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Top Chef 2011 > Stéphanie Le Quellec revient sur sa victoire

Claire Varin
Publié le 05/04/2011 à 17:44

Le 4 avril, Stéphanie Le Quellec triomphait de Fanny Rey devant plus de quatre millions de Français en décrochant le titre tant convoité de top Chef 2011. La jeune maman de 28 ans succède ainsi à Romain Tischenko qu’elle affrontera au cours du « Choc des Champions ». Habituée des concours, Stéphanie revient sur son parcours au sein de l’émission à succès de M6.

Claire Varin : Qu’avez-vous ressenti au moment de l’annonce de votre victoire ?

Stéphanie Le Quellec : Un grand bonheur et un grand soulagement. Je me suis sentie libérée, après avoir traversé tant de choses durant cette aventure. Je me suis beaucoup battue alors que ça se solde par une victoire, c’est que du bon.

Au moment où Fanny remporte les 5 voix des chefs, est-ce psychologiquement difficile pour vous ?

Je me dis que cela n’a pas dû se jouer à grand-chose, car ils ont quand même été enthousiastes sur mon menu, avec un bémol sur mon poisson c’est vrai... Ça s’est certainement joué sur le plat et un peu le dessert. À ce moment-là, je me dis que s’ils votent pour elle, c’est qu’elle le mérite. Si Fanny doit prendre les votes du public derrière, je suis quand même contente pour elle. De mon côté, je suis contente de ce que j’ai envoyé hier donc à partir de là je n’avais pas trop de regret.

Diriez-vous que Fanny était l’adversaire idéale ?

Oui, j’étais très contente et très fière de me retrouver contre Fanny sur ce duel final.

Comment avez-vous vécu l’ambiance de ce direct ?

On est tellement pris dans notre cuisine et dans le tourbillon de l’épreuve qu’il n’y a finalement pas eu trop de stress. Le matin, en arrivant, il a fallu lancer le banquet. Cela représente dix heures de cuisine. Ensuite, tout s’est enchainé très vite. On est arrivé sur le plateau et puis boom, le direct a été lancé avec le début des épreuves. Les épreuves se finissent et je suis qualifiée. Je repars en cuisine. Donc finalement je ne me rends pas trop compte de tout ce qu’il se passe autour.

La présence de vos proches n’était-elle pas trop déstabilisante ?

Non au contraire, le fait d’avoir mon mari sur le plateau m’a porté. Les échanges de regards que l’on a en début et en fin m’ont aidé. Ensuite, à partir du moment où le chrono part, je rentre dans mon truc alors je ne regarde plus personne. C’est plutôt positif. À la fin, au moment de tirer le couteau, je lui tiens la main. Après peu importe l’issue, il est là pour partager ma joie ou pour m’épauler en cas de déception.


Les chefs vous ont parfois reproché d’être un peu trop scolaire. Quel regard portez-vous sur votre parcours ?

Je suis satisfaite de mon parcours. Mon côté trop scolaire a été un peu le cas sur Top Chef, mais je pense avoir réussi à me servir de leurs critiques de manière constructive pour avancer et changer à ce niveau là. Je pense qu’au jour d’aujourd’hui, ils ne peuvent plus trop me le reprocher. D’ailleurs, ils l’ont souligné hier en me disant « Vous vous êtes lâchée aujourd’hui ». J’en suis plutôt contente et fière. Mais, on a le style qu’on a. Je ne serais jamais Pierre-Sang ou Ronan. La cuisine répond à des personnalités. La mienne est un peu plus réservée, un peu plus sage que certains autres, je l’assume.

En dehors de votre victoire, quel est le moment le plus fort dans votre parcours ?

Pour moi, c’est l’aventure humaine. J’ai rencontré des gens formidables sur Top Chef avec qui j’ai gardé des contacts et des liens assez forts. On a tous été immergés là-dedans, on s’est tous donné et battu autour de la même passion. Il y a bien sûr des affinités avec certains plus qu’avec d’autres, mais ça, c’est la vie. Ronan, David, Paul Arthur, Fanny et Ludovic sont des personnes avec qui je m’entends très bien et avec qui je pourrais travailler. Après je garderais de très bons souvenirs sur certaines épreuves : la finale hier, c’était magique ; l’épreuve dans le château d’Yves Lecoq. Ce sont des choses que je ne referai peut-être jamais dans ma vie.

Quel est le plat dont vous êtes le plus fière ?

Les plus réussis sont souvent ceux sortis sur les épreuves de la dernière chance comme le carpaccio de truite saumonée ou le saumon que j’ai cuisiné en demi-finale. Je pense aussi à un pot au feu que j’avais fait avec Pierre Sang sur une des premières émissions.

Les autres candidats ont été nombreux à voter pour vous lors de cette finale. Pensez que l’aspect humain a eu une incidence sur leurs votes ?

Je pense qu’ils ont été honnêtes, sérieux et objectifs dans leur jugement, même si moralement, beaucoup d’entre eux me soutenaient. Parce qu’on s’entend bien et qu’ils croyaient en moi. J’en ai parlé un petit peu avec Paul-Arthur, Ronan et David après l’émission et ils m’ont dit que très sincèrement ils avaient voté pour le meilleur menu à leur goût.

Vos enfants ont été votre moteur tout au long de l’aventure... Avez-vous eu peur de revenir sans gagner ?

Cela aurait été une grande déception. Partir six semaines sur le tournage de Top Chef représente des sacrifices. Ils en ont souffert aussi. Et puis, ils avaient placé beaucoup d’espoir en moi. Mon fils, je l’ai vu qu’hier soir après l’émission, mais quand il a vu que les cinq chefs votaient pour Fanny, il était en pleurs. Dans sa tête, tout s’écroulait. J’allais perdre... C’était donc bien de gagner, autrement je pense que ça lui aurait fait du mal. C’est important pour moi de remplir ma part du contrat. Je commence quelque chose, je le finis. Donc déjà personnellement, je ne me suis pas trahie moi-même et j’ai fait honneur à mes proches, à ma famille, à mon mari, à mes enfants et à tous ceux qui étaient derrière moi.


Au cours de l’émission, Fanny a dit « Je suis une femme mais j’ai la même culotte qu’un bonhomme ». Pourriez-vous dire la même chose ?

Je ne me reconnais pas du tout dans les propos de Fanny. Je n’aime pas trop la guerre des sexes en cuisine. Avant tout, il y a des cuisiniers. Peu importe qu’on soit une femme ou un homme, c’est notre personnalité qui parle dans l’assiette. Bien sûr, il y a du machisme dans le milieu, mais je me suis toujours battu, avec mes armes et c’était mon travail et ma passion et ça a toujours été reconnu. Et pour la finale, les gens n’ont pas voté pour l’assiette d’une fille, mais pour celle d’un cuisinier.

Quel projet souhaitez-vous monter avec votre mari ?

Le projet n’est pas très clair pour l’instant. Ce ne sont encore que les prémices. Avec cet apport financier, on passe de l’état de rêve à l’état de projet. Il va me falloir quelques semaines, quelques mois pour réfléchir à tout ça. Qu’est-ce que je fais ? Comment ? Avec mon mari ou pas ? Dans le sud ou pas ? Je ne veux pas faire n’importe quoi et prendre le temps de réfléchir. Je suis chef dans un restaurant, je travaille avec des gens très bien, et j’ai déjà de quoi m’exprimer actuellement.

Diriez-vous que l’expérience Top Chef vous a changé ?

Oui, bien sûr. Je me suis découvert des possibilités, j’ai repoussé mes limites. J’ai affiné mon style de cuisine. Ça été une super aventure. Et puis la médiatisation, ça change une vie.

Etes-vous prête à affronter Romain Tischenko pour Top Chef : le choc des champions ?

Je suis prête ! J’ai même hâte d’affronter Romain ! Ça va être très plaisant, sur le ton bon enfant, sans pression et pour se faire plaisir. On a deux cuisines et deux personnalités très différentes. Cela va beaucoup m’amuser et m’exciter de relever le défi. J’avais suivi son parcours. Ce sera un peu comme entre Pierre Sang et moi ou entre Ronan et moi, la technique contre la créativité.