Toutelatele

Louisy Joseph revient sur son parcours

Tony Cotte
Publié le 12/09/2008 à 12:46 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:41

C’est l’une des révélations de l’année 2008 et pourtant, depuis bientôt 7 ans, son joli minois est médiatisé. Louisy Joseph, ancien membre du groupe L5, a aujourd’hui le vent en poupe et dans sa chevelure ébouriffée. Interprète de Assis par terre, l’un des titres les plus diffusés cette année, la belle demoiselle continue de faire les premières parties de Christophe Maé et s’apprête à sortir un second single, Mes Insomnies. A l’occasion de l’enregistrement des commentaires des MTV Video Music Awards, Toutelatele.com a fait la rencontre de l’artiste. Retour sur le début de sa carrière solo et de la rupture des L5... attention sujet sensible !

Tony Cotte : Commenter les cérémonies étrangères est devenu une vraie mode pour les artistes français. Vous officiez dans cet exercice dès ce vendredi 12 septembre à l’occasion des MTV Video Music Awards. Avez-vous quelques appréhensions ?

Louisy Joseph : Pas vraiment. C’est un événement que je ne peux pas louper en tant qu’artiste. On découvre dans ce genre de cérémonies ceux qui vont en mettre plein la figure et il se passe toujours des choses improbables. L’an dernier, Britney n’avait laissé personne indifférent, comme elle avait marqué tous les esprits avec Madonna et Christina Aguilera quelques années auparavant. Les Américains proposent toujours de la surenchère dans ce qu’ils sont capables d’apporter.

Vous semblez maîtriser le sujet...

Je suis addicted. J’ai beaucoup aimé les passages de Missy Elliott et il me semble même que c’est sur la scène des MTV Video Music Awards que Nelly Furtado a fait sa première télé. Ça fait partie des événements que je suis incapable de louper...

Cette cérémonie récompense les différents vidéoclips, en avez-vous des préférés parmi les artistes nommés ?

Celui de Britney ! Je l’ai trouvé extraordinaire dans Piece of me, elle dégage quelque chose de naturel. Dans cette vidéo, tout est lié : les images, les paroles et l’attitude. Elle mérite amplement sa victoire.

En tant que chanteuse, y a-t-il un artiste qui vous a particulièrement marqué par ses clips ces dernières années ?

Les réalisateurs américains ont cette faculté d’apporter quelque chose de nouveau que les autres pays vont ensuite copier. J’aime beaucoup les clips des rappeurs, en général ils ont le souci du détail, notamment ceux de Busta Rhymes.

La seule cérémonie de cette envergure en France reste les NRJ Music Awards. Il y a d’ailleurs de fortes chances que vous figuriez dans la liste des nommés...

Je suis ravie de l’entendre, mais il ne faut pas sacraliser ce genre de cérémonies concernant son propre art. Je suis heureuse d’être là où j’en suis aujourd’hui, avec ou sans nomination, même si cette dernière traduit la reconnaissance d’un public. C’est gratifiant de l’être, mais si ce n’est pas le cas, ce n’est pas une fin en soi. Mon album n’a pas été conçu dans cet espoir-là.

Cinq mois après la sortie de ce dernier, La saison des amours (Warner), quel serait votre premier bilan ?

Très positif. Je suis là où j’ai toujours voulu être. Je suis très heureuse qu’Assis par terre (son premier single, ndlr) fasse le tour de l’Europe. C’est un titre qui parle de ma vie, mais de nombreuses personnes peuvent également s’identifier dans les paroles. Je ne suis pas la seule à avoir été mise à l’épreuve. Cette chanson est vecteur de positivité dans tous les sens du terme : donner de l’aide à ceux qui en ont besoin et remarquer que l’on n’est jamais à l’abri de ce genre de situations.

Vous dîtes souvent dans les interviews que votre album est autobiographique. Peut-on réellement parler de soi sans en écrire le moindre mot ?

Je ne les chanterais pas si les textes ne me correspondaient pas. Je voulais une patte universelle pour que tout le monde puisse se retrouver dans ces paroles. Mon nouveau single, « Mes insomnies », en est la preuve : je ne suis pas la seule au monde à être insomniaque. Lionel Florence et Elodie Hesme (auteurs de l’album, ndlr) ont parfaitement réussi ce travail en rendant les textes plus communs aux autres.

Être une « simple » interprète n’est donc pas une frustration pour vous ?

J’avais envie que l’on se voit avec Lionel (Florence, ndlr), de lui dire mes mots et lui faire comprendre que je ne pouvais pas tout chanter. J’avais réellement besoin de retrouver mon langage dans ses textes. J’ai passé également des journées avec Frédéric Lebovici (autre auteur de l’album, ndlr) à raconter ma vie. Ne pas écrire soi-même ses paroles n’est pas une frustration à partir du moment qu’elles reflètent qui je suis.

Ces derniers mois vous avez été souvent sur les routes. A quand une première tournée solo ?

Ma tournée solo est en préparation. En attendant, j’assure toujours les premières parties de Christophe (Maé, ndlr), dont ses prochaines dates au Palais des sports. La scène est désormais pour moi un vrai terrain de jeu. Chanter avant lui m’a permis de m’habituer à son public et d’interpréter mes titres pour la première fois. C’est devenu un vrai plaisir. Je ne suis plus du tout dans le stress, je ne sacralise pas non plus mes dernières minutes à prier avant de faire mon entrée (rires).


Assurer l’avant spectacle d’un artiste aussi populaire que Christophe Maé peut être particulièrement délicat...

C’était ma principale peur quand j’ai commencé. Mais tout se passe pour le mieux, son public ne crie pas son nom pendant que je chante (rires). Christophe m’a choisi pour une bonne raison, il avait envie que nos deux univers se joignent. Notre musique respective est communicative et positive, nous sommes dans le même sentiment musical...

... à l’inverse de William Baldé ?

Nous n’avons fait qu’une date ensemble en « co-billing » (durée sur scène identique pour les deux artistes, ndlr). Ca ne fonctionnait pas. Lors de notre concert à l’Élysée Montmartre, on a remarqué une scission dans le public. Il fallait donc faire quelque chose : il part désormais de son côté et moi du mien.

Même si vous assumez pleinement votre parcours, est-ce toujours agréable de devoir évoquer à nouveau la période L5 à ce stade de votre carrière solo ?

En réalité, je trouve gênant que les gens ont besoin que j’en parle. Tout ce que les filles et moi-même avons vécu, nous l’assumons totalement. On a signé un contrat en étant parfaitement conscientes que chaque album marquait un tournant. Ça aurait pu s’arrêter en 2002 mais on a réussi à garder ce contrat jusqu’en 2007. Je m’efforce aujourd’hui à faire distinguer les deux histoires, entre la période où les L5 n’intéressaient plus personne et ma carrière actuelle.

Quel regard portez-vous sur vos débuts avec l’expérience acquise aujourd’hui grâce à votre album solo ?

Je ne voulais pas mettre un pied dans le plat en me disant qu’au bout de 3 ans je quitterai le groupe pour voler de mes propres ailes. Je devais remplir pleinement mon contrat et en sortir une fois la boucle bouclée. Je ne me sens pas coupable par rapport à mes anciennes partenaires, nous avons toutes eu la même chance avec un démarrage et une fin identiques.

Lors d’une interview accordée à Toutelatele.com, Mia Frye est longuement revenue sur les désaccords qu’elle a pu avoir avec le groupe et sur le fait que vous ayez pris « la grosse tête » à vos débuts. Qu’avez-vous à répondre ?

Quand on partage le succès à cinq, il est impossible de prendre la grosse tête. Mia a toujours eu besoin de se mettre en avant et de faire remarquer ce qu’elle nous a apporté. Mais grâce à elle, nous avions gagné des années de travail en danse. Ses cours étaient presque du maintien, elle nous a appris à nous comporter et nous positionner face à une caméra. Ça a été mon bac, mon DEUG et ma licence à la fois. J’espère qu’elle n’a pas de côté aigri d’avoir appris des choses à certains et de se dire qu’elle en est toujours responsable. Je me sers encore de ce qu’elle nous a apporté, j’en suis reconnaissante, mais mon succès m’appartient désormais.

On sent un certain besoin de devoir vous justifier par rapport à cela...

J’ai recommencé à zéro avec une autre maison de disques et une nouvelle équipe qui n’a pas l’impression de me créer. À l’époque des L5, tout le monde nous disait « On vous a créé, on peut vous détruire ». Comment voulez-vous prendre la grosse tête dans ces conditions ? Pendant sept ans, on nous a répété que nous n’étions rien, pourtant on continuait à vendre des disques. Nous étions un groupe vecteur d’argent et de médiatisation grâce à nos débuts par la télé-réalité. On nous a purgés jusqu’au bout et après sept années, nous n’étions plus intéressantes. Ma carrière solo, je la démarre sans ces gens-là. Ça me désole de parler de tout ça. Même si le public a besoin de comprendre ce qui s’est passé à la fin des L5, je trouve qu’il y a un peu de voyeurisme dans l’histoire.

Soyons réalistes : c’est une aubaine sur le plan marketing. Vous n’auriez jamais eu cette médiatisation actuelle sans évoquer votre passé et la rupture avec les L5 !

Je trouve cela indécent par rapport aux filles quand on me demande, par exemple, ce qu’elles deviennent. Quand on a voulu communiquer sur la fin du groupe, aucun média n’était intéressé. On a réussi à avoir seulement deux promotions : une sur Fun TV et l’autre sur M6. Deux ans plus tard, c’est difficile de devoir l’évoquer à nouveau, j’ai autre chose à véhiculer. Si on a envie de parler des L5, il faut les réunir !