Toutelatele

Stop aux Découverts > Maria Roche dévoile les secrets de l’émission

Emilie Lopez
Publié le 14/01/2008 à 14:41 Mis à jour le 31/03/2011 à 18:07

Elle adore la télévision, et cela se voit ! Depuis 25 ans, Maria Roche produit nombre de programmes pour la télévision française, de France 2 à M6, en passant par les chaînes du câble et du satellite. Après avoir quitté Réservoir Prod, elle se lance, et inaugure Maria Roche Productions en janvier 2007. Depuis, M6 n’a de cesse de faire appel à elle. A l’occasion de la diffusion de Stop aux découverts, ce 14 janvier, puis d’Urgent : la vie en suspens le 23 du même mois, ses deux nouveaux programmes, Maria Roche a accepté de répondre aux questions de Toutelatele.com...

Emilie Lopez : Dans Stop aux découverts, des spécialistes de la finance viennent en aide à des familles proches de la faillite personnelle. Pensez-vous pouvoir apporter quelque chose aux téléspectateurs qui sont dans la même situation ?

Maria Roche : Oui, car même si chaque situation est différente, les solutions restent, dans le fond, les mêmes. Gilles Geffroy et Marie-Paule Dousset expliquent comment comprendre la situation, quelles démarches faire... Et si, lorsque nous les avons quittées, les deux familles n’étaient pas entièrement sorties de leur situation, ils avaient néanmoins les clés pour y arriver. A eux par la suite de s’en servir...

Emilie Lopez : Comment ces deux couples ont-ils, selon vous, vécu cette expérience ?

Maria Roche : Outre leurs problèmes d’argent, ces deux familles semblaient avoir honte de leur situation. Ils ne sortaient plus et restaient repliés sur eux-mêmes. Rencontrer des personnes venues pour les aiguiller, sans les juger, cela aide à regagner un peu de confiance et d’estime de soi. C’est en tout cas le sentiment que j’ai eu lorsque nous avions fini de tourner...

Emilie Lopez : Quelle différence y-a-t-il entre Stop aux découverts et Sans aucun doute, sur TF1 ?

Maria Roche : Sans aucun doute traite d’un problème d’un particulier, et l’équipe l’aide à le résoudre. Pour Stop aux découverts, même si nous nous focalisons, dans ces deux premiers épisodes, sur deux familles, nos deux spécialistes apportent leurs conseils, et expliquent une façon de faire qui peut s’appliquer à d’autres.

Emilie Lopez : Une autre de vos productions, Urgent : La vie en suspens, le 23 janvier sur M6, traite de malades dans l’attente d’une greffe d’organe, et dont “la vie ne tient qu’à un fil“. Comment vous est venue l’idée de ce sujet ?

Maria Roche : C’est assez drôle, car j’avais eu l’idée, et M6 m’a proposé en même temps de faire un reportage sur les greffes. J’ai donc demandé à mon cousin, qui est chirurgien dans un grand hôpital de Lyon, de me donner un coup de main. Il a réuni tous les grands pontes des hôpitaux de la région, et ils nous ont ouvert leurs portes.

Emilie Lopez : Pour quelles raisons ont-ils accepté un tel sujet ?

Maria Roche : Selon les statistiques, il semble que suite à chaque émission traitant des greffes, une augmentation des dons et des demandes de carte de donneur se fait sentir. C’est pour cela qu’ils ont accepté de nous laisser travailler à leur côté. Cela ne pouvait qu’être bénéfique...


Emilie Lopez : Le choix de ce sujet a-t-il un rapport avec le décès de Grégory Lemarchal, faute de greffe ?

Maria Roche : Lorsqu’il est décédé, nous étions déjà en plein tournage, et ce depuis février. Je dois avouer que, compte tenu de mon âge, je ne le connaissais même pas ! Je n’ai entendu parler de lui, malheureusement, que lorsque nous avons appris son décès.

Emilie Lopez : Le 17 janvier, France 2 propose un documentaire intitulé A cœur battant, traitant exactement du même thème que Urgent..., à savoir des malades dans l’attente d’une greffe. N’êtes-vous pas trop déçue de vous être « fait couper l’herbe sous le pied » ?

Maria Roche : Je viens de l’apprendre ! Mais cela ne me dérange pas. Plus il y aura d’émissions sur ce sujet, plus les gens ouvriront les yeux sur la nécessité de donner leurs organes, et sur l’urgence de la situation.

Emilie Lopez : France 5 traite de la mort dans son nouveau magazine Au-delà, présenté par Sophie Davant. Avec Urgent : La vie en suspens, vous vous penchez sur la maladie et le don d’organe. Y a-t-il selon vous encore des sujets dont on ne pourrait traiter à la télévision ?

Maria Roche : Pour ma part, il n’y a pas de sujet tabou du moment que les reportages sont faits de la bonne façon. Je lis beaucoup d’articles de journalistes nous taxant de voyeurisme. Je ne vois pas où est le problème que de filmer des inconnus, au contraire ! Certaines personnalités, les Delon & Co passent leur temps sur les plateaux télé. Moi, je préfère largement écouter la vie de la bouchère au coin de ma rue !

Emilie Lopez : Vous avez quitté Réservoir Prod en juillet 2006, et avez créé votre propre société de production. Comment vous êtes-vous décidée à vous lancer dans le grand bain ?

Maria Roche : Les circonstances m’y ont, en quelque sorte, poussée, puisque Reservoir Prod se délestait d’un bon nombre de ses cadres. C’était donc le bon moment pour tenter l’expérience. Je n’avais pas forcément pensé à ouvrir tout de suite ma propre boite de production, car j’avais quelques appréhensions. Moi mon métier, c’est de produire, et j’avais peur de ne pas pouvoir gérer tout le côté administratif. Je ne me sentais pas préparée à ça. Je me suis entourée d’une superbe équipe, et pour le moment tout va pour le mieux !

Emilie Lopez : Créer sa propre boite de production dans un milieu aussi fermé que celui de la télévision est quelque chose de très risqué. N’avez-vous jamais eu peur de ne pas réussir à vous imposer ?

Maria Roche : Dans la mesure où cela fait 25 ans que je baigne dans ce milieu, les gens me connaissent, donc ils me prennent sans problème au téléphone. On fait plus facilement appel à moi puisque l’on connaît déjà mon travail. Bien sûr c’est un plus non négligeable. Mais d’un autre côté, j’essaye de ne pas être trop optimiste. Je sais pertinemment que si ça ne marche pas, ce n’est pas la fin du monde, je trouverai autre chose.


Emilie Lopez : Venir de Réservoir Prod, créer sa propre entreprise, et « empiéter », en quelque sorte, sur le territoire de votre ancien employeur, qui est devenu votre concurrent, n’était-ce pas un peu risqué ?

Maria Roche : Pas du tout, car Réservoir Prod, d’après ce que j’ai pu voir, tend à se focaliser sur d’autres choses, à se centrer plus sur ses programmes phares, tels que Ca se discute. Nous ne sommes donc plus vraiment sur le même terrain. Et je ne pense pas qu’à la télévision nous puissions empiéter les uns sur les autres, il y a tellement de choses à faire, de thèmes à traiter, et de façon de les traiter... C’est une source inépuisable !

Emilie Lopez : Vous avez déjà produit pour M6 deux documentaires, Sept ans de mariage et Mon beau-père, ma demi-sœur et moi. Ce dernier n’a pas obtenu le succès escompté auprès du public. Pour quelles raisons, selon vous ?

Maria Roche : Avec Mon beau-père, ma demi-sœur et moi, nous avons fait moins que prévu. A mon avis, cela est en grande partie dû au jour de diffusion, où la concurrence était accrue, puisque nous nous sommes retrouvés, si je me souviens bien, face à une soirée Les Experts, avec 5 épisodes, dont 3 inédits ; et sur France 3, c’était l’anniversaire des Racines et des Ailes. Forcément, nous arrivions avec notre documentaire, on a eu du mal. Même si, au final, le résultat n’était pas si catastrophique que ça...

Emilie Lopez : Beaucoup critiquent la qualité de certains programmes de la télévision. Pensez-vous également que le petit écran tend à la médiocrité ?

Maria Roche : Je trouve ça ahurissant d’entendre un directeur de chaîne dire « Moi, je ne regarde pas la télévision » ! Tout est intéressant à la télévision ! D’ailleurs, il y a quelques années, je m’étais amusée à tourner un documentaire où j’interviewais des intellectuels fan de télé. Il y avait Chabrol, qui me disait être un inconditionnel du Juste Prix, allant jusqu’à faire des pauses sur les tournages pour le regarder ! Bernard Henri Levy, ma également fait une apologie de Dallas, avec des grands mots ! Au final, c’était assez amusant de voir que l’on peut être intelligent et aimer la télé.

Emilie Lopez : Souhaitez-vous vous lancer dans la production d’autres genres tels que la fiction ?

Maria Roche : J’adorerais ça ! J’avais d’ailleurs écrit une fiction lorsque je travaillais chez Capa. Mais j’ai encore le temps de voir venir, cela ne fait qu’une année que Maria Roche Production existe, et je ne sais pas de quoi demain sera fait.

Emilie Lopez : Entre Bibiane Godfroid, Alexia Laroche-Joubert, Angela Lorente, etc, de plus en plus de femmes occupent des postes importants sur les chaînes hertziennes. Pensez-vous qu’une femme serait-elle plus à même de savoir ce qui peut plaire à la fameuse « ménagère de moins de 50 ans » ?

Maria Roche : C’est une question que je ne me pose pas, car quand je travaille, je ne suis pas une femme, un homme ou quoi que ce soit. Je suis simplement une productrice, faisant des programmes qui pourraient intéresser les gens...