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Melissa George, une espionne de charme et de choc

Tony Cotte
Publié le 20/02/2013 à 17:44 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:43

Fière de ses deux heures quotidiennes de français, week-end inclus, Melissa George se présente en un frais après-midi de janvier dans les locaux de Canal+ pour rencontrer les journalistes. L’actrice polyglotte a déjà des bases solides dans la langue de Molière et ce n’est pas pour déplaire à ses interlocuteurs. L’Australienne d’origine présente ainsi sa nouvelle série, Hunted, pour laquelle elle campe le rôle principal, Samantha Hunter. Toutelatele.com était présent à l’événement...

Votre carrière à la télévision a débuté en 1993. Avec Hunted, pour la première fois, vous campez le rôle principal d’une série. L’avez-vous vécu comme une consécration ?

Melissa George : Ce n’est pas quelque chose que j’attendais à tout prix, mais disons que je l’espérais. Dans En analyse, mon personnage avait déjà sa propre histoire. Dès lors, je me suis sentie prête à porter une série. La réalité dans ce métier vous rattrape vite, vous ne pouvez avoir aucune garantie d’obtenir un lead (rôle principal) un jour. Quand j’ai pris connaissance du rôle de Samantha Hunter, j’ai entendu que les producteurs cherchaient une actrice dans le monde entier, l’héroïne devait être capable d’endosser n’importe quelle identité. Je peux donc me considérer comme très chanceuse. Lors de ma première rencontre avec Frank (Spotnitz, créateur de Hunted, ndlr), j’ai essayé de l’impressionner en lui disant que je parlais espagnol et que j’étais capable de faire beaucoup de choses. Ça ne me ressemble pas, habituellement je suis plus dans un état d’esprit « Si tu me veux pour le rôle, fais-moi signe » (rires).

Pourquoi une telle motivation pour camper cette héroïne ?

C’était une véritable opportunité de montrer de quoi j’étais capable. En soi, Samantha est un rôle type d’homme. J’ai d’ailleurs été la première femme à apprendre le keysi, une méthode de combat très difficile et utilisée dans les films Batman de Christopher Nolan. Sam est une femme qui a beaucoup souffert et je pense être capable d’apporter de la vie à ce genre de personnages. On lui a retiré son enfant et sa mère a été tuée. Même si je n’ai pas encore donné naissance et que je n’ai pas tout perdu dans la vie, je me suis reconnue en elle d’une certaine façon. C’est ce qui m’a attiré le plus dans ce rôle. Instinctivement, j’étais Sam. Je n’ai pas eu besoin de la jouer...

À quel degré porter une série ajoute de la pression ?

C’était une production américano-britannique, une première, il me semble, en termes de fiction. Il fallait donc composer avec les avis des Américains, et ceux des Anglais. J’étais un peu au milieu de tout ça, mais tout s’est finalement bien passé. Avec la pression des heures de tournage, de l’entrainement physique, des interviews promotionnelles à réaliser pendant mes pauses déjeuner ou encore des voyages entre Londres, le Maroc et l’Écosse, Hunted a été éprouvant. Mais tout s’est mis en place progressivement. J’ai même fini en trouvant l’amour avec un Français (elle sourit)...

« Hunted a été éprouvant »

Pouvez-vous revenir sur la préparation de ce rôle ?

J’ai suivi un entraînement de gladiateurs à New York. J’ai également dû travailler sur mon accent, car le mien est très mixte, étant australienne d’origine et ayant vécu aux États-Unis ainsi que plusieurs mois en Argentine. Chaque nuit, je devais faire des exercices de dialecte. J’ai également intégré une école d’espions, mais je ne suis pas autorisée à dire quoi que ce soit dessus. Une femme, dont je ne connaitrai jamais la véritable identité, m’a pris en charge et m’a appris beaucoup de choses. Anecdote amusante : ils ont dû retirer la batterie de mon téléphone et la mettre dans un sac transporté dans un lieu sûr. Sans être reliée à l’appareil, une batterie peut être tracée ! À l’issue de cette « formation », je voulais même devenir une vraie espionne (rires).

Partie 2 > retour sur son rôle dans Alias


Certains de vos adversaires à l’écran seraient de vrais combattants...

Dans le deuxième épisode, je me bats avec un véritable mercenaire. Si vous regardez attentivement, je lui donne un vrai coup de poing et on peut l’entendre ! Son œil a commencé à enfler. J’étais totalement confuse, mais il voulait continuer. À l’issue de la scène, il avait une importante ecchymose (rires). Et dans le cinquième épisode, lors de la scène dans le labyrinthe, la lèvre de mon adversaire s’est coupée en deux ! Il a fallu appeler les secours. Je crois qu’après ça, les cascadeurs avaient tous peur de tourner avec moi (rires). Mais j’ai moi-même été blessée. Aujourd’hui, j’ai encore du mal à retrouver toute la mobilité de ma main et je ressens toujours des douleurs à la hanche gauche.

Ces incidents retardent-ils le tournage ?

Pas pour ma part, mais je deviens un peu moins tolérante. À l’approche de chaque scène de combat, je suis nerveuse. En tout, il a fallu deux mois pour les préparer. Ma préférée se situe, je crois, dans le 6e épisode ; la dynamique y est particulièrement rapide. Je revenais d’ailleurs de France et il y avait le feu dans l’Eurostar. Je me suis retrouvée coincée pendant 12 heures. Je suis arrivée 5 minutes avant mon heure de convocation, sans avoir pu dormir et j’ai tout enchaîné. Ça a été la meilleure scène de combat de la série alors que j’ai dû apprendre la chorégraphie en seulement 40 minutes.

Votre expérience sur Alias vous a-t-elle aidée pour le tournage de Hunted ?

C’est très différent. Jennifer (Garner, ndlr) et moi adorions nous battre ensemble. J’en garde un trou dans un os à la jambe. Par moment, je le ressens. C’est un bon souvenir d’elle, le jour où elle m’a balancé sur une table (rires). Lors d’une scène qui a été gardée pour le bêtisier sur DVD, je la plaque contre un mur. J’y suis allée si fort que Jennifer était restée enfoncée dedans. Je crois que je suis une partenaire dangereuse.

« À l’approche de chaque scène de combat, je suis nerveuse »

Peut-on faire une analogie entre Sam Hunter et Lauren Reed, votre personnage dans Alias ?

Lauren est vraiment méchante. Elle est quand même capable de tuer son mari dans un avion, du moins elle a essayé. Au-delà de l’action et l’aspect espionnage, les deux rôles sont différents. Alias avait un bel écrin. Hunted est plus brut et proche du film Taken. Ici, j’ai réalisé toutes mes cascades, à l’exception d’une scène dans l’épisode 8 que je ne peux pas révéler. Mes parents ont du mal à le comprendre, mais j’ai l’impression que depuis Lauren Reed, on m’engage souvent quand il est question d’incarner une psychopathe... (elle sourit)