Toutelatele

Marie Kremer (Un village français - saison 6) : « Lucienne ne lèvera jamais les yeux, elle est insupportable »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 08/12/2015 à 19:12

Depuis la saison 1, Marie Kremer interprète l’institutrice Lucienne Borderie dans « Un village français ». Son personnage, mystérieux et peu mystique, est sujet à de nombreuses interrogations, notamment son rapport avec le préfet Blériot. Toutelatele a rencontré la comédienne afin d’évoquer la réussite de la série, mais aussi un personnage qui est très éloigné de sa conception des choses.

Joshua Daguenet : Tous les poilus sont décédés, bientôt les soldats de la Deuxième Guerre mondiale vont disparaître. Ce genre de fictions, est-ce avant tout un devoir de mémoire ?

Marie Kremer : C’est important d’en parler. Ce n’est pas qu’une série de divertissement, elle traite d’une période très importante, proche des gens. Nous accompagnons des historiens dans plusieurs écoles, et je peux vous garantir que nous sommes au plus proche de la réalité.

Le couple que votre personnage forme avec le préfet Bériot est très déstabilisant...

Depuis le début, cette histoire ne ressemble à aucune autre. Pour lui, c’est de l’amour et pour elle, c’est de l’amitié. Entre eux, il y a une profonde reconnaissance. Personne n’aurait fait autant pour elle, que cet homme. On ne sait jamais ce que Lucienne pense et si elle est consciente des sacrifices de Bériot pour elle.

Regrettez-vous, à certains moments, la passivité de votre personnage ?

Non, même si jouer des scènes fortes est toujours plus jouissif pour une comédienne. Pour le personnage, quand il est dans la foule et qu’il se tait lorsque les femmes se font tondre, cela résume à merveille tout ce qu’est Lucienne. On ne sait jamais ce qu’elle pense, elle ne prend jamais parti et n’assume que son amour pour le soldat allemand.

Globalement, les personnages, quel que soit leur camp, sont traités de la même manière et ils donnent l’impression qu’ils auraient pu être dans le clan ennemi...

Ce qui est intéressant, c’est que personne n’est noir ou blanc. Mon personnage est banal et ambigu. Cela illustre qu’être collabo ou non, ça n’était pas un choix. C’est la vie des personnages qui forge leurs opinions politiques et leurs actions.

« L’écriture est magnifique et intelligente. On a une chance d’interpréter ces personnages »

N’avez-vous pas un sentiment de frustration de quitter un personnage qui, au final, est resté campé sur ses positions tout au long de la série ?

Il faut encore voir la saison 7 pour affirmer cela, mais le personnage a beaucoup évolué tout en gardant son essence. Dans le fond, elle a beaucoup changé, mais en apparence, Lucienne ne lèvera jamais les yeux. Pour moi, elle est insupportable, elle est mon opposée. Mais en lisant le scénario, je vois que l’écriture est magnifique et intelligente. On a une chance d’interpréter ces personnages.

Dès le départ, les scénaristes avaient-ils prévu les 7 saisons étendues jusqu’à la fin de la Guerre ?

Les scénaristes savaient exactement où ils allaient, après il fallait que la série marche. La deuxième saison n’était pas décidée, heureusement ça a trouvé son public. Dans leurs rêves, les gens veulent découvrir la guerre, ils sont curieux.

Quels sont vos autres projets professionnels ?

Je suis arrivée à un tournant où je connais mes envies et je sais ce que je ne veux pas faire. Je prends le temps de choisir ma direction, sinon je me fais du mal. J’ai surtout envie de faire des choses très différentes, passer de la comédie au drame, du cinéma à la télévision... Je n’ai aucun à priori.

Avez-vous regretté certains de vos choix ?

Non, presque pas. Je sais avec mon caractère où je dois aller et ne pas aller. Et puis, en tant que comédienne, on ne se trompe pas, on apprend.