gens ne cautionnent plus ce qu’ils voient à la télé. Quand je regarde des programmes, ça me fait peur. Le respect n’est plus représenté dans la télé-réalité. En 2001, on représentait la jeunesse actuelle. Je n’aurais pas envie que mon enfant regarde la télé-réalité d’aujourd’hui. Les candidats s’insultent, se clashent… Il faudrait que les chaînes remontrent des gens qui ont des valeurs et du respect. Vu qu’elles ont voulu aller dans le trash, il y en a plus… Quand j’allume ma télé, je suis obligée de baisser le son tellement ça crie et hurle. On préférerait plutôt retrouver Les Feux de l’amour, Dallas ou une série avec un peu de méchanceté et d’amour. Il faudrait faire des émissions avec moins d’enjeux, ça pousse beaucoup à être le plus beau et le plus fort. Il faudrait juste mettre des gens et leur dire : « Restez comme vous êtes ». Mais maintenant c’est simplement impossible… Les gens pensent tellement à leur image et tout est dans le calcul. Il y a beaucoup trop d’émissions de télé-réalité et on voit toujours les mêmes visages. Les histoires sont toujours les mêmes, mais la télé-réalité ne s’arrêtera jamais. Il devrait y avoir aussi plus de règles avec la production. On devrait donner des contrats plus épais aux candidats avec des choses à faire et à ne pas faire, comme être moins violent et vulgaire.

Participer à une émission de télé-réalité est devenu un métier. De nombreux candidats dénoncent des manipulations et des programmes scénarisés…

Il n’y a rien qui est extrapolé. J’ai fait beaucoup d’émissions - Les Anges, La villa, Loft Story… - jamais quelqu’un de la production m’a dit que je devais faire telle ou telle chose. On ne leur met pas le couteau sous la gorge. Après, je ne sais pas si le renouveau de la télé-réalité passerait par le retour d’un programme comme le Loft. Réunir onze personnes qui s’amusent tout simplement, je ne suis pas sûre que ça soit possible. Il faudrait peut-être les remettre dans les conditions qu’on a vécues à travers Loft Story. On avait tellement peu de choses qu’on n’avait même pas un lave-linge. C’était un peu un retour au Moyen-Âge (rires).

Quels conseils pourriez-vous donner à ces jeunes qui ont envie de faire de la télé-réalité ?

Je n’ai pas de conseils à leur donner, car c’est plutôt eux qui devraient m’en donner (rires). Je m’en suis rendu compte dans La villa des cœurs brisés. J’étais complètement à côté de la plaque. J’aurai besoin d’apprendre d’eux sur mon image et comment évoluer dans ce nouveau monde. Je ne leur conseille pas de suivre mon exemple puisque j’ai fait pas mal de bêtises. Mais je crois qu’ils en sont à l’abri vu qu’ils sont entourés d’agents.

« Le renouveau de la télé-réalité, c’est beaucoup d’amour, de sincérité, de rencontre et de romance »

Pensez-vous que le suivi des candidats est suffisant de la part des productions ?

Ils sont déjà vraiment prêts à leur image, savoir comment l’utiliser et l’exploiter. Les productions telles que celle de La villa des cœurs brisés assure vraiment un suivi. À l’époque du Loft, on nous avait lâchés. Il y a plus désormais plus de suivi sur le plan psychologique et la production est plus bienveillante. Ce ne sont pas nos employeurs. Il m’arrive d’appeler quelque personne de La villa des cœurs brisés, dont Lucie (la coach, ndlr). J’ai envie de continuer avec elle pour qu’on me coache. Ce n’est pas juste une émission de télé. Cette rencontre avec Lucie m’a apporté beaucoup de chose. La production de La villa des cœurs brisés m’appelle souvent pour voir si tout va bien. Si j’ai des doutes par rapport aux images qui vont passer, on peut les appeler 24h/24. J’aurais bien aimé avoir ça à l’époque du Loft…

Pourquoi avoir participé à cette saison 4 de La villa des cœurs brisés ?

Le concept me plaisait beaucoup. Comme ce n’est pas un casting où l’on doit être le meilleur, on est plus dans quelque chose de personnel. J’ai été séduite à l’idée de partir dans un programme et de pouvoir évoluer personnellement. J’en avais besoin et un programme qui pouvait mieux me faire comprendre mes agissements pouvait être qu’enrichissant sur le plan personnel.

Comment s’est passée la cohabitation avec la « nouvelle génération » de la télé-réalité ?

Ça s’est exceptionnellement bien passé. J’étais un peu tendue sur la fin. On est restés des semaines ensemble donc on a des amitiés qui se créaient et de temps en temps ça s’énervait un petit peu. L’accueil a été super et j’en étais étonnée. Je pensais qu’en arrivant j’allais être un peu mise de côté vu que l’on a quasiment vingt ans d’écart. Les garçons m’ont pris sous leurs ailes et il n’y avait pas intérêt à ce que quelqu’un me fasse du mal. Les filles m’ont donné beaucoup de conseils. Au bout de seulement une journée, je me suis retrouvée à l’aise. Au bout de deux, trois jours, j’avais l’impression de faire partie de la famille. Ils sont tous avec les Instagram et Snapchat, je regarde ça d’un regard amusé. J’avoue que je suis encore en contact avec certains donc je n’ai pas participé à une simple télé-réalité.

À l’image de La villa des cœurs brisés et Les princes et princesses de l’amour (W9), le romance serait-il le renouveau de la télé-réalité ?

C’est exactement ça qu’il faut dans la télé-réalité et c’est pour ça que j’en ai fait partie ! J’avais déjà vu les conseils de Lucie sur d’autres émissions précédentes et j’avais envie qu’elle me les partage. C’est bien, car je trouve que même dans Les princes et princesses de l’amour, ces coachs de vie peuvent donner des solutions. Tout le monde peut s’identifier. Le renouveau de la télé-réalité, c’est beaucoup d’amour, de sincérité, de rencontre et de romance.

« Cela me plairait d’être chroniqueuse dans TPMP »

Diriez-vous que le fait de participer à une émission de télé-réalité est un frein pour trouver l’amour ?

C’est extrêmement difficile quand on est connu de la télé-réalité ou autre de rencontrer quelqu’un de sincère et qui vient simplement pour ce que vous êtes. Quand je descends dans la rue, quelqu’un me drague, c’est pour Loana. En participant à une émission de télé-réalité, on rencontre des gens qui sont comme nous. On sait pourquoi ils viennent vers nous puisqu’on évolue dans le même monde. J’ai beaucoup de doute et d’angoisse quand je rencontre quelqu’un. Je me demande sans cesse s’il est avec moi pour l’image ou personnellement. Dans un programme de télé-réalité, on est tous sur un pied d’égalité. Cela explique le nombre de couples qui se forment dans ce milieu-là. Ils n’ont pas besoin de l’autre pour exister puisqu’ils existent tous les deux. À l’image du cinéma, les gens de la télé-réalité sortent beaucoup avec les gens de la télé-réalité.

Quel programme vous donnerait aujourd’hui envie ?

La seule que je voulais vraiment faire était La villa des cœurs brisés. Après, s’il y avait une émission dans le futur qui me ferait envie, ce serait Danse avec les stars. J’avais été approchée il y a quelques années, mais j’étais à l’époque très ronde et je me sentais mal dans ma peau… Si on me propose de refaire La villa des cœurs brisés, je la referais avec plaisir.

Votre nom circule avec insistance pour le casting de la saison 2 de Je suis une célébrité, sortez-moi de là sur TF1. Avez-vous été approchée ?

Si cela avait été le cas, je dirais que je ne pourrais pas le dire (rires). Malheureusement, je n’ai pas été approchée. J’aurais bien aimé le refaire, ça m’avait beaucoup plu à l’époque.

Quid de la proposition de Cyril Hanouna de devenir chroniqueuse dans Touche pas à mon poste ?

Ça reste d’actualité. On a quelques échanges, mais rien n’est officiel pour le moment. Cela me plairait d’être chroniqueuse dans TPMP, mais ce n’est pas un projet abouti. Chroniqueuse et animatrice est un métier donc je me sens plus à l’aise dans une télé-réalité.