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Sexe, Alcool, Drogue : Californication, la nouvelle série trash de M6

Tony Cotte
Publié le 14/03/2008 à 12:38 Mis à jour le 28/03/2008 à 16:30

Une fellation dans une église entre une nonne et un quadragénaire, quoi de plus racoleur en soi ? Si cette scène serait d’une banalité affligeante pour une œuvre pornographique, elle reste nettement moins conventionnelle quand il s’agit d’une série télévisée. Californication est ainsi introduit par ce « contact » entre une religieuse et Hank Moody, le héros. Pour Christine Bouillet, directrice adjointe de la programmation de M6, « ce type de série est (la) marque de fabrique (de la chaîne). Elle fait avancer l’histoire du genre. Comme Sex and the City pouvait choquer il y a dix ans, Californication franchit un cap dans l’écriture ». Déjà les premières comparaisons avec les péripéties de Carrie et ses comparses sont mises en exergue. Loin du glamour new-yorkais, les téléspectateurs pourront retrouver, tous les vendredis en deuxième partie de soirée, un David Duchovny version « destroy » aux antipodes du célèbre agent Mulder...

L’acteur interprète ainsi Hank Moody, auteur d’un succès mal adapté sur grand écran et en manque d’inspiration. Au lieu de reprendre la plume, ce quadragénaire mène une vie de débauche et s’adonne au sexe, à l’alcool et aux substances illicites. Derrière cette carapace autodestructrice se cache un homme prêt à tout pour reconquérir Karen, son ancienne compagne et l’amour de Rebecca, leur fille de 13 ans. Malgré son attitude, Hank peut compter sur le soutien de son agent et ami Charlie qui le pousse à retrouver une vie plus stable et un nouveau job : écrire pour le blog de Hell.A Magazine.

Un langage cru, de la débauche et un auteur analysant les mœurs de la société sur un écran d’ordinateur, il n’en faudra pas plus à certaines critiques pour présenter Californication comme un « Sex and the city masculin ». Une notion déjà maintes fois utilisée, à tort, par le passé. En 2001, HBO, diffuseur des frasques de Carrie, Charlotte, Miranda et Samantha, décide de donner naissance à des homologues aux chromosomes XY via The Mind of the Married Man. En toute discrétion, le programme sera resté deux saisons à l’antenne. En 2002, c’est outre-Manche que la comparaison avec la série de Darren Star est évoquée avec le lancement de Manchild sur BBC2. Après de très vagues ressemblances dans Love Monkey en janvier 2006 sur CBS, Big Shots en septembre dernier sur ABC a été rapprochée à la série culte de HBO.


En France, M6 joue sans problème avec l’étiquette Sex and the city en proposant Californication le vendredi dès 23h20, case horaire habituellement dédiée à Carrie Bradshaw et ses copines. Celles-ci suivront d’ailleurs les péripéties de Hank Moody dès le 21 mars à 23h45. Des soirées polissonnes pour affronter de plein fouet les magazines de TF1 Sans aucun doute et C’est quoi l’amour.

Outre-Atlantique, Californication a été lancée le 13 août dernier sur la chaîne câblée Showtime. Au cours de la soirée, les deux diffusions consécutives du pilote ont rassemblé un total de 795 000 abonnés, soit le deuxième meilleur démarrage pour une série comique de la chaîne derrière Fat Actress en mars 2005. Mais à l’inverse de nombreux programmes à l’antenne, l’audience de la série n’a eu de cesse d’augmenter au fil de ses épisodes en attirant en moyenne 2 millions de téléspectateurs en combinant l’ensemble de l’audience des rediffusions chaque semaine. À ce plébiscite s’ajoutent des critiques majoritairement positives. Considérée par le Chicago Sun-Times comme la « meilleure nouveauté de l’année » 2007, Californication a également obtenu un Golden Globe de la « Meilleure performance pour un acteur dans une série comique » attribué à David Duchovny.

À l’heure où les chaînes câblées américaines misent de plus en plus sur les antihéros et la sexualité pour attirer en masse les téléspectateurs, les diffuseurs français n’hésitent pas investir dans ces productions audacieuses. TF1 a ainsi acquis les droits pour programmer Dexter sur son antenne après avoir fait ses armes sur Canal+. Quant à M6, elle a devancé la chaîne cryptée lors du
23e Mipcom en signant un chèque de 1.2 million d’euros pour les droits de la première saison de Californication. Une somme jugée excessive par l’intéressée : « Nous avons été déçus (...) mais on va pas en mourir. (...) Le ton de la série convenait bien à Canal, mais elle ne vaut pas le prix que M6 a déboursé ». À un tel coût, la chaîne privée espère atteindre la barre des 1.7 million de fidèles, audience moyenne de Sex and the city chaque vendredi.

PRESSE TV > Ce qu’ils en pensent  :

 Télé Cable Sat : « Duchovny se met à nu, au sens propre comme au figuré, dans une peinture au vitriol de la démesure humaine »
 Télé Star : « Le personnage principal, drôle et provocateur, et son interprétation par David Duchovny font toute la saveur de cette série »
 Télérama : « Californication imprime sa marque (...) dans la peinture assez touchante de la tristesse d’un homme qui refuse d’avouer son mal-être. Dans ce registre pourtant rebattu, David Duchovny (...) est très convaincant »
 Télé 7 Jours : « Chaud comme la braise, [David Duchovny] est l’atout de cette comédie moins osée que ne le promettait le titre »