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Vincent Broussard, DGA antenne et programmes de TMC : « Nous allons laisser le temps à Julien Courbet de s’installer »

Robin Girard-Kromas
Publié le 24/06/2013 à 18:28 Mis à jour le 03/07/2013 à 16:33

Série Club, Téva, TF6, France 4 et aujourd’hui TMC et NT1 : Vincent Broussard connait bien le petit écran et souhaite donner une nouvelle impulsion au canal 10 de la TNT un an après son arrivée. Leader cette saison avec 3.5% de part de marché, la chaîne TMC ne compte pas se reposer sur ses lauriers et mise sur Julien Courbet pour continuer à dominer à la rentrée. Bilan de la saison et retour sur les enjeux de la rentrée, Vincent Broussard s’est confié à Toutelatélé. Entretien.

Robin Girard-Kromas : Cette saison, TMC confirme son statut de leader de la TNT. Quel bilan dressez-vous aujourd’hui ?

Vincent Broussard : On est très satisfaits des résultats. Cette saison a été difficile, car la concurrence est de plus en plus importante. On a bien tenu notre rang et nous sommes toujours la 5e chaîne nationale.

Pour autant, TMC a été battue le temps d’une semaine par D8...

Le groupe Canal + a des ambitions pour D8, mais le groupe TF1 en a également pour TMC. D’autant qu’on ne parle ici que d’une semaine, TMC a été leader le reste du temps depuis le début de l’année. Il y a une différence notable entre un phénomène épisodique et le fait d’être numéro 1 plus de vingt semaines depuis janvier, voire depuis plusieurs années.

« Le groupe Canal + a des ambitions pour D8, mais le groupe TF1 en a également pour TMC »

La chaîne draine un public assez âgé, terminant plusieurs fois derrière NRJ12 ou W9 chez les ménagères de moins de 50 ans. N’est-ce pas un problème pour une chaîne commerciale ?

On travaille de manière globale. Nous sommes très challengés sur ces cibles là, mais nous ne cherchons pas nécessairement à rajeunir notre audience, nous voulons être fidèles à la politique de la chaîne : être extrêmement fédérateur et parler à tous les publics. Nos ambitions en matière de programmes vont dans ce sens-là. Après, on trouvera toujours une cible sur laquelle une autre chaîne est meilleure un mois précis. Mais ce qui nous intéresse, c’est la globalité.

La fiction est un vrai investissement pour TMC avec deux séries originales. Est-ce un motif de fierté pour la chaîne ?

Les séries de TMC Les Mystères de l’amour et Sous le Soleil de Saint-Tropez font la spécificité de la chaine, car nous sommes les seuls à produire de la fiction inédite longue sur la TNT sur un format d’une heure en hebdomadaire. Et il y a une belle reconnaissance de la part du public : les deux séries fonctionnent très bien sur tous les écrans

Êtes-vous satisfait des résultats de Sous le soleil de Saint-Tropez ?

TMC s’est classée 4e chaîne auprès des femmes responsables des achats avec jusqu’à 7.5% de part de marché, donc c’est un très beau succès. Nous travaillons avec les équipes de Marathon sur l’écriture d’une nouvelle saison. Nous souhaitons que Sous le soleil de Saint-Tropez se poursuive, même si nous devons encore discuter du timing. Nous avons renoué avec une marque qui était très attendue par le public tout en proposant une nouvelle édition très moderne et de très bonne facture.

Les Mystères de l’amour a été transféré le dimanche soir. Comptez-vous poursuivre l’aventure l’année prochaine ?

Nous diffusons actuellement la quatrième saison, le dernier épisode est prévu fin juin, et nous avons encore battu des records cette année. Nous avons décidé d’accélérer le rythme de production et nous avons déjà entamé le tournage de nouveaux épisodes de la prochaine saison. Le but est de pouvoir proposer tout au long de l’année, sans discontinuité, les épisodes inédits comme nous l’avons fait cette année avec les saisons 3 et 4.

Avez-vous d’autres projets de fiction dans les cartons ?

Nos deux premières séries nous donnent une certaine légitimité, car nous avons inauguré cette politique de fiction ambitieuse. C’est un vrai territoire TMC où les autres ne vont pas. On le voit notamment au niveau des producteurs, chez qui cela créé une réelle envie de travailler avec nous. C’est assez inédit pour une chaîne TNT. Après, nous sommes déjà très heureux de pouvoir proposer deux séries inédites nous verrons en temps voulu si nous pouvons faire une place à une troisième série.

« 2 heures de fiction par semaine, c’est un gros effort »

Après le daytime, TMC compte-t-elle investir le prime time avec de la fiction ou cela reste-t-il un domaine réservé à TF1 ?

Je ne pense pas que ce soit uniquement du domaine de TF1, car il n’y a pas de territoires réservés. Je nous souhaite de pouvoir le faire, ce sera peut-être la prochaine étape. Mais pas pour tout de suite. Quand on est dans un rythme de deux heures de fictions fraîches par semaine, c’est déjà un très gros effort. Cette récurrence-là, il faut la stabiliser. Et puis c’est aussi une question d’opportunité. Mais il est vrai que beaucoup de producteurs peuvent désormais nous proposer des choses dans des économies raisonnables pour une chaîne TNT.

TMC dispose d’assez peu de franchises françaises issues du catalogue de TF1 quand ses concurrentes (NRJ12 un temps, D8 aujourd’hui) en profitent pour réaliser de très beaux succès en daytime. N’est-ce pas un peu frustrant ?

Nous avons été les premiers à proposer une deuxième vie à une fiction et depuis, en effet, nous avons inspiré quelques concurrents. Beaucoup de séries ont été produites pour le Groupe TF1 depuis des années, car la fiction française a toujours fait partie de son ADN. Ce n’est pas un hasard que TMC propose aujourd’hui deux séries inédites. Après, nous sommes régulièrement confrontés au fait de garder telle ou telle franchise dans le groupe. Il y a des choix éditoriaux à faire et il nous arrive de laisser partir de grandes marques. En terme de volume, nous ne pouvons pas tout diffuser. Cette année, nous proposons déjà Une femme d’honneur et Une famille formidable sur TMC avec un grand succès.

Partie 2 > L’arrivée de Julien Courbet


Vous avez diffusé Downton Abbey en prime time avec un certain succès. Prévoyez-vous de proposer de nouvelles séries étrangères inédites dans ce créneau ?

Je ne suis pas dans une course à l’inédit pour l’inédit. Il y a de très mauvaises séries inédites ! On sait que la TNT a bâti son succès sur des marques très fortes et récurrentes, peu ont émergé d’elles-mêmes depuis la création de ces chaînes. Je suis très fier de pouvoir proposé aujourd’hui New York Section Criminelle ou New York Police Judiciaire qui sont de très belles séries. Bien sûr, on a aussi besoin d’évenementialiser l’antenne en cassant un peu la grille des programmes comme on l’a fait avec Downton Abbey. Dans ce cas précis, c’est vraiment une série de première catégorie. On travaille avec le service des acquisitions de TF1 pour avoir des fictions spécifiques à TMC. Il y a en aura probablement la saison prochaine, mais toujours avec parcimonie.

Les séries vont disparaître de l’access de TMC pour faire de la place à Julien Courbet. Pourquoi avoir pris cette décision aujourd’hui ?

Les grilles de programmes doivent se construire progressivement, cela ne se fait pas en deux ou trois ans, mais parfois sur une dizaine d’années. Il y a un temps pour tout, et je pense qu’on est aujourd’hui dans le bon timing. Premièrement, car c’est une question de statut. Pour la 5e chaine nationale, il est important d’avoir une vitrine des valeurs de la chaîne. Puis, en termes d’identité, une émission de plateau comme celle de Julien Courbet est extrêmement identitaire. Longtemps, les chaînes TNT se sont appuyées sur des socles de fictions avec du cinéma et des séries, mais on sait qu’un certain nombre de ces programmes ne sont pas assez identitaires. Il y a donc nécessité de créer des aspérités dans la grille, comme peuvent l’être Les Mystères de l’amour en matière de fiction.

« Sans aucun doute ne sera pas le même programme que sur TF1 »

À la rentrée, Julien Courbet reprendra le format hebdomadaire Sans aucun doute. Ne craignez-vous pas une certaine lassitude du public en le proposant quotidiennement ?

Il était important de partir sur un repère comme Sans Aucun Doute. Mais il y a la marque, et ce qu’on va faire avec. Entre ce qu’on connait de Sans Aucun Doute et ce que nous allons proposer, il s’est passé plusieurs années. Les codes ont évolué : l’identité visuelle sera repensée, l’équipe renouvelée, et les cas auront changé comme la société. L’ADN de l’émission d’origine sera là, mais le tout sera modernisé. Ce ne sera pas le même programme que celui que diffusait TF1 il y a sept ans. On aurait même pu l’appeler différemment, mais pourquoi se priver d’une si belle marque ?

Ne craignez-vous pas la concurrence de nombreuses émissions de plateau à la rentrée, de France 2 à Canal +, en passant par D8 et France 5...

Quand on diffuse une série, on a la même concurrence ! On a l’ambition de partir sur quelque chose de très différent avec Julien Courbet. On n’est pas dans une émission d’humeur, ou un programme qui parle d’actualité, de pop culture ou de médias. Ici, on rend service aux téléspectateurs en réglant des situations problématiques du quotidien. On est dans un programme de consommation très concernant où l’entraide et la générosité sont mises en valeur. On est foncièrement différent de toutes les émissions précitées, le seul point commun, c’est d’être en plateau ! Autant on peut voir beaucoup de ressemblances entre nos concurrents, qu’ils aient l’alibi de parler média ou actualité, autant Julien Courbet va proposer quelque chose de tout à fait différent. On a pris le contrepied et on est dans quelque chose qu’on ne voit pas du tout à 19 heures aujourd’hui.

« Nous allons laisser le temps à Julien Courbet de s’installer »

En plus de l’édition mensuelle de Sans aucun doute, prévoyez-vous de faire appel à Julien Courbet pour d’autres programmes ?

Non, Sans aucun doute, c’est déjà beaucoup. Il y aura une édition mensuelle et la quotidienne, c’est un programme très ambitieux. On est ravis d’avoir Julien parmi nous, mais il faut déjà qu’on réussisse ensemble ce beau challenge. Pour l’instant, on se concentre sur ça.

Walker Texas Ranger séduisait chaque jour près de 600 000 téléspectateurs en access. Quels sont les objectifs d’audience pour Julien Courbet ?

On a des discussions en interne, mais on ne souhaite pas communiquer dessus aujourd’hui. On a clairement des ambitions sur ce programme. Les séries fonctionnaient bien dans le créneau et on va laisser le temps à Julien de s’installer et de peaufiner la formule. Nous sommes très confiants, car c’est un projet qu’on mûrit depuis plusieurs mois. Il est vraiment en phase avec TMC aujourd’hui.

Partie 3 > Les arrêts d’émissions, Dechavanne, Star Academy et les projets


Côté magazines, cette saison a été marquée par la reprise de marques de TF1 comme Les 30 histoires ou Les 100 Plus Grands. Ces émissions seront-elles de retour l’an prochain ?

On en discute avec Endemol, ce sont des émissions qu’on a fortement revues dans le contenu par rapport aux versions de TF1. La marque est restée, mais on a retravaillé avec les équipes sur les concepts et les animateurs. Ce sont des programmes qui nous donnent satisfaction et nous permettent aussi d‘asseoir notre politique de divertissement du mercredi soir. Nous sommes les seuls sur le marché à proposer ainsi une case récurrente dédiée au divertissement toutes les semaines. On y retrouve ces émissions, mais aussi des rendez-vous événementiels comme le théâtre en direct ou un portrait inédit de Céline Dion sous la marque « Il était une fois » . C’est une offre unique.

Certains programmes n’ont toutefois pas rencontré le même succès cette saison, comme C’est grave docteur ou Ça nous ressemble. Qu’advient-il de ces émissions ?

C’est la vie d’une chaîne de télévision d’innover, de lancer des choses et que tout ne fonctionne pas. Nous avons arrêté la production de Ça nous ressemble. Elle n’a pas vraiment trouvé son public. Sur C’est grave docteur, de la même manière, le public n’a pas totalement adhéré. On a essayé mais cela n’a pas fonctionné. Il faut dire que sur TMC, nous avons de fortes exigences en matière de magazine, car le niveau est très haut, notamment le mardi avec 90’ Enquêtes et son million de fidèles. Après, cela faisait une petite année que la marque « Il était une fois » était absente de l’antenne, on l’a relancée et on a eu deux beaux succès cette année.

Suspect N°1 , le magazine de Jacques Legros, a été relégué en seconde partie de soirée. Cela signifie-t-il l’arrêt de l’émission ?

Le programme est toujours à l’antenne, le changement d’horaire était plus une question d’adéquation de notre grille. Les résultats n’étaient pas suffisants en première partie de soirée, mais Jacques Legros trouve parfaitement son public le vendredi après Hercule Poirot. Pour la saison prochaine, on est encore en train d’en discuter.

W9 s’apprête à lancer un nouveau jeu, dont les enregistrements débutent le 2 juillet prochain. TMC avait déjà proposé Le mur infernal de Laurence Boccolini. Ce type de programme est-il aujourd’hui abandonné par la chaîne ?

Nous n’excluons aucun genre. L’aventure tentée par la chaîne à l’époque était assez gonflée, c’était un joli pari. Il n’y a pas de projet immédiat dans les cartons, mais pourquoi pas. Après, on essaye d’être en complémentarité avec les antennes du Groupe et TF1 propose déjà les Rolls en matière de jeux. On ne va donc pas lancer un jeu dans ce type de créneaux horaires.

« Il n’y a pas de projet immédiat avec Christophe Dechavanne »

Christophe Dechavanne est apparu épisodiquement sur l’antenne de TMC la saison dernière. Avez-vous d’autres projets avec lui ?

On a fait deux ou trois spéciales avec lui cette année, on était heureux de l’avoir à l’antenne. Il n’y a pas eu de récurrence cette saison, mais on est en contact avec lui aussi bien en tant qu’animateur que producteur. Il n’y a pas de projet immédiat dans le cadre d’une animation.

La grossesse de Carole Rousseau va-t-elle perturber l’émission 90’ Enquêtes ?

Non, car nous avons été prévoyants en enregistrant des numéros en amont. Elle ne quittera donc pas la présentation de 90’ Enquêtes.

Endemol assure discuter avec plusieurs chaînes quant au retour de la Star Academy. TMC et NT1 font-elles partie du lot ?

Nous ne sommes pas intéressés. Nous savons que l’émission cherche un diffuseur, mais nous n’avons pas entamé de discussions en particulier avec Endemol. Nous travaillons déjà sur les chantiers en cours, en particulier l’access de TMC, un enjeu très important pour nous. Star Academy est une émission lourde à monter. Ce n’est pas d’actualité.

En décembre dernier, le groupe TF1 a lancé HD1. Depuis, la chaîne a proposé Downton Abbey et connu son plus grand succès avec Gladiator, deux programmes déjà multi-diffusés sur TMC. Comment gérez-vous l’arrivée de la petite dernière ?

En se parlant ! À partir du moment où nous sommes une famille de chaînes, où chacune a son identité et son positionnement, il est normal qu’il y ait des genres communs. C’est à nous de le gérer et cela se fait naturellement avec les équipes de HD1, il y a de la place pour tous, l’important c’est que toutes les chaînes soient fortes ensemble. Aujourd’hui, la montée en puissance de HD1 n’a pas enlevé des points à TMC ou NT1 ces derniers mois. Ce sont des chaînes complémentaires.